All Of Us Are Dead : critique qui a faim sur Netflix

Déborah Lechner | 28 janvier 2022 - MAJ : 28/01/2022 18:05
Déborah Lechner | 28 janvier 2022 - MAJ : 28/01/2022 18:05

Après le film #Alive et la série Kingdom - deux productions sud-coréennes -, et plus globalement Daybreak, Black Summer ou Army of the Dead ces trois dernières années, Netflix a sorti ce 28 janvier sa dernière production sud-coréenne autour du zombie : All Of Us Are Deadadaptée du webtoon Now at our School de Joo Dong-geun. Une série pleine de bonnes idées, mais handicapée par son histoire à rallonge qui peine à se démarquer des innombrables oeuvres du genre qui pullulent sur le grand et le petit écran.

THE RUNNING DEAD

Après nous avoir fait bouffer du zombie régulièrement (et la créature pullulant un peu partout dans l'industrie avec les The Walking Dead : World BeyondPeninsula...), il était peu plausible que Netflix transcende un genre qui a de plus en plus de mal à se renouveler avec son All Of Us Are Dead. Le point de départ de l'intrigue est donc assez conventionnel, avec un cas zéro, une première infection, une situation qui dégénère très vite et la formation d’un groupe de survivants.

 

 

La nouvelle série a cependant de quoi contenter les amateurs d'apocalypse zombies en ce qui concerne l'ambiance horrifique et survivaliste, c'est-à-dire le coeur de l'histoire. Les épisodes offrent ainsi tout ce qu’on peut y chercher : des carnages, des morts déchirantes et sadiques de la part du showrunner, des montées d'adrénaline et évidemment une violence graphique et viscérale assumée.

 

All Of Us Are Dead : photoHOLD THE DOOR

 

Mais au-delà des boucheries et autres découpages de viande humaine, la série est encore plus ludique quand elle met en place des situations tendues et extrêmes où le groupe doit utiliser tout ce qui compose son environnement du moment - et notamment le mobilier urbain et les équipements de l'école - pour se sortir de son étau. La plupart du temps, c’est fait intelligemment, avec plein d’idées de mise en scène pour installer de la tension avec le plus d’inventivité possible, aussi bien visuelle que dans l’écriture des scènes elles-mêmes, en mettant au point des plans toujours plus astucieux et complexes.

Dans les premiers épisodes tout particulièrement, la réalisation est assez nerveuse avec caméra à l’épaule, mais peu de montage pour étirer les scènes de massacres pour faire de courts plans-séquences et intensifier l’hystérie et le chaos ambiants. La représentation des zombies - qui ne sont pas vraiment des zombies, mais tout comme - fonctionne elle aussi la plupart du temps, que ce soit au niveau des bruitages avec des rugissements gutturaux inquiétants et leurs articulations qui craquent exagérément, ou même au niveau de leur gestuelle contorsionniste, ces derniers faisant partie des zombies hyperactifs qui agissent en super-prédateurs

 

All Of Us Are Dead : photoLes gestes barrières

 

TROP DE GENS À MANGER

Malheureusement, comme on peut s’y attendre avec 12 épisodes de presque une heure chacun, l'intrigue de la série s'étire et se boursouffle inutilement. Le principal groupe de survivants est pris au piège dans un lycée, mais le scénario ne fait pas de l'établissement une unité de lieu. Les épisodes se baladent au contraire aux quatre coins de la ville pour suivre toute une galerie de personnages et dérouler des sous-intrigues qui partent dans tous les sens et étouffent la dynamique des premiers épisodes.

La narration se retrouve donc éclatée en plusieurs morceaux. Si certains personnages sont totalement accessoires au scénario - l'influenceur suicidaire pour ne citer que lui - d'autres auraient pu être mieux exploités s'ils n'étaient pas introduits superficiellement et ne restaient pas hors champ pendant 1 ou 2 épisodes avant que le scénario trouve un moyen de s’en débarrasser. 

 

All Of Us Are Dead : photoHigh school of the dead

 

À mi-parcours, la série a même du mal à se concentrer sur une seule action à la fois. Par moments, le scénario présente des situations périlleuses, mais plutôt que de maintenir la tension ou de la faire monter crescendo, les scènes se retrouvent entrecoupées d’autres scènes qui concernent d'autres personnages dont on se fiche royalement sur le moment.

La série aurait donc vraiment gagné à avoir une toile de fond beaucoup moins dense pour avoir une écriture moins bordélique, et à se recentrer sur les survivants du lycée et leur tentative de fuite pour être plus efficace et percutante. Surtout que le ton et l'utilisation de certains codes des teen séries fonctionnent assez bien. Le scénario tire sur des ficelles assez grosses, présente quelques situations peu crédibles et plusieurs profils stéréotypés, ce qui n'empêche pas la plupart des personnages adolescents d’être attachants ou intéressants. Surtout, elle raconte quelque chose sur l’état d’esprit fragile de la jeunesse et sa fracture générationnelle avec ses aînés, tout ça à travers les codes de la société sud-coréenne. 

 

All Of Us Are Dead : photoLe pire moment pour tomber amoureux ? 

 

CORONAVIRUS 4.0

Cette multiplication des points de vue et les différentes ramifications de l’histoire servent surtout une logique de surexplicitation des sous-textes qu’on retrouve habituellement dans les histoires de zombies, que ce soit sur notre propre déshumanisation, l'autodestruction de notre espèce ou l’inversion du rapport de force entre dominants et dominés. Pour surligner ces clés de lecture, la série s’attarde peu subtilement sur le pourquoi du comment est apparu le premier zombie. Les épisodes lui donnent ainsi une origin story foireuse et s'avance sur le sentier généralement casse-gueule des « zombies évolués », avec des personnages mi-humains mi-zombies.

Il est assez simple d'y voir un autre parallèle un peu maladroit avec les adolescents pris entre deux âges, ce que soulignent d’ailleurs certaines répliques avec encore plus d’insistance. Et tant qu’à parler de sous-entendus et analogies mal amenés ou grossiers, les allusions à la pandémie actuelle et les rapprochements que tente le scénario étaient eux aussi dispensables. Et ce même si cela participe à ancrer un peu plus l’histoire dans notre réalité. Certains épisodes citent ainsi des films comme Dernier train pour Busan ou Bienvenue à Zombieland pour un aspect méta qui n'est jamais vraiment assumé.

 

All Of Us Are Dead : photoC'est ce qu'on appelle tenir la jambe

 

La série traîne en longueur, passe trop de temps à justifier son propos et se perd alors qu’elle avait un concept, certes simple et convenu, mais qui pouvait être plus efficace et divertissant, ce qu’on attend généralement de ce genre d’histoire. Et comme All Of Us Are Dead est une sorte de combo gagnant (série pour adolescents + nouvelle série sud-coréenne + zombies), on peut d'ores et déjà se poser des questions sur une éventuelle saison 2. Encore plus si la série cartonne dans les prochains jours. 

La série a le mérite d’avoir une fin ouverte qui pourrait totalement se suffire à elle-même, mais qui pourrait tout aussi bien mener vers un univers beaucoup plus large où il ne serait même plus vraiment question de zombies. Pour ce qu'elle aurait à raconter, une suite serait donc a priori moins excitante et pertinente, mais il ne faut pas oublier que Netflix a fait un prequel d’Army of the Dead sans zombies et prouve un peu plus chaque jour que ses abonnés ne sont à l'abri de rien. 

All Of Us Are Dead est disponible en intégralité depuis ce vendredi 28 janvier sur Netflix

 

All Of Us Are Dead : affiche

Résumé

Même si elle tente de s'écarter des sentiers battus, la série All Of Us Are Dead ne révolutionnera pas le genre du zombie, mais reste ludique et inventive quand elle ne se perd pas dans ses trop nombreuses sous-intrigues qui parasitent le scénario. 

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Lecteurs

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commentaires
Slater-IV
13/03/2022 à 23:29

Viens de terminer le visionnage, pour ma part une excellente surprise, que je rangerais du côté du superbe "Dernier train pour Busan".
Alors certes, il y'a parfois un sentiment de "trop plein" (beaucoup de personnages secondaires dont la justification de leur existence ne saute pas spécialement aux yeux, ce qui ne les empêchent pas d'être intéressants pour autant), notamment sur les deux derniers épisodes où l'enchaînement des morts atteint son paroxysme, au détriment peut-être de la lisibilité globale de l'intrigue. Le sort de Cheon-San me reste inexpliquablement en travers de la gorge, malgré une conclusion plutôt belle et mélancolique.

Néanmoins, hormis ses quelques défauts et longueurs (10 Épisodes auraient à mon sens amplement suffit), cette série est suffisamment captivante, ludique et ambitieuse pour maintenir un intérêt constant, tout en nous faisant profiter d'une belle gallerie de personnages.

De plus, la mise en scène souvent tendue et les séquences d'action envoient à mon sens TWD 6 pieds sous terre (du moins de la saison 2 à la saison 8).

Enfin, même si je ne crois pas nécessairement à l'intérêt d'une seconde saison, je pense que j'y jetterais tout de même un œil, ne serait-ce que par curiosité vis-à-vis de l'angle qui sera choisi pour développer cet univers.

Mokuren
26/02/2022 à 12:22

Personnellement, je mettrais 5 étoiles, mais quand je lis la critique, je pense que la journaliste devrait revoir sa note à la baisse et mettre 1 ou 2 étoiles!
Ce que je ressens à la lecture de ce texte, c'est que la journaliste a été contrainte, enjeux éditoriaux oblige, de faire du binge watching pour publier le plus vite possible. Or contrairement aux autres k-dramas originaux de Netflix, qui s'adaptent au format court de la plateforme, All Of Us Are Dead se rapproche du format des chaînes coréennes avec ses 12 épisodes de 1h. Certaines séries, même dans ce format, supportent très bien le binge watching (j'ai regardé les 16 épisodes de My Country: The New Age sur 4 jours et c'était génial), mais d'autres nécessitent de prendre un peu plus son temps.
En l'occurrence, quand on lit le texte, on sent que la journaliste a trouvé cela indigeste, qu'elle a été gavée par cette série. Et je peux comprendre. All Of Us Are Dead est une série qui supporte mal le binge watching, surtout quand on exerce un métier où on doit déjà ingurgiter plein de films à longueur de temps. De même, certains films supportent mal le visionnage en festival, alors que pour d'autres ça passe comme une lettre à la poste.
Du coup, la critique survole les thèmes, ne commente pas vraiment la mise en scène, ne s'attarde sur rien à part les petits défauts, qui sont exagérément grossis pour souligner l'impression d'indigestion. A côté de ça, ni le réalisateur ni les acteurs ne sont mentionnés, ce qui est un peu choquant.
La prochaine fois que vous devez chroniquer un k-drama de 12 ou 16 épisodes, demandez à votre rédacteur en chef quelques jours de plus, afin de mieux répartir les épisodes sur vos journées sans déjà bien chargées. Parlez à votre rédac chef du "droit à la déconnexion" si nécessaire, et ça ira tout de suite beaucoup mieux. ;)

tn1974
17/02/2022 à 03:08

Je ne suis pas d'accord avec cette critique qui me paraît amoindrir l'excellente proposition faite par la série sur le thème si- et trop - exploité des zombies.

Si sur le fond le scénario reste très basique, la forme et la mise en situation dans la Corée contemporaine est à la fois bien ficelée et interpellante dans ses moments tragiques.

J'ai pour ma part été épaté par de nombreuses scènes, filmées avec une foisonnance d'idées de cadrage et de réalisation.

Certes il y a des faiblesses, comme le fait de faire traîner outrageusement les focus amoureux ou familiaux.

Il n'en reste pas moins, pour moi qui ai regardé tous les films de zombies ou presque depuis les années 70, que cette série est remarquable de mise en situation réaliste, à l'opposé des Walking Dead et autres stupidités du même genre.

Futae
12/02/2022 à 12:26

Mais TELLEMENT rien à voir avec High School of the Dead... à part le côté lycéen... totalement accessoire dans High School en plus... Bref...

Corée=PlagiatPro
02/02/2022 à 12:01

@Nace,

La série est adaptée d'un webtoon coréen qui est lui-même une copie du manga japonais "Highschool of the Dead". C'est juste un fait. "Highschool of the Dead" est paru à partir de septembre 2006. Puis réédité en 2007 en indépendant pour une diffusion internationale. Le webtoon "Now at Our School" est paru en 2009.
Il n'y a juste aucun doute sur le fin de mot de l'histoire. C'est bel et bien un autre plagiat coréen.

Geoffrey Crété - Rédaction
02/02/2022 à 10:35

@Nace

Oui, on le mentionne même dès l'intro de l'article.

Nace
02/02/2022 à 10:23

La série est adaptée d’un webtoon coréen du même nom et pas de l’animé japonais high school of the dead et cette série l’adapte assez bien

TiTine
01/02/2022 à 14:15

j'ai trop aime ce film

Got7 qui domine
31/01/2022 à 13:37

Au début ça fait penser au manga japonais Highschool of the dead. Après c'est vrai que ça barre dans des sous intrigues.....mais voir que leur intrigue au lycée je pense que je me serais ennuyer.

Corée=PlagiatPro
30/01/2022 à 22:35

C'est pas un énième plagiat coréen d'une œuvre japonaise non? Cette série reprend l'idée et le scénario du manga "Highschool of the Dead"!

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