Perdus dans l'espace saison 2 : vers l'infini, l'au-delà et la déception sur Netflix

Geoffrey Crété | 3 janvier 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 3 janvier 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Les Robinson de l'espace sont de retour dans une saison 2 de Perdus dans l'espace, livrée sur Netflix le 24 décembre. Après la bonne surprise de la première saison, le remake de la série des années 60 créée par Irwin Allen renvoie Molly Parker, Toby Stephens et leur famille du bonheur dans une nouvelle aventure pleine de robots, de dangers, de bons sentiments et d'effets spéciaux. Pour un plaisir intact ?

ATTENTION SPOILERS

LOST IN CONTINUATION

C'était bête, c'était simplet, c'était absurde, mais c'était surtout gentiment réjouissant dans le genre. Avec ses airs d'attraction aussi rocambolesque qu'inoffensive, la saison 1 de Perdus dans l'espace était une denrée rare pour tout amateur de science-fiction, comme un bon vieux pulp mixé avec un téléfilm Disney (notre critique est à retrouver par ici). Il y avait des raisons d'être exaspéré par les facilités scénaristiques, les ficelles plus grosses qu'un câble d'ascenseur, et les bons sentiments tartinés sur toutes les pierres de cette planète étrangère. Mais il y avait aussi de quoi se satisfaire d'un spectacle régressif et old school assumé, qui revenait à l'une des sources de la science-fiction : l'aventure pure et gratuite.

Cette première saison ayant forcément perdu dans l'espace de l'ennui les spectateurs non sensibles au programme, la saison 2 n'avait plus qu'un défi face aux esprits conquis : renouveler sans trahir la formule, proposer le même menu et combler avec la même légèreté et overdose de péripéties. Burk Sharpless et Matt Sazama, à la tête de ce remake de la série d'Irwin Allen, ont eu les moyens de leurs envies délirantes chez Netflix, et c'est clair dès le premier épisode, où les Robinson transforment un vaisseau en navire, et naviguent sur un océan alien déchaîné en plein orage des enfers.

Mais ce voyage s'emballe aussi vite qu'il retombe, et malgré un top départ réussi, cette saison 2 s'enlise à mi-saison pour perdre un peu trop de son goût pour l'aventure, et sa petite magie.

 

photo, Maxwell Jenkins, Toby Stephens, Taylor RussellRobinson et crustacés

 

LA VOIE DE MURPHY

Cette saison 2 démarre pourtant bien sur les chapeaux de roue, avec une démonstration galactique de la loi de Murphy. Ce qui est susceptible de mal se passer se passera mal, et les Robinson sont un réjouissant aimant à problème. Vaisseau bloqué sur des récifs, fuite d'eau, combinaison trouée, orage en approche, algues des enfers, chute dans un ravin alien, cerf-volant qui se fait la malle, rover à déplacer en plein chaos, compte à rebours... c'est un festival du plus bel effet qui rappelle ce goût absurde, mais terriblement drôle pour l'aventure sans fin.

 

photoSeuls  ̶s̶u̶r̶ ̶M̶a̶r̶s̶ ̶e̶n̶ ̶I̶s̶l̶a̶n̶d̶e̶ sur une planète inconnue

 

C'est évidemment répétitif, artificiel et sans danger, et la série ne cesse de repousser les limites de la suspension d'incrédulité (Smith qui maîtrise la navigation et permet au vaisseau d'échapper au pire, dans une pirouette ridicule). Mais le spectacle est mené tambour battant et ne laisse aucune seconde de répit pour réfléchir à la bêtise de l'ensemble. Les situations, les décors, les problèmes s'enchaînent avec un seul objectif : l'aventure. Et ce retour de Perdus dans l'espace ressemble alors à ce que la première saison avait de mieux : un grand huit sans fin, où chaque nouveau pas amène de nouveaux problèmes, de nouvelles solutions, de nouvelles surprises, dans un mouvement généreux.

Sauf que très vite, la saison appuie sur le frein. Les Robinson retrouvent le Resolute et son équipage, ce qui rebat toutes les cartes. L'isolement laisse place à des conflits avec la hiérarchie, de nouveaux personnages fades arrivent pour occuper la scène, plein de figurants sont posés en arrière-plan, tandis que les couloirs de ce gigantesque vaisseau deviennent la morne base de la saison. C'est loin d'être aussi amusant et exotique que les paysages de la planète de la saison 1, et c'est même tristement plat vu le caractère hautement ordinaire de ces coursives grises. Et alors que le monde des Robinson s'élargit, l'aventure semble moins folle, moins libre, et plus dans les clous.

 

photo, Parker Posey, Taylor RussellToujours plus d'emmerdes à l'horizon

 

TROUS D'AIR

Bien sûr, le risque d'une saison 2 était de répéter la formule établie. Suivre les Robinson sur une nouvelle planète hostile aurait été aussi simple que paresseux, et cette idée est vite évacuée dès le premier épisode centré sur leur fuite. La présence des autres colons et du Résolute était annoncée, et en switchant sur une série de groupe après trois épisodes, Perdus dans l'espace cherche un nouveau cap - confirmé avec le cliffhanger d'ailleurs.

Mais malgré un paquet de péripéties, et quelques parenthèses hors du Resolute, quelque chose se perd dans cette deuxième saison plus molle, qui va en decrescendo après le démarrage. Et les flashbacks sur Smith et Judy n'arrangent pas l'affaire, notamment parce qu'ils cassent la logique des récits et sont de vains efforts pour donner du poids à certaines sous-intrigues.

 

photoDanger Danger, High Voltage

 

Ce virage est d'autant plus tristounet que les obstacles et défis à bord du Resolute sont bien trop faibles. Un bon antagoniste, vil et féroce, aurait certainement aidé à rendre ce vaisseau moins paisible. C'était sûrement Hastings sur le papier, mais il n'a que quelques scènes pour exister, sans jamais être autre chose qu'un maigre cliché. Que cette Dr Smith incarnée par l'excellente Parker Posey tourne en rond sans poser de véritables embûches, n'aide pas à donner une impulsion à l'intrigue. Même le robot familial (absent la première moitié de la saison) semble bloqué dans son rôle, son éveil étant finalement secondaire.

Par ailleurs, la saison a bien du mal à s'amuser avec sa mythologie. Les étranges canyons qui attendent les orages, et la civilisation des robots, étaient d'intéressantes pistes à explorer pour enrichir l'univers, et élargir ses dimensions. Mais les deux sont réduits à quelques scènes, donnant à cette SF une toute petite envergure. Le grand final en paye le prix, puisque le souffle épique n'est pas là, malgré de gros moyens et explosions et affrontements et dilemmes à l'écran.

 

photo, Taylor Russell, Mina Sundwall, Max JenkinsUne famille en or

 

L'AVENTURE C'EST L'AVENTURE

Le moteur ronronne, le plaisir est moins intense, et l'effet de surprise est passé. Mais Perdus dans l'espace saison 2 reste encore très souvent un divertissement solide et hautement distrayant pour quiconque se laisse porter. Quand les héros découvrent une forme de vie extraterrestre qui ronge le métal au point de bouffer le Resolute de l'intérieur, quand la petite famille est traquée par un robot dans les conduits d'aération, ou quand Judy est pourchassée par des dinosaures alien dans le désert, la série retrouve un peu de cette vibe old school de science-fiction.

Si la quête de moteur et le compte à rebours pour rejoindre Proxima Centauri b ne sont pas très bien menés et peinent à structurer les aventures des héros, les épisodes défilent avec une efficacité souvent redoutable, surtout sur la première moitié de la saison.

 

photoWelcome to Jurassic Plaques

 

C'est d'autant plus plaisant que le savoir-faire derrière la caméra est évident. Même en l'absence de réalisateurs chevronnés et reconnus comme Neil Marshall, David Nutter, Vincenzo Natali ou encore Deborah Chow, qui avaient emballé la moitié de la première saison, cette nouvelle fournée est solide. Passé sur quantité de séries dont Game of Thrones et À la Maison-Blanche, Alex Graves mène la danse en ouvrant et fermant cette saison 2, avec trois épisodes (avec un gros hommage à Alien 3 dans le dernier épisode). Et même si quelques CGI débordent un peu, et que la finesse n'est plus au rendez-vous quand l'écran est surchargé de robots ou d'effets, la série maintient un bon cap d'un point de vue technique.

La mollesse de la dernière ligne droite ne permet plus de camoufler des doses dangereuses de niaiserie qui attirent plus le rire que les larmes, et difficile de ne pas lever les yeux au ciel face à la survie abracadabrantesque de Smith et le retour annoncé du père de Judy. Après ces dix nouveaux épisodes, la question de l'horizon et la direction de Perdus dans l'espace se posent. La saison 2 était attendue pour tous ceux qui avaient vibré et retrouvé leur âme d'enfant lors de la première année. Après cette suite plus scolaire, pas sûr que la saison 3 soit un rendez-vous indispensable et charmeur.

 

Affiche

Résumé

Après l'effet de surprise de la première saison old school et réjouissante, Perdus dans l'espace cherche un nouveau cap pour ne pas bêtement se répéter dans la saison 2. Quitte à perdre de sa magie, de son énergie et de son sens de l'aventure, pour retomber dans une formule plus molle après un démarrage excitant.

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Lecteurs

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commentaires
Miami81
29/01/2020 à 13:06

Perso, je préfère cette nouvelle saison plus dynamique je trouve. Mais effectivement, je suis assez d'accord avec la critique sur certains personnages mal exploités ou qui tournent en rond. et c'est vrai aussi que le spectaculaire des deux premiers épisodes s'essouffle par la suite. rien d'étonnant toutefois tant ces 2 premiers épisodes sont intenses.
Par contre je ne me suis pas ennuyé une seule seconde sur la suite, chaque épisode a son lot de montée en pression et d'histoires prenantes. Le décors du Resolute n'est je trouve pas un frein dans la gestion des épisodes.
Et un mention spéciale pour les effets spéciaux qui sont particulièrement réussis notamment dans les 2 premiers épisodes. J'ai revu le film la Grande Muraille hier et ils sont largement supérieurs.
J'aurais mis une étoile de plus je pense.

Jay Jay
25/01/2020 à 19:44

Cette saison 2 m'a vraiment saoulé...
J'ai trouvé la saison 1 assez intéressante, je me posais des questions sur la nature du robot, pourquoi comment...
Mais la saison 2, ce n'est qu'une série d'accidents (j'en avais déjà marre après 3 épisodes)... Bon, on en apprend un peu plus sur les robots, mais ça ne dure qu'un instant... Il n'y a plus aucun mystère... Ça n'avance pas.

J'ai pas fini la saison, je n'en suis qu'à la moitié et je me rends compte que l'on est que très peu avancé par rapport au début.

Ragnarok
21/01/2020 à 01:47

Fan de SF j'ai vraiment adoré cette série et espère très franchement qu'une saison 3 verra le jour contrairement à ce que laisse envisager cette article, il ne faut pas oublier que le but d'un film ou d'une série est de se distraire, pourquoi la critique cherche toujours à rationaliser ce qui ne le doit pas, à pointer du doigt l'innocence, l'espoir, et pourquoi faudrait-il toujours laisser la place à la fatalité !? Alors oui il y a peut-être des défauts mais le sont ils réellement !?
C'est comme si la twenty century fox n'avait laissé Gorge Lucas aller au bout de son projet pourtant Star Wars est bien devenu la franchise intergalactique la plus connue au monde !
Sans évidement aller jusqu'à comparer ces deux licences mais simplement pour vous dire de foutre la paix au réalisateurs et laissé le téléspectateurs s'évader avec la famille Robinson si il en a envie !

Yoyo
17/01/2020 à 23:41

Bonne série SF à regarder en famille, les effets spéciaux sont à couper le souffle. Certes des défauts
mais agréable à suivre, ce n'est après tout que du divertissement ,c'est le but de la SF. Cette famille est effectivement poissarde..gros lol...Je me languis la saison 3 pour voir leurs nouveaux malheurs..

Pierre
15/01/2020 à 01:08

Je suis désoler de vous gâcher se plaisir mais la saison 1 étais cool pourtant j'ai eu du mal à accrocher a peu ringarde mais, avec cette deuxième saison a l'appuie cette série de science fiction et dans le top 10 avec the expanse, the 100, The Discovery et j'en passe… Un début de pleine aventure avec mille problème a résoudre puis au milieu de la série les problème s'accumule sans résolution jusqu'à la fin qui d'ailleurs le problème et a demie résolue une famille séparer it's not possible sorry but sa m'intrigue toujours si il vons pouvoirs se retrouver et puis la fin désoler mais j'ai tous autant aimer la saison 1 que la saison 2 et j'espère qu'une saison 3 sera produite et d'ailleurs commence à êtes produite à envisager une saison 4 et 5 si cela ne deviens pas redondant comme toute les série a nombre consequent de saison

Mamita
11/01/2020 à 19:36

Mouais, la saison 1 m'avait bien amusée le robot est trés mignon
Votre critique est bien
En ce qui me concerne,la saison 2 est à c...en restant polie
C'est mou,creux,les acteurs semblent scotchés à leur bottes,pour de la science fiction un peu de crédibilité ne fait pas de mal,non plus,aucun suspens,aucun rire
Et si c'est du fantastique c'est franchement morne et pas intéressant
je ne peux pas dépasser le 2ème épisode, c'est grotesque de dépenser autant d'argent pour une daube pareille qui n'a rien de old school si ce n'est une ringardise grotesque, des dialogues inutiles, bref temps perdu à regarder, et j'ai rarement vu une mode civile aussi moche et triste à mourir...A pleurer il n'y a que le robot à garder!

Mylene84
10/01/2020 à 23:40

On a regarder les 2 saison avec mon mari et on a trouver cette série distrayante.... Malgré le côté plan plan de la famille parfaite avec des enfants parfait... Lol cette série est pleine d'action... Les effets sont super on s'y croirait.... Même si la fin de la 2eme saison est tiré par les cheveux.... On se languis la saison 3....

Legbr
08/01/2020 à 10:45

Je trouve la saison 2 super j'ai adoré j'espère qui vont faire une saison 3 je suis pas tout à fait d'accord avec les critiques mais à chacun ses goûts et ses couleurs

jerome69
06/01/2020 à 14:56

j ai bien accroché à la saison 1 même si ce n'est pas série SF de la décennie et les scénaris sont assez basiques. Mais le tout était plutôt sympa et les moyens techniques mis à disposition de la série e très bon niveau.
comme le dit l auteur, j 'ai été aussi déçu de voir les Robison retrouver le vaisseau stellaire et espérais autre chose à la fin de la S1. me frustrant ainsi du côté survivant de l'extreme dans l'espace. Cependant la série reste sympa malgré un côté guimauve sentimental barbant à la longue est trop présent. j ai pas fini encore la saison , le côté ambigu de l'ami Robot retrouvé met un peu de piment.

Milou
05/01/2020 à 17:10

J ai adoré ! A quand la suite...?

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