Barbares Saison 2 : critique qui prend les mêmes et qui recommence sur Netflix

L'Histoire des vainqueurs

L'approche historique de Barbares était à la fois sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. D'une part, elle faisait preuve d'une certaine exigence, à travers certains partis pris assez originaux. L'utilisation du latin pour les dialogues des soldats romains, par exemple, apporte toujours une crédibilité rare à la confrontation culturelle entre envahisseurs et Germaniques. D'autre part, entièrement articulée autour d'un évènement précis, la bataille de Teutobourg, elle était forcément limitée par sa structure, qui détaillait les tenants et aboutissants de ladite bataille avant de la montrer dans le dernier épisode.

Pourtant au même format (6 épisodes de 45 minutes environ), cette saison 2 ne peut plus reposer sur la même date-clef de l'histoire allemande. Non pas que le conflit se soit terminé après l'épisode guerrier – les Romains n'ont alors pas manqué de riposter – mais les showrunners Jan Martin Scharf, Arne Nolting et Andreas Heckmann n'ont plus à composer avec cette échéance. Un an après leur assaut, Thusnelda (figure historique, il est vrai, assez fascinante), le transfuge Arminius et Folkwin voient les Romains rétablir leur camp. Ils cherchent donc à s'allier au puissant Marbod (Murathan Muslu) pour leur tenir tête une fois de plus.

On est gris et on n’est pas content

Le postulat très bicéphale de l'ensemble (les Romains dans leur camp, les Germaniques dans leur forêt à géométrie variable) a clairement donné du fil à retordre aux scénaristes. Dans la saison 1, notre trio héroïque avait réuni les tribus germaniques malgré l'allégeance toute neuve de leur nouveau chef pour bouter, tout peinturluré, les Latins hors de leurs terres. Dans la saison 2, notre trio héroïque réunit les tribus germaniques malgré l'allégeance passée de leur nouveau chef pour bouter, tout peinturluré, les Latins hors de leurs terres. Heureusement que le cliffhanger du dernier épisode promet une saison 3 qui voyage un peu plus, car il ne faut pas espérer de grands bouleversements dans cette saison 2.

Vivement le prochain Asterix

Here we go again

Les inconditionnels rétorqueront que la structure narrative est tout de même moins limpide que dans les 6 premiers épisodes, qui séparaient très clairement les préparatifs de la bataille. En effet, la baston est plus ou moins éparpillée dans la dernière heure et demie... et c'est justement en ça qu'elle risquera de décevoir ceux qui avaient apprécié l'amusant climax de la saison 1. Outre le long travelling numérique sur le camp, l'affrontement ne brille pas par son originalité, que ce soit sur le plan scénaristique ou sur le plan visuel, la photographie grisâtre n'aidant pas non plus à insuffler un peu de fièvre guerrière dans la séquence.

Mais qu'importe les bagarres : cette saison 2, comme la précédente, assume de mettre l'accent sur l'aspect plus diplomatique du conflit, ou même sur l'importance des destinées personnelles. À travers le personnage de Marbod, elle repose la question du compromis politique, nerf de la guerre dans ce contexte. Un sujet qu'elle traite néanmoins plutôt comme un moyen de motiver l'intrigue, et c'est tout.

The Ring of power

C'est le grand drame de la suite de Barbares, qui choisit de reproduire assez fidèlement la formule qui a fait son succès, sans horizon historique assez important pour vraiment embrasser une dimension épique et sans réelle volonté d'approfondir les pistes lancées précédemment. Les personnages censés gagner en importance (le fils) colmatent les sous-intrigues, les quelques idées, notamment l'apport de la spiritualité, sont tristement sous-exploitées. Bref, passé la surprise de la nouveauté et de certaines rectitudes historiques, il ne reste plus à Barbares qu'à improviser maladroitement autour de la fameuse bataille, déjà derrière elle, au grand dam de ses auteurs.

Barbares est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 21 octobre.