Warrior Nun saison 1 : critique pas très catholique sur Netflix

Mathias Penguilly | 9 juillet 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Mathias Penguilly | 9 juillet 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

L'angle d'attaque de Warrior Nun promettait l'arrivée d'un petit plaisir coupable blasphématoire. Observer une bande de jeunes nonnes qui se bastonnent (littéralement) contre les forces du mal a de quoi appâter le jeune chaland, égaré dans son algorithme Netflix, à condition bien sûr que le scénario tienne suffisamment la route. À la fin de cette première saison, le résultat est beaucoup moins subversif que prévu.

ATTENTION SPOILERS !

WELCOME TO VATICAN HIGH

En moins d'une décennie, on a l'impression d'avoir déchiffré la formule magique de Netflix. Un groupe de jeunes protagonistes charismatiques et plus ou moins rebelles, une intrigue qui flirte constamment avec le drama voire le thriller et une dose de romance un peu mièvre : et hop, le tour est joué ! Dans 80 % des cas, saupoudrez un peu de pouvoirs magiques et vous êtes capables de produire la série Netflix ultime.

Warrior Nun ne fait pas exception, mais elle a ceci d'intéressant qu'elle bouleverse un peu (vraiment qu'un peu) l'équation de la teen-série en prenant un groupe de religieuses et une jeune fille tétraplégique comme protagonistes. Ensemble, elles forment l'Ordre de l'Épée Cruciforme, une sorte de secte ninja chargée de vaincre l'émanation des démons sur Terre.

L'adaptation du comics Warrior Nun Areala ne s'embarrasse pas vraiment de son inspiration originale : dès les premières minutes, le personnage principal des livres disparait pour laisser la place à Ava (Alba Baptista), une jeune handicapée récemment décédée qui ressuscite miraculeusement après s'être fait greffer un halo divin dans le dos. La série suit alors le parcours d'Ava qui (ré)apprend à vivre et découvre les pouvoirs magiques que lui confère l'anneau.

 

Alba BaptistaAva (Maria) resuscitates

 

PETITE VOIX DANS MA TÊTE

Simon Barry prend le parti de raconter son intrigue du point de vue d'Ava Silva, ce qui est probablement le défaut le plus évident de cette première salve d'épisodes - spoiler : le final annonce une saison 2. En voix off, sa "voix intérieure" rythme chacune de ses actions et balance des évidences creuses à tour de bras, sur le ton faussement dynamique d'un magazine de société NRJ12.

Quand bien même ce serait l'aspect psychologique de l'angle de départ qui vous intrigue (le fait qu'une ado tétraplégique découvre tout ce qu'elle peut faire une fois qu'elle sait marcher), cette partie du scénario ne fonctionne pas vraiment tant elle est contrite et accessoire. Pire encore, elle rajoute un sérieux très premier degré qui plombe même les moments supposés apporter une dose d'humour. Ava se révèle pourtant être une jeune femme très caustique, malheureusement la plupart de ses vannes tombent à plat.

Sa personnalité n'est pas vraiment convaincante (borderline agaçante même), la faute, peut-être, à une interprète pas très sympathique (Alba Baptista, une sorte d'Ellen Page de marque distributeur, monotone et assez conventionnelle). Comme s'ils étaient conscients des faiblesses du personnage, les créateurs lui ont adjoint un groupe de petits voyous badass dans toute la première moitié de la saison.

Ceux-ci s'avèrent particulièrement fades et discrets. Ils font un peu tache au milieu des autres héros, plus religieux ou du moins plus mystiques. On retrouve parmi eux l'avatar prévisible du beau garçon auquel Ava succombe, mais dont l'absence totale d'épaisseur laisse perplexe.

 

photo, Alba BaptistaMais délivrez-la de la tentation bordel !!

 

BAD ROMANCE

Le début de la saison est effectivement rythmé par le jeu du chat et de la souris entre Ava et le très beau (et très planplan) JC. L'arc narratif ne va nulle part et le bellâtre disparait pour de bon lors du cinquième épisode, après avoir aperçu son premier démon. On sent le pouvoir de la formule Netflix, contrainte d'imposer une dose de romance artificielle et absolument inutile pour le développement de sa trame.

JC (qu'on croyait être il fut un temps, un alias de Jésus-Christ) n'est que le premier d'une longue liste de personnages sous-développés, voire carrément superflus. Le focus constant sur le personnage d'Ava se fait au détriment du reste de la distribution, pourtant très riche en personnages et en possibilités. Même les protagonistes les mieux construits, à l'image de la courageuse Beatrice ou de l'ambiguë Lilith, ont finalement une trajectoire très caricaturale et attendue. La série se perd constamment dans de longs dialogues vides sur les choix qui se présentent à la jeune Ava. Ce petit jeu du "Ira / N'ira pas" devient vite répétitif, surtout lorsqu'il a lieu au détriment des autres héros. 

Comble du cynisme : l'un des scénaristes, David Hayter (Watchmen), s'est glorifié sur Twitter d'avoir inclus dans la série, un personnage transgenre qui ne mentionne pas une seule fois son identité trans. Et pour cause ! Le personnage de Chanel, joué par la sublime mannequin argentine May Simón Lifschitz ne dit pas plus de trois phrases et n'apparaît qu'une dizaine de minutes à l'écran. Un malheureux exemple parmi tant d'autres.

 

photo, Sylvia De FantiLa Mère Superieure, un personnage "complexe" qui méritait plus de 20 minutes de temps d'écran

 

LOSING MY RELIGION

Les épisodes s'enchainent, très inégaux dans leur satire de l'institution ecclésiastique et de ses jeux de pouvoir. On peut néanmoins louer le parti-pris de Simon Barry, qui adresse quelques piques bien senties à l'institution cléricale, sans jamais basculer dans l'anti-ecclésiastisme le plus primaire. Certes, on aurait aimé un peu plus de bagarre, un peu plus de subversion, mais la série reste intelligente dans son traitement de l'Église et de ses institutions.

Peut-on donc en conclure que Warrior Nun est un échec total ? Loin de là, ce serait même faire preuve d'une exagération vraiment déplacée. Globalement la trame de la série fonctionne et chaque épisode se termine sur un cliffhanger relativement efficace. Aux nombreux défauts de construction des personnages, on pourrait opposer la présence de plusieurs antagonistes intéressants ; le vrai Big Boss n'est révélé que dans les derniers instants, et il est pour le moins surprenant. Dommage que cela n'intervienne qu'après 10 épisodes remplis de dialogues simplistes, utilitaristes et répétitifs.

La mythologie autour de la nonne-guerrière est un concept assez unique en son genre, que la série exploite aussi très bien. À ce titre, les derniers épisodes sont très didactiques. Néanmoins, la série peine à lier le combat des membres de l'Ordre et cette histoire complexe qui entoure sa formation (la plupart des affrontements sont assez secondaires vis-à-vis de l'intrigue principale). Après 10 épisodes de blabla et d'apprentissage poussif, la saison se termine en pleine scène de baston démoniaque (enfin mais un peu tard !). En tout cas, on ne peut pas imaginer que Netflix en reste là.

La saison 1 de Warrior Nun est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 2 juillet 2020. 

 

Affiche US

Résumé

Tout n'est pas à jeter dans cette première saison, même si elle laisse un cruel goût d'inachevé. La plupart des protagonistes ne sont pas assez développés et le personnage d'Ava est beaucoup trop pénible pour que l'on croie vraiment à ses états d'âme. Malgré un angle d'attaque intéressant, Warrior Nun prend trop peu de risques pour être vraiment convaincante.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(1.8)

Votre note ?

commentaires
Plbavis
11/11/2022 à 22:00

Cette série est très bien construite.
De belle images, des personnages agréables. Des acteurs convaincants.
Eva est joué par une actrice qui donne au personnage une réel humanité avec ses fragilités ses doutes et ses espoirs, tout en se refusant de désespérer sur son propre sort.
Bravo pour cette série, la saison 2 est également un réel plaisir à regarder.

La critique que je viens de lire ressemble à une litanie faite par une personne jalouse. Ça doit être en effet pénible de ne pas pas savoir faire une série à succès et d'être contraint à critiquer ceux qui font, plutôt que de faire. Ça rend méchant, mais cela est fait sans aucune subtilité ce n'est donc même pas convaincant.

in luxuriâ
17/08/2020 à 17:39

Je m'attendais à quelque chose de plus déjanté, avec de l'action. Qu'est-ce que c'est lourd ? On attend que l'héroïne se réveille au lieu de se chercher indéfiniment. Le côté religieux, des séquences féministes en veux-tu en voilà, pourquoi pas ? Pendant que les autres sœurs se battent Ava part à l'aventure, ah, ah. Série pour ado, j'ai perdu mon temps jusqu'à l'épisode 5.

Dans le style, Preacher est 10000 fois mieux, bien que pour un public adulte.
1/5 et je suis gentil, ne perdez pas votre temps la saison 2 sera à chier.

yellow submarine
29/07/2020 à 23:32

série très imparfaite, je l'ai regardé sans savoir de quoi ça parlait. Mais je l'ai trouvé quand même attachante et plutôt bien fichue. Les décors de malaga ou ronda aident forcément énormément.

Les actrices sont toutes plus ou moins très bien castée même si ava cabotine un peu trop.

L'intrigue au final s'est bien corcée exactement comme il le fallait j'attends beaucoup cette saison 2.

Laure
27/07/2020 à 16:51

Perso j’ai trop trop aimé la série mais je trouve qu’il n’y a pas eu assez de bagarres avec ava et je trouve ça dommage qu’on ne voit plus JC à la fin de la série :(

Cyrille
16/07/2020 à 03:08

Moi comme pas mal ici apparemment, j'ai bien aimé. Je trouve même que cette série se rapproche d'une autre plus plus ancienne :"Buffy contre les vampires"

Ronin
15/07/2020 à 23:57

C'est vraiment une série fake. Des sortes de Ninja sœur non mais lol.. Pourtant ya un petit potentiel à la base mais pas exploiter avec Ava le remix de dannerys.. Qui n'utilise que très rarement est pouvoir.. On es toujours sur ça fin.. Très peu de combats avec ava.. Elle met une saison entiere à réaliser qu il faut quelke se fighte contre les démons.mais elle se chie tout le temps déçus. Resutalt.. Une secte de sœur nones ninja.. Avec la cousine de ma mère des dragons qui utilise jamais c'est pourvoir.. Cette série c du fake.. Et la fin même pas j'en parle

PasNetflix
15/07/2020 à 14:40

La série fait référence aux nazis et à la déportation par rapport à l'histoire d'une ancienne nonne mais ce qui choque l'héroïne ce n'est pas le génocide des juifs ou des tziganes ce qui a l'air de lui paraître totalement indifférent mais qu'une lesbienne soit ait été envoyée dans les camps. Un pur produit de son temps et de son medium.

Opale
15/07/2020 à 11:40

Vu que deux épisodes, donc pas assez pour donner un avis constructif mais déjà pas d'accord avec la critique sur un point: l'actrice principale que je trouve plutôt mimi, fraîche et agréable. C'est déjà ça, je verrai pour le reste.

Bab
14/07/2020 à 23:55

critique nulle. En une saison c est impossible le de se faire une idée faut laisser la chance au produit. A travers cette saison les scénaristes vont pouvoir déterminer les personnages à approfondir et ceux a éliminer. A suivre pour ma part

Av
14/07/2020 à 09:10

Moi j ai apprécié et je ne comprend pas cette critique

Plus
votre commentaire