Perdus dans l'espace saison 3 : critique d'une conclusion (presque) parfaite sur Netflix

JL Techer | 3 décembre 2021
JL Techer | 3 décembre 2021

L'exercice de style de la suite n'avait pas vraiment réussi à Perdus dans l'espace. Avec une première saison très enthousiasmante et prometteuse, la série était attendue au tournant de sa saison 2, qui, faute réelle prise de risque, s'était avérée assez décevante. Netflix n'a pas lâché l'affaire pour autant, et la série se voit offrir une troisième saison pour conclure l'aventure de la famille Robinson. Véritable Disneyland de la SF, cette ultime saison ramène tout ce que la série a de meilleur, et aussi de pire. Cependant, elle parvient tout de même à donner une conclusion jubilatoire à cette épopée spatiale. ATTENTION SPOILERS !

The Twilight Zone Tower of Terror

La deuxième saison de Perdus dans l'espace s'était achevée sur un cliffhanger pas vraiment réjouissant, multipliant les pistes pour une hypothétique troisième saison. Les 97 enfants à bord du Résolution étaient expédiés in extremis à Tatooine-Les-Bains, les adultes semblaient condamnés à mort avec des hordes de robots tueurs s'approchant de leur position, le vaisseau-mère était détruit et Judy retrouvait son père biologique dans une capsule cryogénique piquée au Nostromo d'Alien, le huitième passager.

Après quasiment deux ans d'attente, le showrunner Zack Estrin (Once Upon a Time) fait le choix d'opter pour une ellipse temporelle de presque une année au sein de la série, histoire de ménager un minimum de surprise. Et contre toute attente, dès le premier épisode de cette troisième saison, le constat s'impose comme une évidence : le parti pris de l'ellipse se révèle particulièrement pertinent.

 

Perdus dans l'espace : photoIls ont changé les Geths de Mass Effect

 

La séparation parents/enfants a été plus que judicieuse scénaristiquement, permettant une évolution des personnalités, et une maturation forcée des personnages adolescents désormais aux portes de l'âge adulte. L'isolement des enfants Robinson, de la presque centaine de figurants qui les accompagne, métaphore de la coupure du cordon qui les reliait encore à leurs parents, a poussé les caractères de Judy, Penny, Will et Robot dans leurs retranchements. 

Ainsi, la série dit adieu à des enfants indécis, pour accueillir des versions upgradées de ceux-ci. Judy gère d'une main de maitre sa troupe de survivants échoués bien loin de l'objectif d'Alpha du Centaure, alors que Penny affirme son rôle de jeune femme de tête en proie à des hésitations post-pubertaires, et que Will prend à bras le corps le poids des conséquences de ses actes, s'interrogeant sur sa relation à Robot (en tout bien tout honneur). 

 

Perdus dans l'espace : photoUne bromance de l'espace

 

De l'autre côté de l'univers, les parents de toute cette marmaille tentent de survivre dans un contexte plus que périlleux, à la limite du post-apo et du drama familial. Coincés dans le système Danger, tentant d'échapper aux hordes de Robots tueurs à leurs trousses, tout en retrouvant leur progéniture, Maureen et John se déchirent. Leurs enfants étaient le ciment de leur couple, leur disparition les renvoie face à eux-mêmes, en tant qu'entité couple, et non plus en tant que famille, et ce couple s'avère bien plus fragile que prévu.

Cette double dynamique issue des enjeux respectifs tournant autour de la survie des enfants, et de celle des parents posée lors des premiers épisodes de la saison 3 crée une tension encore jamais vue dans la série, et renouvelle l'intérêt du spectateur. Cependant, alors que la prise de position de Judy face à Penny et Will laissait entrevoir une inéluctable évolution vers un Sa Majesté des mouches de l'espace, et que les parents constamment sous pression allaient tête baissée vers le nervous breakdown, Perdus dans l'Espace retrouve rapidement ses anciens travers.

 

Perdus dans l'espace : photoPetit souci d'électricité statique

 

Rock 'n' Roller Coaster

Alors que l'entrée en matière assez radicale de cette saison laissait présager d'une double problématique enfants perdus/parents angoissés qui aurait dû porter à bout de bras toute la conclusion de la série, le soufflet retombe aussitôt monté. Parents et enfants retrouvent le contact bien trop tôt dans le récit, dynamitant la mise en place des nouveaux enjeux.

Si dans la diégèse près d'un an s'est écoulé depuis le naufrage, dans la narration la famille Robinson entame sa reconstruction suite à une communication radio au bout de deux épisodes. Dès lors, peu à peu les enfants Robinson entament un chemin du retour vers leurs rôles antérieurs, et les enjeux familiaux entre Maureen et John s'évanouissent. Quelle frustration de voir ainsi toute cette tension qui donnait une couleur dramatique au récit, être rangée sous le tapis au profit d'une aventure aux allures de montagnes russes.

 

Perdus dans l'espace : photoParents, mode d'emploi

 

Reprenant la structure des deux premières saisons, Lost in Space amène les protagonistes de galères en galères, les héros tombant en permanence de Charybde en Scylla, cumulant plus de mésaventures en une seule saison qu'Ulysse en toute son Odyssée. Pluie de météorites, effondrement de falaise, course poursuite pour échapper à des machines assoiffées de destruction, exploration de marais toxiques, c'est un véritable inventaire à la Prévert des emmerdes spatiales que nous sert la série. 

Toutefois, là où la saison 2 enchainait les catastrophes de façon assez artificielle, cette troisième saison parvient à maintenir chez le spectateur un intérêt de tous les instants grâce à une mise en scène soignée et surtout à un rythme parfaitement maitrisé. Dès lors, on pardonne à la série les situations parfois abracadabrantes (Don West dans le marais avec sa poule, authentique moment WTF) qui viennent quelquefois ternir les grands moments de gloire (la fuite au son du Black Betty de Ram Jam, un délice).

 

Perdus dans l'espace : photoLa poule, meilleure sidekick de la série

 

Malgré son ventre un peu mou, la dernière saison de Perdus dans l'Espace garde son cap contre vents et marées, en s'appuyant sur des intrigues parallèles particulièrement bien ficelées. Fil rouge majeur de la série, le chemin de la rédemption (ou non) de Smith maintient un intérêt de tous les instants. Ambiguë, tantôt professeure pour des enfants perdus, tantôt dangereuse sociopathe prête à tout pour conserver les privilèges de sa liberté, Parker Posey incarne brillamment ce personnage complexe et jubilatoire

À cela s'ajoute l'énigme de l'origine et du but de l'existence des robots aliens, sur laquelle la série s'appuie afin de maintenir l'attention et la tension tout au long des huit épisodes de cette saison conclusive. Bien que laissant assez dubitatif quant à son intérêt lors des premiers épisodes, avec quelques rebondissements maladroits dans l'exposition du lien entre le SRA (Second Robot Alien) et le robot de Will, cette sous-intrigue finit par devenir le moteur de cette saison. Elle offre même un climax mémorable entre Will et le robot, dont 'évolution extrêmement touchante, façon Le géant de fer, arrachera quelques larmes aux coeurs les plus asséchés. 

 

Perdus dans l'espace : photoParker Posey crève les autres et l'écran

 

Space Mountain

Malgré l'aspect grand huit de cette ultime saison, avec un démarrage en fanfare, puis un petit coup de mou avant de repartir plein gaz en mode hyperespace, Perdus dans l'Espace parvient à accrocher le spectateur de bout en bout. Outre le fait d'avoir su savamment ménager ses intrigues afin de leur apporter des résolutions satisfaisantes, chose suffisamment rare pour être soulignée, les storytellers sont parvenus à produire une série qui transpire de crédibilité et d'honnêteté.

Sans aucun cynisme ni je-m'en-foutisme envers le public (n'est-ce pas Another Life ?), la série s'inscrit dans la droite ligne de la grande SF utopiste des années 60-70 en proposant un grand spectacle familial. Malgré les drames humains, les menaces aliens, et les enjeux grandissants, la création Netflix rend un magnifique hommage à la série dont elle est le remake en conservant un optimisme à toute épreuve. 

 

Perdus dans l'espace : photoUn petit air de Total Recall

 

Cette ambiance à la Star Trek old-school fonctionne à merveille, et cela donne un cachet très particulier à la série. Toujours tourné vers l'espoir, et n'hésitant pas à montrer de bons sentiments, sans jamais tomber dans la mièvrerie, et à promouvoir des valeurs que certains jugeront d'un autre âge (la loyauté, l'abnégation...) Lost in Space est indéniablement un divertissement feel-good

Cependant, qu'on ne s'y trompe pas, il ne s'agit pas d'un bonbon sucré tachant de faire oublier la réalité à grands coups de pieuses valeurs. La série sait se montrer rude, et met à l'épreuve ses personnages, en particulier les enfants Robinson, avec intelligence afin de montrer qu'ils ont muri et ont su évoluer depuis les débuts de leur épique odyssée spatiale. 

 

Perdus dans l'espace : photoLe club des cinq

 

Une réussite rendue possible en grande partie grâce au gain en maturité des jeunes acteurs (presque deux ans se sont écoulés entre les saisons 2 et 3), qui a fait le plus grand bien à la série. Maxwell Jenkins (Will), Taylor Russell (Judy) et Mina Sundwall (Penny) sont tous trois impressionnants de justesse dans leur jeu, que ce soit dans les moments de pression, comme dans les instants de légèreté. L'épisode 6 Final Transmission est ainsi une leçon d'écriture, construite sur ces jeunes talents sur le thème "comment faire grandir un personnage en le confrontant à la perte de l'Autre".

On pourra certes reprocher à la série d'être un peu trop académique dans son approche formelle de la mise en scène, ou d'être un cocktail scénaristique composé d'un peu trop d'ingrédients, se perdant quelque peu parfois dans un casting de personnages un peu trop fourni. Mais tout cela ne saurait entacher le plaisir de visionnage de cette conclusion à la saga de SF de Netflix. L'affiche officielle de la série avait promis "une conclusion épique", et pour une fois, on ne nous a pas menti. 

La saison 3 de Perdus dans l'Espace est disponible sur Netflix depuis le 1er décembre 2021

 

Perdus dans l'espace : affiche officielle

Résumé

Cette ultime troisième saison constitue la conclusion idéale pour Perdus dans l'Espace. Si la série s'éloigne ici de l'ambiance bon enfant presque naïve de la saison 1, elle se révèle bien plus excitante et audacieuse que sa deuxième saison, et renoue avec le souffle épique de ses débuts. Ainsi, l'odyssée spatiale des Robinson trouve un épilogue convaincant, et bien que la série ne soit pas le plus grand représentant de la science-fiction sur petit écran, il reste un très bon spectacle, idéal pour meubler ses soirées en attendant The Silent Sea.

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commentaires
tekosdj
08/12/2021 à 12:36

jai trouver la saison 3 plutôt correcte dans l ensemble malgré ses énorme erreur et autre chose illogique. on atend de voir la magnifique planet Alpha du centaure helas on voit que dal on vois juste quelque appartement et hôpital implanter c est tres vilain de plus se sont les maison construire avec les pseudo imprimante 3D en béton on sait immédiatement que l on est pas sur une autre planet (mal jouer) une fin pluto correcte qui laisse la possibliter a d autre saison bien que celle ci seront inutile il est préférable de s arrêter la car on sent le manque d imagination. serie courte qui reste correcte si elle ne va pas plus loin.

Bigup93270
06/12/2021 à 22:25

C'est une vrai daube que du foutage de gueule ! Au temps la saison 1 était sympa là c'est de pire en pire de minute en minute , d'épisodes en épisodes, quelle misère ! Bravo les scénaristes c'est du grand n'importe quoi comme tout ce qui est fait en ce moment.

jipe66
05/12/2021 à 20:39

je trouve cette saison vraiment bâclé est plein d'incohérences, comme des sièges éjectables sur un vaisseau spatial c'est du jamais vu, hum hum

Samfaune
05/12/2021 à 08:40

Vu en deux fois , au top on a adoré

alulu
03/12/2021 à 20:33

Une bonne série des familles.

Terminéator
03/12/2021 à 18:09

J’ai adoré. Je l’ai regardé d’un coup tellement j’étais dedans . On se sent bien n’empêche aux côtés de cette famille Robinson . Comme vous l’avez parfaitement dit , c’est un très bon spectacle familiale qui ne se moque jamais de son téléspectateur . C’est bien fait , sincère , un pur plaisir pour les yeux et le cœur . Et c’est plutôt une bonne choses de nos jours de découvrir de telles productions quand certains blockbusters se fichent royalement de leur audience ( cc Venom 2 / FF9 / De l’autre côté et autre Falcon and winter soldier … )

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