Trésors perdus : le Secret de Moctezuma - critique du Benjamin Gates de Disney+

benjamin se gâte

Scream, Massacre à la tronçonneuse, SOS Fantômes : L'Héritage, Jurassic World, Willow... le legacyquel, soit remettre au goût du jour des vieux univers ou franchises en laissant les anciens personnages passer le flambeau (plus ou moins) à une nouvelle génération, est devenue la mode hollywoodienne par excellence. Une manière de faire du neuf avec du vieux et de surfer sur le fan service pour espérer conquérir le public sans trop se creuser le cerveau.

Si certains ont plutôt réussi leur coup, à l'instar de Cobrai Kaï, Halloween ou même Blade Runner 2049, la plupart de ses suites-soft-reboot sont plus souvent de belles grosses arnaques compilant des caméos et easters-eggs totalement vains pour faire du fric. Et malheureusement, Trésors perdus : le Secret de Moctezuma fait plutôt partie de cette catégorie. Il est tout de même bon de préciser que Disney a eu l'honnêteté d'annoncer que Nicolas Cage ne serait pas de retour dans ce spin-off sériel. Et en effet, il ne revient pas en Benjamin Gates (ou alors au téléphone, sans qu'on ne puisse entendre sa voix). 

"Voici un indice avant que je meurs et touche mon beau cachet"

Un faux-suspense que Disney a évité avec intelligence avant la diffusion, mais qui n'enlève rien à la futilité de la démarche globale. Malgré tout, Trésors perdus ne peut pas s'empêcher de cumuler les clins d'oeil superficiels aux deux films de la franchise. Outre les références à Benjamin Gates ("l"homme qui a volé la Déclaration d'Independance"), les fans peuvent apercevoir les reliques des anciennes chasses au trésor (lunettes de Benjamin Franklin, pipe de la Charlotte, planche sculptée...) et surtout retrouver quelques personnages emblématiques.

Ainsi, la série s'ouvre quasiment sur la mort du fameux agent du FBI Peter Sadusky (Harvey Keitel, ravi de sortir de sa retraite) uniquement pour qu'il donne un indice à Jess (Lisette Olivera, pas si mal), la nouvelle héroïne, et la lance dans une chasse au trésor. Cette quête va alors lui permettre de rencontrer un autre agent du FBI connu des fans (l'agent Hendricks) et de faire équipe, le temps d'un épisode, avec Riley Poole, le bras droit-sidekick de Benjamin Gates. Autant dire que la série essaie sans relâche d'accrocher les spectateurs avec des éléments connus de la saga... sauf qu'elle ne réussit jamais à faire plus.

Hop, et un clin d'oeil au livre des secrets

aventuriers de l'âme perdue

Les legacyquels ont tendance à succomber à un rituel agaçant : les ados en montée de libido qui jouent comme des pieds. Trésors perdus ne déroge pas à la règle avec ses sous-intrigues sur les crushs des uns et des autres. Plus encore, les liens entre les ados y deviennent carrément le déclencheur d'une tension artificielle et de trahisons imaginaires. Des arcs narratifs exaspérants et auxquels on ne croit jamais puisqu'il est toujours sujet, au fond, de l'importance de l'amitié, de l'amour et de la famille.

Bien sûr, il était aussi question de famille dans la saga Benjamin Gates, mais le scénario s'appuyait dessus pour caractériser rapidement les relations-passifs entre les personnages pendant leur aventure. Une efficacité qui permettait aux Benjamin Gates d'être assez rythmés et de multiplier les lieux-péripéties à toute berzingue. Tout le contraire de Trésors perdus dont la chasse au trésor s'étale sur dix épisodes terriblement ennuyeux, jonglant entre des lieux sans âme (ce jet privé running gag, un bureau, une réception), des effets dignes d'une fête foraine bas de gamme (vrai malaise devant la brume de l'épisode final) et une Catherine Zeta-Jones en méchante sourire Colgate.

"T'as vu, on doit encore se tourner autour dans le prochain épisode" 

Le problème de la série est d'ailleurs assez simple à identifier : elle ne parvient jamais à faire oublier le fantôme de Nicolas Cage en Ben Gates. Indubitablement, l'acteur faisait en grande partie le charme de ce simili-Indiana Jones moderne, sa folie et son énergie éclipsant les énormités du scénario. Sans lui, Trésors perdus tombe donc dans la surenchère de blagues lourdingues, twists et cliffhangers pour tenter de garder éveiller les spectateurs encore présents, au point de sombrer dans l'abrutisme des ultimes saisons de Prison Break dans sa deuxième moitié. Entre les morts encore en vie, les flics sympas finalement méchants et l'évasion de prison rocambolesque (oui, ils ont osé), Trésors perdus atteint alors un niveau de nullité assez grandiose.

Et c'est dommage tant elle avait pourtant commencé avec un peu de panache. Outre la variation plaisante du thème original de la saga dans le générique, on avait presque envie d'y croire lors du passage à Graceland, rappelant les coups de Benjamin Gates à la Maison-Blanche ou Buckingham Palace. L'idée a beau être aussi farfelue que dans les deux films, elle force les héros à monter un subterfuge en un temps record pour accéder à ce lieu inaccessible pour les mortels afin de découvrir l'indice d'une organisation secrète de protecteurs de trésor. Bref du Benjamin Gates pur jus : insouciant, dérisoire et donc amusant. Tout ce qu'on demandait.

Trésors perdus : le Secret de Moctezuma est disponible en intégralité depuis le 8 février 2023 sur Disney+ en France