Cobra Kai saison 5 : critique Karaté Vide sur Netflix

En toute franchise

Notre section commentaire le martèle à chaque article qu'on lui consacre : Cobra Kai, c'est kitsch, mais addictif. En dépit des dialogues crétins, de l'interprétation très aléatoire du casting, constitué quasi exclusivement de vieilles gloires de Karate Kid et d'ados en début de carrière, ou même de son scénario délirant, on se prend à rester suspendu à chacun de ses cliffhangers. Et pour cause : non seulement la série – dès sa saison 1 – s'amusait à renverser les dynamiques de la saga dont elle prend la suite, mais elle gagnait en ampleur à chaque nouvelle salve d'épisodes, transgressant avec plaisir les limites du plausible.

Une fois la guéguerre entre LaRusso et Lawrence terminée, John Kreese était venu prendre le rôle de l'antagoniste, non sans conviction. Au rythme où elle est diffusée (moins d'un an entre chaque saison !), Cobra Kai risquait bien d'arriver au bout de ses possibilités, surtout avec Kreese comme méchant. L'introduction de Terry Silver, énième transfuge des suites de l'original, ainsi que le retournement de situation final ont pourtant contourné le problème avec une certaine malice.

La grande réconciliation

Moins imposant que son prédécesseur, Silver incarne une violence psychologique plus vicieuse, plus ambitieuse et surtout plus cohérente avec l'approche générale de l'univers. En en faisant le grand chantre de la franchisation, de la Starbuckisation de Cobra Kai et du Karaté dans la vallée, Josh Heald, Jon Hurwitz, Hayden Schlossberg et leurs collègues creusent encore le grand thème de leur création, à savoir le fossé des générations, l'adaptation de l'une à l'autre et vice-versa. Notre bad guy, plein aux as, use d'une technique de prédation intemporelle, qui subsiste sous une forme très différente dans les années 2020, tandis que ses ennemis jurés doivent trouver un moyen, contemporain lui aussi, de le combattre.

Du moins, c'est ce qui était promis à la fin de la saison 4 et c'est ce que cette nouvelle saison effleure à quelques reprises, quand Johnny se retrouve confronté à l'uberisation et à ses horaires "flexibles", ou lors de la fin, avec son ressort narratif éculé. La plupart du temps, l'idée est laissée à l'abandon et Terry Silver reste un compétiteur manipulateur de plus. Son obsession pour l'expansion ne sert en définitive qu'à élargir les enjeux de la série à une autre échelle dans les saisons suivantes et convoquer une légion de mini-boss sous-exploités.

Au casting du prochain Matrix

Kids United

Car depuis, Cobra Kai s'est transformée en véritable feuilleton, avec ses héros devenus anti-héros redevenus héros, ses peines de coeur, ses rivalités oubliées et ses quêtes d'identité somme toute assez veines. Bien qu'ils ne soient pas encombrés d'autant d'arcs narratifs que la saison précédente, les épisodes se doivent de s'attarder sur les turpitudes des vies personnelles des multiples personnages, bien moins divertissants maintenant que les conflits s'estompent. Preuve en est de la fameuse virée au Mexique (le Mexique étasunien, orange fluo, peuplé d'arnaqueurs et de barons du crime), grande promesse qui ne servira finalement qu'à rabibocher vite fait deux personnages. Très décevant.

Ultime aveu de faiblesse : contrairement à son habitude, la série se consacre désormais davantage aux problèmes des parents qu'aux tracas des enfants, pourtant auparavant brillamment mis en parallèle. Comme si toutes les alliances avaient été faites, tous les combats avaient été menés, toutes les trahisons (ou presque) avaient été commises, elle avoue à demi-mot être arrivée au bout de leur histoire, d'où la nécessité d'agrandir le terrain de jeu, afin de quitter un peu la vallée qu'on connait déjà tous par coeur.

Ça déconne plus

À court de caméos rigolos pour conclure son climax, cette ultime fournée semble presque faire office de transition vers une évolution en dehors des clous plantés par Karaté Kid. Même s'il n'est pour autant pas question de laisser tomber ses indéniables qualités, toujours présentes, et notamment les bastons, plutôt bien chorégraphiées une fois de plus, étant donné qu'elles impliquent souvent des adolescents et qu'elles ne doivent pas jouir d'un budget pharaonique.

Le dernier épisode, très généreux en la matière, laisse donc augurer le meilleur, avant qu'un ultime twist ne vienne semer le doute sur sa capacité à dépasser ses propres limites. Au moins, on n'aura probablement pas à attendre longtemps pour en avoir le coeur net.

L'intégralité de Cobra Kai est disponible sur Netflix depuis le 9 septembre 2022.