Only Murders in the Building Saison 2 : critique de la (toujours) bonne surprise de Disney+

Axelle Vacher | 23 août 2022 - MAJ : 23/08/2022 13:19
Axelle Vacher | 23 août 2022 - MAJ : 23/08/2022 13:19

Après une première saison riche en rebondissements, l'improbable trio de voisins formé par Steve MartinMartin Short et Selena Gomez dans Only Murders in the Building est finalement de retour sur Hulu (et Disney+ en France) pour une toute nouvelle salve d'épisodes. Cette saison 2 confirme-t-elle le charme de la première, ou a-t-elle épuisé la formule ?

Pas de repos pour les braves

Lancée en 2021, Only Murders in the Building a su séduire la critique par son concept ludique, son récit alternant avec habilité l'humour, le suspense et l'émotion, et surtout, l'alchimie surprenante de son casting de tête. De fait, la série créée par Steve Martin et John Hoffman est rapidement parvenue à se se créer un public, et au vu du cliffhanger sur lequel s'est achevé la saison précédente, à générer les expectatives de ceux qui s'étaient laissés emporter par l'aventure.

Bien décidée à ne pas perdre son temps en préliminaires inutiles, cette nouvelle salve d'épisodes rebondit directement sur le meurtre de Bunny et l'arrestation de Mabel (Selena Gomez) pour mieux lancer son intrigue. Soupçonnés de meurtre, les trois protagonistes se retrouvent donc propulsés dans le viseur des autorités policières, et sommés de se tenir tranquilles. C'était bien sûr sans compter sur l'incapacité maladive d'Oliver à ne pas se saisir de l'opportunité pour impulser une nouvelle saison de son podcast homonyme.

 

Only Murders in the Building : photo, Selena GomezUne situation bien délicate, on en conviendra

 

La série ne cherche donc nullement à tromper le spectateur : plutôt que de prétendre altérer une formule ayant déjà fait ses preuves, cette nouvelle saison s'engage à reproduire le schéma de la première. Si cette réitération narrative aurait amplement pu jouer en sa défaveur, Only Murders in the Building a cependant le mérite de jouir d'une conscience aiguë de ses propres acquis, et parvient donc à retourner avec habilité cette faiblesse potentielle en sa faveur. Ainsi, plutôt que d'épuiser son concept, ces nouveaux épisodes tendent plutôt à anoblir la recette, sans toutefois négliger d'en renouveler le récit. 

De fait, le podcast créé par l'infernal trio est moins attaché à suivre l'investigation qu'à laver leur nom du meurtre de Bunny. Face à eux, Cindy Canning (toujours savamment interprétée par Tina Fey) profite de l'occasion pour gonfler son empire radiophonique avec le contre-podcast "Only Murderers in the Building". La nuance est aussi subtile que signifiante : annoncé comme l'antagoniste principal de la saison, le personnage aspire davantage à incriminer Mabel qu'à résoudre le mystère. 

 

Only Murders in the Building : photo, Martin Short, Steve MartinDécouvrir des preuves très incriminantes à son domicile 

 

Plus on est de fous

Son modèle narratif maîtrisé, cette nouvelle saison consacre plus de temps à développer ses personnages que sa prédécesseure, en particulier celui de Mabel : à son grand désarroi, la jeune femme ne parvient pas à se souvenir des détails relatifs au meurtre qui lui est imputé. Prisonnière des retors de sa propre psyché, celle-ci ne sait plus comment appréhender l'affaire, mais réalise néanmoins qu'altérer ses propres souvenirs en vue de se préserver n'est plus une solution viable. 

Si la première saison conférait déjà au personnage une aura de mystère intrigante, ces nouveaux épisodes prennent soin de lui apporter une dimension plus émouvante, à laquelle Selena Gomez rend d'ailleurs une justice surprenante. Ce traitement n'est toutefois pas uniquement réservé à Mabel. En effet, avec son trio confronté à divers aléas personnels, chacun de ses membres tend davantage à évoluer séparément que de concert. Une individualisation d'autant plus mise en exergue que chaque épisode est désormais narré selon un point de vue différent. 

 

Only Murders in the Building : photo, Selena GomezLes inconvénients d'évoluer seule : pas de soutien en cas de danger

 

En attachant l'un de ses enjeux majeurs à étoffer ses personnages, la série s'emploie également à ramener au premier plan des figures mineures de la première saison on pense par exemple à Poppy White, l'assistante surexploitée de Cindy Canning, ou encore Lucy, la presque belle-fille de Charles. Ce faisant, Only Murders in the Building transcende son identité "documentaire criminel" en vue de figurer toute une pléthore de relations interpersonnelles bienvenues : les liens entre Oliver et son fils seront ainsi mis à rude épreuve, tandis que Charles sera contraint d'exhumer les secrets de feu son père.

Si la démarche apporte à cette seconde saison une certaine intimité (laquelle manquait à sa prédecesseure), il semblerait toutefois que ces diverses connexités entre les personnages soient trop nombreuses, et la série n'a malheureusement pas le temps de toutes les honorer de façon satisfaisante. 

 

Only Murders in the Building : photo, Cara Delevingne"Hello Cara, on t'appelle pour savoir si tu étais intéressée par un quart de rôle ?"

 

"second time's a charm"

"Ça se voit que c'est notre deuxième saison", s'exclame Oliver, manifestement fier de lui. Et effectivement, l'aisance avec laquelle Only Murders in the Building conduit initialement son intrigue sous-tend son expérience. Bien conscients de la nécessité de mener une deuxième saison aussi réussie que la première, les producteurs et scénaristes de la série n'hésitent nullement à user de plaisanteries méta bien choisies afin de communiquer à leur audience combien l'exercice peut être délicat.

Cet appel à l'indulgence du spectateur est cependant justifié : plus brouillonne et plus disparate que sa prédécesseure, cette nouvelle intrigue semble avoir tout simplement surestimé ses capacités. Plutôt que d'aller droit au but et de s'appliquer à rechercher le meurtrier de Bunny, cette deuxième saison pullule de sous-intrigues sinon insipides, du moins frivoles : de segments romantiques infondés en crises existentielles à demi tournées en ridicule, la série multiplie tristement les opérations de remplissage, et oublie même de les exploiter jusqu'au bout.

 

Only Murders in the Building : photo, Martin ShortLe visage de la perplexité

 

Pourquoi introduire une romance entre Mabel et Alice (le nouveau personnage interprété par une Cara Delevingne qui ne sait toujours pas jouer) si celle-ci est condamnée à ne jamais être explorée ? D'ailleurs, qui est réellement Alice ? La jeune femme semble effectivement jouer sur plusieurs tableaux, mais cela n'est jamais réellement adressé par la suite. Pourquoi la série n'a-t-elle pas cherché à tirer profit de cette complexité apparente en soignant davantage le personnage ? Dans une veine similaire, pourquoi réintroduire le personnage de Jan ? À quoi sert le caméo d'Amy Schumer ? Autant d'interrogations qui demeurent toujours en suspens au terme de l'épisode final. 

Il ne s'agirait toutefois nullement de bouder son plaisir. En dépit de quelques doléances, Only Murders in the Building ne se départ pas de son charme initial. Certes, l'élément de surprise n'est plus là, et le rythme général de cette nouvelle saison est moins astucieux que la précédente. Néanmoins, la série peut toujours compter sur son humour mordant et la performance salutaire de son trio de tête, et n'est-ce pas finalement là son attrait principal ? Ainsi, malgré ses faiblesses, cette deuxième salve d'épisodes remplit amplement son cahier des charges, et le cliffhanger sur lequel elle s'achève ne peut que laisser espérer l'arrivée prochaine d'une troisième saison.

La saison 2 d'Only Murders in the Building est disponible en intégralité sur Disney+. La première saison est également disponible sur la plateforme.

 

Only Murders in the Building : affiche (1)

Résumé

En dépit de quelques faiblesses, cette nouvelle saison d'Only Murders in the Building tient amplement ses promesses, et propose au spectateur une expérience généreuse, et finement menée.

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(2.5)

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commentaires
Oliv64
27/08/2022 à 22:11

J’ai encore bien aimé sauf le délire ralenti et tomates du dernier épisode.

Fin géniale en ouverture

Tonto
23/08/2022 à 11:42

Ah cool ! Je ne retrouvais pas de critique de la saison 1, donc je ne savais plus si EL suivait cette série. Content de voir que c'est le cas et que la série est appréciée !
C'est vraiment une excellente surprise pour ma part, d'une finesse et d'un humour ahurissants et inattendus. Pas loin du chef-d'oeuvre !

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