Dear Edward : critique larmoyante sur Apple TV+

Alexandre Janowiak | 6 février 2023 - MAJ : 06/02/2023 15:28
Alexandre Janowiak | 6 février 2023 - MAJ : 06/02/2023 15:28

Adaptation du livre éponyme d'Ann Napolitano (N'oublie pas de vivre en français), Dear Edward est la nouvelle série de Jason Katims, créateur de Parenthood et surtout de l'incroyable Friday Night LightsSa série Apple TV+ raconte l'histoire d'Edward (Colin O’Brien), un garçon de 12 ans, seul survivant d'un crash d'avion où il va perdre ses parents et son frère et dont la vie va évidemment basculer suite au drame. Un digne successeur de This Is Us ?

THIS IS HIM

Dear Edward commence sur les chapeaux de roue, histoire de bien nous abattre dès les premiers instants de son récit et de nous confronter à l'horrible tragédie que s'apprêtent à vivre les personnages. Alors que l'avion dans lequel il se trouve est sur le point de s'écraser, le jeune Edward regarde la caméra dans les yeux avant de regarder pour la dernière fois son frère. Un instant fort où le jeune garçon semble nous prendre à témoin de son histoire, celle que l'on va découvrir entre souvenirs nostalgiques du passé, douleur existentielle du présent et espoir renaissant d'un avenir meilleur.

Car le personnage d'Edward va évidemment être au centre du récit (c'est le titre de la série après tout). Puisqu'il est le seul survivant du crash, il est le seul à avoir vécu la tragédie de l'intérieur, ne devant sa survie qu'à un simple shifumi gagné face à son frère (a priori) et beaucoup de chance. Un élément qui va bouleverser sa vie, mais dans le même temps, ébranler celle d'une ribambelle de personnages gravitant plus ou moins autour de lui.

 

Dear Edward : Photo Maxwell Jenkins, Colin O’BrienUn premier épisode émouvant

 

C'est ce qui marque profondément dans ce premier épisode (et également le deuxième) : la capacité de Jason Katims (et du réalisateur Fisher Stevens) à présenter en moins de 50 minutes une grande partie des personnages qui vont être liés par la force du destin. Qu'il s'agisse d'une mère et sa fille perdant leur mari dans l'accident, d'une jeune afro-américaine ambitieuse perdant sa grand-mère députée, d'une jeune femme enceinte perdant le père de son enfant ou d'une petite fille perdant sa maman, voir toutes ses vies basculer est déchirant.

En suivant cette tragédie de l'intérieur, scrutant les visages des futures victimes pour mieux contempler leurs derniers sourires, derniers regards et ultimes souvenirs (quelques-uns revoient leur vie en quelques secondes, repensent aux visages des êtres aimés), Dear Edward transperce immédiatement le coeur. Autant dire que l'épisode 1 met une petite claque, basculant dans l'horreur, la mort et la crainte de ne plus jamais connaître le bonheur simple de la vie. Une puissance que ne retrouve jamais vraiment la série, malheureusement.

 

Dear Edward : Photo Colin O’Brien, Taylor SchillingUn duo qui va devoir avancer ensemble

 

TEAR EDWARD

Depuis la fin de This Is Us, les sériephiles cherchaient inévitablement une série aussi poignante, reliant des personnages à travers les tragédies et les joies de l'existence, entre amitiés, vie de famille et romances inattendues. De ce point de vue là, Dear Edward se pose en successeur incontestable, le crash d'avion amenant une centaine de personnages à se rencontrer malgré elles et à vivre une vie qu'il n'avait pas forcément prévue. Le problème c'est que même si la série se contente d'en suivre seulement une dizaine, cela lui suffit pour rapidement s'enliser dans un surplus d'intrigues et de relations peu attrayantes.

Outre l'arc d'Edward, il y a évidemment des parcours séduisants à l'instar de Lacey (Taylor Schilling), la tante d'Edward, obligée de recueillir le jeune adolescent survivant et de devenir mère du jour au lendemain, alors qu'elle ne réussissait pas à avoir d'enfant depuis des années. Même chose avec Adriana (Anna Uzele), convaincue de devoir prendre la relève de sa grand-mère députée en se lançant dans une campagne électorale pour lui faire honneur et trouver un nouveau but à sa vie.

 

Dear Edward : photoTrop de personnages pour trop peu d'intérêt

 

Toutefois, Dear Edward  ne parvient jamais à rendre tous ses personnages passionnants. Au contraire, en s'attardant sur un trop grand nombre d'entre eux à travers son montage choral mal étudié, la plupart sont survolés et la série finit par ennuyer. Le temps devient même très long face aux dix épisodes composant cette saison 1 et il est difficile de comprendre comment la série peut avancer si peu avec autant de personnages à explorer. Il faut dire que si This Is Us, jonglait avec les flashbacks et les flashforwards, Dear Edward lui préfère un classicisme narratif à la fois moins périlleux, mais in fine, plus conventionnel et fastidieux.

Un choix narratif qui empêche la série de se transcender, voire de transmettre une quelconque émotion passé son sublime premier épisode. D'autant plus que derrière sa narration banale, Dear Edward a le mauvais goût d'aligner les chansons mélodramatiques sans aucun temps mort (une chanson par séquence peu ou prou à chaque épisode) et c'est sûrement son plus grand drame.

Malgré un terreau dramatique foisonnant (résilience, nostalgie, désespoir, colère...) et la puissance des possibles silences, regards ou réactions des personnages, Dear Edward est incapable de créer un trouble sans devoir s'appuyer sur sa bande-originale terriblement envahissante. Et ce n'est pas le cliffhanger du dernier épisode qui donne envie d'en voir plus.

Un nouvel épisode de Dear Edward chaque vendredi sur Apple TV+ depuis le 3 février 2023 en France

 

Saison 1 : Affiche officielle

Résumé

Terriblement larmoyant et régulièrement pompeux, Dear Edward est une sacrée déception dans le paysage sériel du mélo et probablement le premier gros échec de Apple TV+.

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commentaires
rogerboudreau@hotmail.ça
07/02/2023 à 18:17

Toujours très intéressant
Je note tout
Je suis les films des réalisateurs et des acteurs
Svp continuez

Olivier637
07/02/2023 à 00:26

Apple TV + c est quand même globalement hyper qualitatif le contenu

Birdy l'inquisiteur
06/02/2023 à 17:51

1er gros loupé ? Vous pouvez y ajouter l'insupportablement molle et sans idées SURFACE. J'ai fait tout mon possible pour tenir mais après 5 épisodes, je rends les armes. Ils n'ont rien à raconter.

si vous trouvez ca larmoyant et pompeux
06/02/2023 à 15:34

cela veut probablement dire que c'est très humain et émouvant donc merci

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