Hellbound : critique sans foi ni loi sur Netflix

Déborah Lechner | 22 novembre 2021 - MAJ : 22/11/2021 18:33
Déborah Lechner | 22 novembre 2021 - MAJ : 22/11/2021 18:33

Sortie le 19 novembre dernier, Hellbound n'aurait peut-être pas eu autant de visibilité sans Squid Game, le drama sud-coréen de Netflix qu'on ne présente déjà plus. Cette nouvelle série adaptée du webtoon Hellbound de Sang-ho Yeon et diffusée par Netflix ne sera certainement pas un nouveau phénomène mondial et culturel et ne provoquera probablement pas le même engouement, mais son récit prophétique mérite aussi qu'on s'y attarde. Attention : légers spoilers !

god's plan 

Après sa séquence d'ouverture particulièrement violente, Hellbound aurait facilement pu prendre la direction balisée du fléau religieux sensationnaliste avec ses exécuteurs de l'Enfer venus condamner les pécheurs pour recréer un monde vertueux dicté par la peur de la damnation. Sauf que la nouvelle série sud-coréenne de Netflix donne à son scénario une tournure bien moins biblique et spectaculaire qu'attendu.

Dans Hellbound, le jugement dernier est nominatif et se déroule sur plusieurs années, évitant un dépeuplement brutal de la planète et son imagerie apocalyptique. Même si certains croient d'abord à un canular, Hellbound ne remet jamais en question l'existence et la véracité des événements surnaturels qui se déroulent sur Terre. La série ne s'y attarde jamais non plus. L'intrigue ne donne aucune précision sur ces êtres humanoïdes, qu'il s'agisse de leur nature, leurs motivations, leurs pouvoirs ou leur origine, qui n'est pas si évidente qu'a priori. Mais qu'importe puisqu'ils ne sont qu’un prétexte pour décortiquer la nature humaine et révéler une fois de plus toute sa noirceur et son individualisme.

 

photoÇa part toujours en cacahuètes quand les riches portent des masques

 

Comme avec son épidémie zombies dans Dernier train pour Busan et son prequel animé Seoul Station, le réalisateur  fait surgir des créatures monstrueuses dans notre monde pour nous confronter à notre propre inhumanité et bestialité. L'allégorie est peut-être pré-mâchée, mais l'exécution n'en reste pas moins intéressante. La série choisit de rester au plus près de ses personnages humains et plonge davantage vers le récit d'anticipation et le thriller intimiste que le mystique, sans grandes visions éthérées ni escales en Enfer.

Le choix de minimiser les effets spéciaux est d'autant plus judicieux que les CGI des démons et des anges n'ont rien de très convaincant, ce qui est assez drôle lorsqu'ils sont filmés et que des personnages soutiennent mordicus qu'il ne s'agit pas de trucages numériques. 

Pour livrer sa parabole, Hellbound dépeint avec cynisme une société bipolaire, séparant ceux qui croient en la justice de l'Homme et ceux qui s'en remettent à la nouvelle justice divine, dont ils deviennent le bras armé et les jurés. Alors qu'un policier désabusé tente de résoudre ce qu'il considère encore comme un meurtre, une branche radicalisée appelée La Pointe de Flèche s'occupe de torturer tous les détracteurs du nouveau dogme érigé par La Nouvelle Vérité. Forcément, les nombreuses exactions sur des innocents perpétrées par les humains - dont l'endoctrinement leur octroie une totale impunité - sont plus brutales et dérangeantes encore que celles des démons, sûrement dépourvus de toute émotion.

 

photoFinish him 

 

HIGH WAY TO HELL

Si les voies de Dieu sont impénétrables, celles des créatures surnaturelles d'Hellbound le sont tout autant. Après un premier acte de trois épisodes qui présente la naissance de la secte religieuse et la mutation de la société, la série renverse totalement son propos prophétique dans sa seconde partie.

D'abord considérés comme des bourreaux divins et impartiaux, les exécuteurs de l’Enfer deviennent subitement la simple représentation tangible de la mort - trop souvent arbitraire - à laquelle les humains sont confrontés et à laquelle ils essaient désespérément de donner un sens et une finalité, quitte à tomber dans un fanatisme aveugle. Jusqu'à vouloir faire adopter au public le même raisonnement formaté et amoral concernant Park Jungja (Kim Shin-rok), une mère de famille en apparence innocente et condamnée dans le premier épisode.

  

photoUne scène d'une rare cruauté

 

Contrairement au malheureux de la scène d'ouverture, la série ne dévoile jamais les raisons de son châtiment, mais nous pousse pernicieusement à vouloir percer à jour ses fautes, avec les quelques indices - si tant est que ce soit réellement des indices - qu'elle dissémine astucieusement.

Comme l'influenceur hyperactif qui appelle au lynchage et au harcèlement sur sa chaîne, le spectateur cherche une explication, persuadé qu'il en existe une, simplement parce qu'on lui a dit qu'il y en avait forcément une. Frappait-elle ses enfants sous ses airs de mère dévouée ? A-t-elle tué leurs pères ? A-t-elle volé de l'argent ? Comme si une réponse affirmative pouvait de toute façon justifier son massacre (qui plus est diffusé à la télévision) ou le rendre un peu plus légitime, comme s'évertue à le prouver son effroi et son exécution insoutenable.

Malheureusement, malgré des sous-textes intelligents et ses volte-face moraux qui traversent l'écran, Hellbound souffre d'une réalisation trop basique pour ses ambitions narratives et d'un rythme trop décousu, qui ne laisse pas le temps d'exister à ses personnages qui se succèdent trop brusquement. La première moitié de la série introduit des têtes de proue intéressantes, comme le gourou Jeong Jin-soo (campé par le charismatique Yoo Ah-In), dont les motivations sont plus intrigantes que celle de Dieu, et l'avocate Min Hye-jin (Kim Hyung-joo) qui sert de boussole morale jusqu'à devenir la première pierre de la résistance, la révélation divine ayant pris le chemin de la guerre.

 

photoÇa sent la bonté et la miséricorde tout ça

 

Mais les nouveaux personnages amenés pour la seconde partie sont beaucoup plus fades et occupent un rôle trop pratique. Qu'il s'agisse du nouveau Président fou à lier, de ses méchants diacres, du gentil publiciste athée, de sa pauvre femme et des quelques autres personnages qui gravitent autour d'eux, tous ont une personnalité linéaire et ne sont caractérisés que par un seul trait de personnalité. 

La fin ouverte, sujette à plusieurs interprétations, peut elle aussi diviser. Il pourrait s'agir d'une conclusion et d'une autre surexplicitation, cette fois-ci pour l'allégorie de l'enfer sur Terre, où les damnés retrouvent logiquement leur place. Cette dernière scène pourrait aussi être vue comme la promesse d'une seconde saison, certaines questions cruciales pour notre compréhension de l'histoire n'ayant pas encore de réponse.

La série Hellbound est disponible depuis le 19 novembre sur Netflix

 

Affiche officielle

Résumé

La série Hellbound n'est pas aussi techniquement aboutie que le mériterait son propos intelligent et bien amené, en particulier à cause de son rythme saccadé et de ses personnages de fonction, mais propose une nouvelle réflexion intéressante sur le dogme religieux et notre condition de mortels.

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Lecteurs

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commentaires
Saintesbeatitudes
24/11/2021 à 17:28

Remplacer "Dieu" par le diable et toute cette violence prend du sens.... Satan est un ange dessus donc que le messager sout appelé ange pas de soucis. Mais lorsque la prophétie est faite à un bébé cest bien la signature du diable. Cette série fait réfléchir car on se rend compte de la méconnaissance totale de qui est Dieu et quel est le rôle de Satan.

Leozeulast
23/11/2021 à 23:13

Laid, lourdaud, surjoué, une vraie purge …

Jojo
23/11/2021 à 19:02

@Mokuren je me suis mis depuis peu aux séries coréennes après Squid Game, Navillera est la 1ère série que je vois avec Song Kang, j'ai testé Sweet Home je n'ai pas du tout accroché.
Je vais plutôt rattraper mon retard sur My Name, Reply 1988 et Kingdom !

Grift
23/11/2021 à 15:51

De mon coté j'ai trouvé cette première saison intéressante sur sa façon d'aborder les thématiques. C'est assez originale dans son approche. En tout cas, perso j'ai pas bcp vu ça ailleurs.
D'accord pour les CGI qui piquent un peu des les 1ère minutes... mais au final on se rend compte que la série ne repose pas bcp sur ces effets.
Pour la violence.. je trouve qu'elle est bien dosée au contraire.. on parle de monstres qui sont sensé punir des gens avant des amener en enfer... ça parait cohérent avec le fait qu'ils fouillent un minimum. C'est assez graphique au début pour bien passé l'idée, ensuite ca le devient bcp moins.

Mokuren
23/11/2021 à 11:07

@Jojo : merci de rappeler que les dramas coréens ne se résument pas aux créations Netflix (même si je suis ces dernières avec intérêt). Je plusse sur Navillera qui est l'un des meilleurs dramas de 2021, avec une duo très touchant entre Park In Hwan et Song Kang.
Avec votre pseudo, qui évoque l'héroine de Love Alarm, ne seriez-vous pas par hasard fan de Song Kang? ;)

Trashyboy2
23/11/2021 à 10:13

ça bouffe du marvel avec des CGI à gogo qui ne sont souvent pas au top, et ça vient critiquer les CGI d'une série au budet moindre, et alors même qu'ils sont plutôt réussis... Mouahahahahaha!!!

Greg de troyes
23/11/2021 à 08:10

Première fois que je lis un commentaire qui reporte la faute de cgi un peu caca sur le manque d’attention du spectateur. Merci, je me suis bien marré. Quand à la série, soyons honnête, si elle était turque ou indienne tout le monde s’en taperait, elle bénéficie à plein de l’effet d’aspiration du jeu du poulpe, mais elle sera oubliée dans 10 jours…. Pas grand chose à sauver , un propos social qui fait pas dans la finesse, un recours au « ta gueule c’est magique! », une réal et une photographie que notre enfant sans attention de 8 ans pourrait faire avec son kidizoom… Et j’ai déjà passé trop de temps sur cette bouse….

Numberz
23/11/2021 à 07:45

Guerre stérile entre ceux qui détiennent la vérité que si ça leur secsébien et ceux qui nempa.

Bref. Vu les deux premiers épisodes, et je suis dans les nemap. Je trouve ça chiant. Autant je crois que le partie non fantastique/croyance avec le personnage du flic et l'avocate j'aime bien, mais le reste ne me plaît guère.
Ça dénonce beaucoup les réseaux sociaux, chose que moi aussi je dénonce, mais je ne sais pas pourquoi,j'ai du mal dans la façon dont c'est fait. A cause peut être aussi du crâne de la flèche qui gueule en hystérie, ça m'a gavé.
Je trouve la série ultra cut. Ça prend son temps mais bizarrement je trouve que les scènes entre elles sont mal coupées. Je ne trouve pas les acteurs très bons, a part l'avocate et le policier. La photographie est assez mauvaise, y compris dans les sepias des flashback. Et les CGI sont biens dégueu.

Bref j'attends de voir le tout, mais déçu pour le moment. J'ai des craintes si les acteurs de secondes parties sont moins sbons.

Mon Dieu le QI température pièce des commentaires
23/11/2021 à 07:03

C'est une excellente série et les sainte nitouche devraient arrêter de pleurnicher sur l'usage de violence. Retournez écouter Disney si ça ne vous plait pas.

Solide exploration des idées, jeu d'acteur au top (si vous regarder avec les dub vous méritez la prison) et si le CGI est l'élément qui vous arrête, votre opinion est de facto inutile car vous démontrez une capacité d'attention d'un enfant de 8 ans en déficience intellectuelle sévère...

mdr
23/11/2021 à 00:51

Vous faites pitié les critiques a deux franc, on a jamais compris le déroulement d'une série a plusieurs saison dans la première bande de attarder.
Squid Game par-ci Squid Game par la ?! mais stop tout mélanger
2 film 2 genre différent si vous arriver pas a voir les créations géniaux coréenne venez pas vous lamenter ici avec vos phrase tout faites piquer sur tel ou tel site.
Si les gens regarde des animes, lise des mangas c'est pas pour rien. Si on regarde ces séries c'est pas pour rien.
La violence gratuite ? t'es fragile copain va regarder "oui-oui", dernier train de Busan c'est violent "Squid Game" c'est violement aucune cohérence dans ce que vous vomissez ici...
Regardez cet série si vous avez pas 2 de QI comme les gens qui commente sans vraiment savoir ce qu'il raconte.

VOUS FAITE PITIE !

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