Sweet Tooth saison 2 : critique pas si douce sur Netflix

Chloé Chahnamian | 27 avril 2023 - MAJ : 27/04/2023 13:30
Chloé Chahnamian | 27 avril 2023 - MAJ : 27/04/2023 13:30

Deux ans après une première saison qui n'a pas fait grand bruit, Sweet Tooth, la série de science-fiction familiale de Netflix développée par Jim Mickle, est de retour. Si la saison 1 douce-amère de Sweet Tooth n'a pas réussi à nous convaincre complètement, car bien trop éloignée de son matériau d'origine, le comics triste et brutal de Jeff Lemire, on pouvait s'attendre à ce que la saison 2 change de ton et nous embarque un peu plus dans l'univers post-apocalyptique peuplé d'hybrides mi-humains mi-animaux et terrassé par des hommes avides de pouvoir. Après une première saison mollassonne, Sweet Tooth semble enfin s'emparer de ses thématiques.

Fin du road trip, tout le monde descend

Après avoir suivi pendant toute une saison Gus, l’hybride mi-humain mi-cerf incarné par le jeune acteur à la bouille d'ange Christian Convery, et Jepp, son accompagnateur bourru joué par Nonso Anozie, à travers les décors désertiques des États-Unis, le voyage un peu redondant a enfin pris fin. Le duo séparé, Jepperd tente par tous les moyens de retrouver Gus, désormais prisonnier des Derniers Hommes et de son leader sadique, le général Abbot, avec d’autres hybrides (encore plus adorables que lui).

Suite à une première saison imparfaite, mignonne, mais sans enjeux, il est temps de creuser un peu plus, d'aller gratter un peu le vernis bien lisse des premiers épisodes et de dévoiler de vrais enjeux. Alors que la première saison, bien édulcorée par rapport à l'œuvre originale, a été une déception pour les lecteurs des comics, la deuxième saison apporte un peu plus de noirceur. Maintenant que le voyage a pris fin et que Gus et Jepp ont pris le temps de se connaitre, les personnages vont faire face à la dureté de ce nouveau monde.

 

Sweet Tooth : Photo Naledi Murray, Christian ConveryWendy et ses enfants perdus

 

Le zoo, refuge des innocents hybrides sans défense, va devenir leur prison et le général Abbot leur maton. Si l'évasion des enfants est une question de vie ou de mort, d'autres enjeux viennent assombrir cette deuxième saison, comme la découverte du remède contre le virus qui décime les humains.

La violence règne, le virus est plus mortel que jamais, et des personnages révèlent leur vraie nature, comme le gentil docteur Aditya Singh, de plus en plus perfide alors qu’il est sur le point de trouver une solution au grand mal de l'humanité. Même si Sweet Tooth reste une œuvre familiale pensée et conçue pour plaire au plus grand nombre, le conte de fées se transforme enfin en un mauvais rêve.

 

Sweet Tooth : Photo Christian ConveryLe face-off de l'année

 

Raison, déraison, et sentiments

Les questions de morale soulevées par la première saison sont encore plus poussées dans cette suite, notamment grâce au personnage du docteur Singh, un protagoniste complexe, tiraillé entre son éthique, professionnelle et individuelle, et son désir de trouver le remède qui sauvera l’humanité, mais surtout sa femme malade. Cette dernière, Rani Singh, s'éloigne petit à petit de lui quand elle comprend les sacrifices qui devront être faits pour la sauver.

Sweet Tooth aborde des sujets intéressants, et parfois glaçants, qui viennent interroger le spectateur. Une vie est-elle plus importante qu’une autre ? Faut-il sacrifier les hybrides pour sauver les humains ? Même si l’on se range logiquement du côté des "gentils", les hybrides et ceux qui considèrent que leur vie est aussi importante que la leur, d’autres points de vue existent et les personnages rangés dans la case des "méchants" permettent de complexifier un peu le récit parfois trop manichéen logiquement accolé à une œuvre destinée à un jeune public.

 

Sweet Tooth : Photo Christian ConveryA priori, le front ça va

 

Ces questionnements assez profonds et ces enjeux sérieux permettent enfin à Sweet Tooth de faire parvenir à son spectateur de l’émotion, grande absente de première saison. Il aura fallu que la vie des personnages soit réellement menacée pour qu’enfin la série arrive à nous tirer une larmichette. L'embrassement de cette dimension émotionnelle est notamment rendu possible grâce au personnage d'Aimee Eden, mère de substitution des hybrides, et figure tragique de ces nouveaux épisodes.

 

Sweet Tooth : Photo Nonso Anozie, Dania RamirezPapa et Maman Ours

 

Gus et ses 30 millions d'amis 

Si les (trop) nombreux personnages présentés dans la première saison de Sweet Tooth se retrouvent enfin liés dans cette deuxième salve d'épisodes, l’abondance d’intrigues n’en est pas amoindrie. Même si le docteur Singh trouve Gus et qu’Aimee et Jepp œuvrent désormais à deux, on a le droit à tellement d’intrigues, de différents lieux et de personnages, qu’on en vient à perdre de vue le cœur du récit.

Aucune intrigue ne prend le dessus et le montage nous noie complètement sous une avalanche de personnages et de différentes temporalités. Au lieu de consacrer un épisode par groupe de personnages, ou au moins la moitié d’un, la série fait d'innombrables allers-retours, de quelques petites minutes parfois, entre les différents groupes. Malgré un léger changement de ton, la réalisation reste encore bien classique et la voix-off du narrateur est toujours aussi oubliable.

 

Sweet Tooth : Photo Stefania LaVie OwenInutilement là

 

On peut sentir tout le potentiel inexploité de l'univers de Sweet Tooth à travers les nombreux flashbacks qui ponctuent le récit. Mais le risque quand on creuse la mythologie d'un univers et qu'on explore le passé, c'est de désintéresser le spectateur du présent. Comme Gus et le docteur Singh, on veut connaitre les origines du virus et le rôle du personnage de Birdie, la créatrice de Gus.

Face à des protagonistes comme Ours alias Becky, personnage beaucoup trop et inutilement présent à qui on offre une intrigue très secondaire le temps de l'emprisonnement de Gus, le passé intrigue beaucoup plus que le temps présent.

La saison 2 de Sweet Tooth est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 27 avril 2023.

 

Sweet Tooth : affiche

Résumé

Même si cette saison 2 est plus tendue et émouvante que la première, Sweet Tooth reste encore bien sage comparée à la richesse de son univers et ne fait que survoler ses thèmes.

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Lecteurs

(2.2)

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commentaires
Oui oui baguette
01/05/2023 à 22:30

Attention, mon avis comporte des spoilers et je sais que la série est tirée d'un comic, mais je me permets toute de même quelques critiques !

N'étant pas du tout adepte des séries d'apocalypse, en particulier virologique, j'ai cependant accroché avec Sweet Tooth ! C'est une série ayant un univers unique et il n'y a pas que du mauvais dedans mais bel et bien un équilibre entre l'ombre et la lumière. Ce n'est clairement pas un de ces films de pandémie où il faut se contenter de survivre avec quelques amourettes et compagnons pour trouver l'origine du pb un point c'est tout.

Toutefois, la saison 2 m'a quelque peu déçue. Autant nous savons enfin l'origine de la propagation du virus, autant l'intrigue, comme je le craignais, à traîner sur la libération de Gus et de ses amis. Littéralement 6 épisodes pour les sortir de là et 2 seulement pour "tuer tous les méchants". Alors qu'en deux épisodes il auraient pu être sauvés. Pour qu'au final les Dernier Homme ne soient pas les boss finaux mais qu'il y en ai encore d'autres (fatiguant)... Trop peu de temps d'écran pour Birdie qui a selon moi l'histoire la plus intéressante qui plus est. Sans oublier la séparation du couple Singh un peu clichée (oh tu es devenu fou mon amour, tu me perds à tout jamais et lui qui ne reviens pas à la raison pour autant).

J'attends vraiment de la saison 3 une découverte plus approfondie de la création de ce virus : le point de vue de l'explorateur et découvrir ce qu'il y a écrit sur son fichu journal. Les retrouvailles de Birdie et Gus mais surtout une rencontre entre elle et le docteur Singh. Trouver un moyen d'endiguer la pandémie et pourquoi pas connaître la situation des autres pays dans le monde hein et non pas que des Etats-Unis. Non parce qu'un moment donné il faut arrêter de croire qu'il n'y aura qu'eux qui survivront lors d'une apocalypse quoi. Et surtout que c'est pile en Alaska que la maladie est survenue (encore les US sérieux) alors que les poumons du monde sont en Amazonie (ça serait plus logique non ?). Il n'y a pas qu'un seul pays dans le monde que je saches ? Un peu de diversité svp !

Mise à part ça, j'ai beaucoup aimé la réunion entre Wendy et Becky (mais j'avoue avoir été dégoutée de la réaction de la petite qui n'en a rien eu à foutre sérieusement).

Cette série a du potentiel, ne nous décevez pas pour la suite par pitié.

PS : CETTE QUOI CETTE FIN POUR JOHNNY SERIEUSEMENT !!!!

Neji
27/04/2023 à 21:37

La première saison était sympathique et un personnage très attachant , on reste un peu sur sa fin à la vue d'un concept posé la et à peine exploiter.
Politiquement correct TChek.
Tout public Tcheck.
Aseptisé les œuvres originales Tcheck.
Je ne perdrai pas mon temps à risquer la deuxième saison

Comicsman
27/04/2023 à 18:17

@Anachronaute Comics est la contraction de comic strips, il y a toujours un s, on dit donc bien un comics ;)

Anachronaute
27/04/2023 à 15:38

"le comics triste et brutal"
Au singulier, "comic" ne prend pas de "s".
Un comic, des comics.
Un comic book, des comic books.

Non mais.

Cidjay
27/04/2023 à 13:23

Une production Netflix = aseptisation garantie.

Je me fais tout le temps (ou presque) le même constat avec les séries Netflix,
à force de vouloir plaire à tout le monde, les séries Netflix finissent par ne plus plaire à grand monde... souvent creuses, molles, allongées inutilement, leurs séries finissent par toutes se ressembler.

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