Mixte : critique de la vieille école sur Amazon
Après la production franco-allemande Deutsch-Les-Landes, Amazon Prime Video a accueilli sa première création originale entièrement française, la série Mixte, qui nous replonge dans les débuts tumultueux de la mixité au lycée dans les années 60.
LES COPINES D'ABORD
Si le cinéma et la télévision ont déjà décortiqué toutes les affres de l'adolescence et retracé en long, en large et en travers le parcours sinueux qui nous mène à l'âge adulte, le genre reste quand même peu représenté en France, avec quelques oeuvres plus ou moins cultes sur grand écran (Les Sous-doués passent le bac, La Boum, LOL, Les Profs, La Colle et plus récemment Play ou Été 85).
On peut toujours citer Foudre ou Skam France, mais les propositions sur le petit écran français sont encore plus discrètes et n'ont jamais trop de mal à gratter le fond du panier, surtout en cas de succès comme Clem ou Soda.
Le fait de poser une caméra dans un lycée pour s'entourer d'hormones bouillonnantes et capter des tranches de vie scolaire n'a donc rien d'original. Toutefois, Mixte fait le pari de remonter aux origines du genre et d'en présenter les balbutiements, lorsque les filles et les garçons ont pour la première fois été amenés à évoluer dans le même environnement impitoyable qu'est la cour de récré. La série fait ainsi sa rentrée en 1963, lorsque le lycée Voltaire de Saint-Jean-d’Angély accueille dans ses rangs ses onze premières étudiantes.
Elles s'appellent Michelle, Annick ou Simone, eux Henri, Jean-Pierre ou Alain, et tous vont tenter de s'apprivoiser, les relations d'amour et de haine étant les seules résultantes possibles. C'est le début d'un schéma intemporel.
On y retrouve dès lors toutes les composantes de la série pour adolescents, notamment ses personnages archétypaux et leur évolution toute trouvée : le beau-gosse sévère qui tombe amoureux, l'outsider de la gent masculine qui essaie de prendre confiance en lui, la belle blonde au tempérament glaciale dont les manières cachent une grande souffrance, la jeune fille candide qui veut entrer dans le monde des grands, ou encore la copine sympa et rigolote dont le romantisme et l'optimisme sont voués à prendre un sérieux coup dans l'aile.
On ne compte même plus le nombre de fois où ses profils types et désincarnés ont défilé sur nos écrans pour se poser les mêmes questions et vivre les mêmes peines, les mêmes expériences et les mêmes joies. Heureusement, Lula Cotton-Frapier, Nathan Parent, Baptiste Masseline, Léonie Souchaud, Anouk Villemin et Gaspard Meier-Chaurand parviennent malgré tout à leur donner du relief et une authenticité pour rendre leurs personnages attachants.
D'autant que la série s'est appliquée à recréer la société française des années 60 avec ses décors pittoresques, ses costumes d'époque et ses accessoires rétro, qui facilitent l'immersion et pardonnent les quelques anachronismes et le manque de vivacité de la mise en scène.
Du temps où il fallait vraiment bosser pour un exposé
LAISSE TOMBER LES FILLES
En parallèle des émois adolescents et de son portrait dilué de la jeunesse et de ses aspirations quelques années avant 1968, Mixte s'intéresse également aux professeurs de l'établissement. Ces adultes interprétés avec justesse par Pierre Deladonchamps, Nina Meurisse et Maud Wyler illustrent quant à eux les réalités sociales de l'époque : l'indépendance financière des femmes, leur libération sexuelle, le regard porté sur les divorcées, l'impuissance masculine ou le violent rejet de l'homosexualité.
Sans être un témoignage à charge d'un temps heureusement révolu, la série parvient à se défaire de sa légèreté comique pour flirter avec le drame et la pudeur de l'anti-spectaculaire qui manque parfois aux réalisations anglophones. Bien évidemment, la sexualité est une thématique obligatoire et passe donc également sous la loupe historique de Marie Roussin, sans jamais se montrer trop explicite pour éviter la formule plus sulfureuse de Skins ou Euphoria.
Un oeil indiscret dans la salle des profs
La série est plus là pour étaler ses bons sentiments et parler sexe conscient que pour le montrer à l'écran ou dépeindre une génération asphyxiée par le conservatisme. Au fil des épisodes, Mixte s'avère même trop doucereux pour aborder frontalement certains sujets vraiment sombres qui sont glissés maladroitement dans la narration (en particulier ceux qui concernent Annick ou Laubrac). On y suit plutôt des couples d'ado qui se font des bisous au coin de la rue, boivent en soirée (un peu) et font parfois des roulades sous la couette, avec un romantisme et une naïveté qu'on a pourtant du mal à condamner.
En revanche, la fin de saison est plus brouillonne, précipitant les événements comme si elle était dans l'obligation de finir sur quelque chose de plus grandiose et de beaucoup moins crédible. Le dernier épisode laisse clairement la porte ouverte à une deuxième saison, qui pourrait s'emparer davantage des thèmes matures qu'elle souhaite aborder et enfin entrer dans le vif du sujet.
La saison 1 de Mixte est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France depuis le 21 juin 2021
Lecteurs
(5.0)25/06/2021 à 00:57
Vous êtes un peu dur, la série est vraiment bien, pas parfaite non plus mais vous êtes un peu trop strict.
Oh et point ok boomer pour votre '' l'époque où il fallait vraiment travailler pour un exposé ''.
23/06/2021 à 15:01
Superbe série que j'ai dégusté d'une traite , les acteurs sont excellents.