Braqueurs saison 1 : critique qui fait douiller Netflix

Simon Riaux | 28 septembre 2021
Simon Riaux | 28 septembre 2021

Après La Terre et le Sang puis Sentinelles, le metteur en scène et scénariste Julien Leclercq poursuit sa fructueuse collaboration avec Netflix, adaptant Braqueurs, son film de 2016, pour en faire Braqueurs, la série, reprenant pour partie son intrigue et son casting. Un récit musculeux et sec comme un bon coup de boule, où on échange assez de douilles fumantes pour assaisonner un régiment de poulets. 

TU BRAQUES OU TU RATES

De L'Assaut en passant par Lukas, Leclercq est devenu un des rares réalisateurs hexagonaux à se spécialiser dans l'action ou le thriller énervé, et surtout à parvenir à garder ce cap, aussi complexe industriellement qu'économiquement. Adepte de récits aux enjeux clairement identifiés, au déroulé linéaire, mais efficace, il a su parer aux fourches caudines d'un écosystème français qui aura amené plus d'un de ses confrères à se recycler du côté de la télévision et/ou de la comédie grand public. Après deux productions trop modestes pour leurs ambitions (La Terre et le Sang puis Sentinelle) hébergées sur la plateforme au N rouge, il poursuit sa collaboration avec Netflix, à l'occasion d'une série, où son style peut se déployer avec plus d'aisance.

Qu'on ne s'y trompe pas, les allergiques à la bourrinerie du metteur en scène ne se réconcilieront pas avec lui à cette occasion. Ses dialogues expéditifs, où punchlines épaisses et insultes s'échangent avec la finesse d'un Laurent Gerra snacké au calvados, sont toujours de mise. Le jeu y est parfois inégal, le dispositif reposant bien plus sur la présence des comédiens que sur les nuances de leur interprétation ou une caractérisation rigoureuse. De même, mieux vaut ne pas accorder trop de temps de cerveau disponible à la construction de l'intrigue, régulièrement pulvérisée avec la rigueur d'un enfant sous stéroïdes découvrant les joies de la gravité.

 

photoJe te tiens, tu me tiens, avec une machette

 

Visuellement, le style qu'on connaît à l'auteur depuis Chrysalis est inchangé, notamment en matière de photographie. On évolue ici dans un univers anthracite, qui daignera nous offrir quelques nuances de vert et de gris. Le résultat évoque plus un lointain écho du cinéma d'action anglo-saxon qu'une proposition esthétique à proprement parler, voire un cache-misère stylistique.

En effet, le systématisme de ces marqueurs finit par nuire grandement à l'ensemble, comme si le désir de proposer une série aussi brutale qu'intense se heurtait en permanence à une facture en pilote automatique, répétitive et finalement très déréalisée, à rebours de sa volonté d'immersion.

 

photo, Sami Bouajila, Tracy GotoasUn Sami qui n'a pas besoin de Scoubidou

 

GOLDOCRACK

Pour autant, Braqueurs, la série demeure un récit plaisant à suivre et parfois diaboliquement immersif. Le premier mérite en revient au casting, qui accueille non seulement des trognes qui impressionnent instantanément l'image, mais aussi quelques très belles performances. On pense à Samuel Jouy, dont la présence instille à chacune de ses apparitions une menace suave et grisonnante (et qu'on retrouvera prochainement à l'affiche d'Ogre), mais aussi au duo formé par Sofia Lesaffre et Tracy Gotoas, qui compensent leurs personnages écrits à la machette et quelques faiblesses d'interprétation par un engagement physique et une énergie communicative.

Mais c'est à Sami Bouajila que revient beaucoup de la réussite de l'entreprise. On n'a pas attendu la série pour découvrir la versatilité de l'artiste, combien il est à l'aise dans des univers de fiction radicalement opposés, ou à quel point le polar lui sied à ravir. Moteur narratif et humain de l'ensemble, il en est le perpétuel point d'ancrage, une boussole qui indique toujours la bonne direction. Aussi crédible en homme, que ses erreurs rattrapent au point de menacer de faire éclater une vie faussement ordonnée, qu'en distributeur de mornifles option calibre fuselé, il est l'arme idéale d'un récit dont il demeure de bout en bout le coeur battant.

 

photo, Tracy GotoasUn casting électrique

 

La gestion de l'action est une autre réussite de Braqueurs, la série. Non pas qu'elle s’avère invraisemblablement novatrice ou délirante, mais elle remplit parfaitement son rôle. Livrée au spectateur à intervalles réguliers et satisfaisants, elle est abordée avec réalisme. Pas tant le réalisme des situations (dont on se fout un peu), mais bien celui d'une production à la fois désireuse d'offrir du spectacle à son public, tout en s'inscrivant dans un budget qu'on devine utilisé à bon escient plus que follement confortable.

Qu'il s'agisse de leur durée, des chorégraphies ou des éléments pyrotechniques, des cascades qu'elles nécessitent, leur variété comme leur efficacité forcent le respect et assurent une tenue générale honorable en matière d'adrénaline.

Braqueurs, la série est disponible en intégralité sur Netflix en France depuis le 24 septembre 2021

 

Affiche officielle

Résumé

Bourrine en diable, parfois grossière dans sa narration et très inégale techniquement, la série demeure un honnête divertissement grâce à l'investissement de Sami Bouajila et plusieurs scènes d'action plaisantes.

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commentaires
Meel Melek
03/10/2021 à 03:18

Alors la série était parfaite ! Mais franchement la fin m’a déçue , que la plupart des personnages meurent. Fin je trouve ça bâclé. Trop dommage . Je n’en vois plus l’intérêt de regarder la série .

Swatko
02/10/2021 à 00:33

Bonne critique et bien rédigée

Fredudix
01/10/2021 à 22:19

Excellent, j'n'ai pas d'autres mots...

Patatouille
01/10/2021 à 09:02

J ai adoré.vivement la saison deux

Titou
30/09/2021 à 19:48

Bien sur des incohérences, mais franchement la serie déboite vivement la suite ..... j'espere

Gilles68730
30/09/2021 à 11:44

J me suis fait la saison en une fois. Trop bien

Pas780
30/09/2021 à 11:08

Dommage, une série qui aurait du potentiel sans l'absurdité de la présence des jeunes qui au fils des épisodes, surtout la fille devient aussi forte que des professionnels.
Quand au scène d'action c'est du pur américain, seul contre des dizaines, ils font mouches à chaque tirs et esquive les balle adverses comme par magie, sans compter la bêtisie des ennemi qui de découvres comme dans les meilleurs film bourrin des années 90.
C'est très loin d'un réalisme de braquo et plus une série à regarder comme un divertissement, sans trop chercher les absurdité du scénario.
Dommage car quand on vois un bac nord ,on peut regretter que si cette série aurait été plus crédible, elle aurait été magnifique.
D'autant plus quand on vois le dernier épisode magnifique, mais encore une fois une fin gâcher par l'absurdité

Nitrax13
30/09/2021 à 02:00

J'ai kiffer le film braqueur et la série et pas mal non plus bien hâte de voir la suite

Antipass
29/09/2021 à 22:12

Enfin une série qui change des bouses proposées habituellement. C est clair que l on ne verra pas une Mimi Maty dans ce genre de série et c est tant mieux.
A la fin de chaque épisode, c est difficile de s'arrêter.. Vivement la suite.
Action, suspense, réalité.. Tout y est à mes yeux.

Boubou74
29/09/2021 à 18:59

Ennui total

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