The Politician saison 1 : critique d'une satire loufoque, pop et déjantée entre Glee et House of Cards
C'était l'énorme coup de Netflix il y a une grosse année, la signature d'un contrat à hauteur de 300 millions avec le ponte du petit écran Ryan Murphy. Avec American Horror Story, Feud, Scream Queens, Nip/Tuck, Glee, Pose ou encore 9-1-1, l'Américain est un des maîtres du monde des séries et il le prouve une nouvelle fois avec sa première création originale Netflix : The Politician.
LE PÉRIL JEUNE
"Je serai président des États-Unis". Voilà la première phrase qu'adresse, dans un quasi-regard caméra, le personnage de Payton aux spectateurs. Le ton est donné et l'objectif d'ores et déjà fixé : The Politician parlera d'ambition et de ce qui poussera les audacieux, les orgueilleux, les désireux ou les arrivistes à tout faire pour parvenir à leurs fins.
Créée par le trio Ryan Murphy-Brad Falchuk-Ian Brennan, The Politician va alors très vite se transformer en satire déjantée du monde politique et en critique acerbe des élites du monde (et notamment des États-Unis). Évidemment dans un cadre lycéen, c'est la jeunesse dorée ultra connectée et pourtant ignorante de ce qui l'entoure (voir le formidable épisode 5) qui est pointée du doigt avec brio - même si la série parle plus largement des élites politiques avec les multiples clins d'oeil à Bush, Reagan, Nixon, Mondale...
Tout au long de ses huit épisodes extrêmement bien rythmés, la série Netflix va surtout s'attarder sur cette jeunesse en manque de repères, se raccrochant à des modèles éculés pour forger sa propre identité. Payton Hobart est sans aucun doute un jeune homme brillant aux grandes et louables aspirations politiques et pourtant, on comprend au fur et à mesure, qu'il ne se comprend pas lui-même, car la façade qu'il doit montrer pour espérer atterrir à la Maison-Blanche ou gagner le siège de Président des élèves du lycée n'est pas la sienne.
Le sublime générique de la série, porté par Chicago de Sufjan Stevens, en est d'ailleurs la preuve. Payton Hobart est finalement une sorte d'automate, de marionnette, composée de tous les atours nécessaires pour gravir les échelons jusqu'à la présidence américaine. Mais par-dessus tout, son coeur est englué dans un liquide noir qui l'empêchera de se révéler au grand jour et de dévoiler sa véritable personnalité. Ainsi, s'il cherche à faire le bien, sa propension à agir amoralement pour arriver à ses fins l'oblige à être ce qu'il ne veut pas. En cela, The Politician est une franche réussite.
Une équipe de campagne parée à toutes les situations (ou presque)
AMERICAN CRAZY STORY
Avec Ryan Murphy aux commandes, The Politician jouit évidemment d'une énergie folle et d'une excentricité de tous les instants qui embarquent le spectateur dans un délire où règne la profusion, la démesure et l'excès. Les aficionados des créations du monsieur seront donc ravis devant les outrances de la série quand ses détracteurs n'accrocheront pas plus qu'à l'accoutumée. D'ailleurs, il est vrai qu'avec autant de dynamisme et une multiplication de sous-intrigues, de revirement d'ambiance ou de sujets d'un épisode à un autre, la série pourra irriter, décontenancer et épuiser.
Cependant, l'écriture de Ryan Murphy, si elle joue sur plusieurs tableaux en même temps, ne perd jamais le fil de sa pensée et malgré son extravagance ne paraît jamais très éloignée de la société actuelle (politiquement parlant en tout cas). Le créateur de Scream Queens enchaîne avec passion les romances, les coups bas, les retournements de situations, les twists... sans jamais oublier de les développer durablement ou de les clore convenablement.
Ainsi, exception faite de son septième épisode (clairement le plus raté de la saison) qui s'emmêle les pinceaux en concluant de nombreux arcs très différents à vitesse grand V tout en les mettant en parallèle, la série est un bijou de narration. Ses personnages évoluent, le récit ne stagne jamais et l'on se passionne inévitablement pour les élections du lycée et ses thématiques sous-jacentes.
Mensonges et trahisons au coeur de The Politician
HIGH SCHOOL OF CARDS
En effet, sous ses airs de simple comédie loufoque et totalement barrée, portée par une atmosphère haute en couleur (rappelant les univers de Wes Anderson notamment Rushmore), une musique terriblement entraînante et des personnages déjantés (la superbe performance de Jessica Lange) souvent un peu clichés (les amis d'enfance, la parfaite ennemie jurée incarnée par Lucy Boynton...), la série de Ryan Murphy cache bien d'autres facettes. Comme à son habitude, le scénariste-réalisateur-producteur-créateur s'amuse à mêler les genres et le fait de manière brillante ici.
The Politician est donc évidemment une comédie cynique à l'humour noir, pince-sans-rire tout autant qu'une véritable tragédie politique aux airs shakespeariens, rappelant les glorieuses heures d’House of Cards (et de L'Arriviste d'Alexander Payne) avec ses manipulations politiques (cette recherche du vice-président parfait), ses stratégies électorales et ses décisions fantasques pour gagner quelques voix (la référence à Gone Girl) accompagnées de sondages ubuesques pour dégager des tendances.
Il y a d'ailleurs quelque chose de profondément ironique à dévoiler ce monde hideux, crasseux et intéressé caché derrière l'écrin paradisiaque de Santa Barbara. La force de The Politician, entre autres, est de réussir à jongler entre les genres avec une grande fluidité.
Astrid Sloan, ennemie jurée de Payton
Au fil de ses créations, Ryan Murphy a souvent développé des récits engagés et sa première collaboration avec Netflix ne déroge pas à la règle. Ainsi, la série s'offre un panel de personnages très éclectiques rappelant la révolution qu'il a lancée avec Pose : un personnage non binaire incarné par l'acteur transgenre Theo Germaine, des lesbiennes, des homosexuels et des bisexuels. De plus, Ryan Murphy montre l'amour sous sa plus belle forme, celle qui vient du coeur, démontrant que l'orientation sexuelle ne se choisit pas et se révèle à chaque sensibilité de façon différente.
Au-delà, The Politician est également un drame social parlant sans détour de sujets sérieux : le suicide, l'abandon, la solitude, la maltraitance (le fameux syndrome de Münchhausen par procuration)... et se donne également des élans de comédies musicales à la Glee (une évidence) sans en abuser comme un gadget artificiel. La présence de Ben Platt dans le rôle de Payton donne d'ailleurs une véritable ampleur à ces scènes musicales, provoquant de belles et fortes émotions (ce premier chant hommage).
Ben Platt en Payton Hobart, l'âme de la série
PLATT DE RÉSISTANCE
Âgé de seulement 25 ans, Ben Platt a déjà une palette impressionnante. Il poursuit de front à la fois une carrière d'acteur hollywoodien (vu dans Pitch Perfect), de comédien sur les planches de Broadway (il est récipiendaire d'un Tony Award) et de chanteur (son premier disque est sorti en mars dernier et il a déjà reçu un Grammy). Il prend donc une toute autre envergure dans ce premier grand rôle de lycéen ambitieux et le fait avec un talent certain.
Jonglant avec les émotions, devenant à tour de rôle bienveillant et antipathique, attachant et répugnant, nul doute qu'il porte clairement la série à lui tout seul malgré les présences de Gwyneth Paltrow, Zoey Deutch, January Jones, Jessica Lange (déjà citée) ou, plus surprenant, Martina Navratilova. Les derniers instants de cette saison 1 annoncent d'ailleurs un beau combat à venir pour Payton Hobart et sa garde rapprochée.
De quoi faire grandir rapidement la série et développer son intrigue dans les hautes sphères de la politique américaine. Le moyen surtout de plonger sans filtre dans ce monde cynique, hargneux et arrogant grâce à la patte colorée et délurée de Murphy dans la saison 2 déjà commandée par Netflix.
La saison 1 de The Politician est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 27 septembre 2019.
Lecteurs
(0.4)30/09/2019 à 00:36
Super j'ai adoré j'attends la saison 2 avec impatience. Série manger en une journée
29/09/2019 à 16:09
J'ai vraiment rien contre la diversité notamment sexuelle mais Ryan Murphy y'a que des gays dans toute ses créations enfaite souvent ça n'apporte rien aux récits mais ils utilisent les gays les trav ou personne un peu différente à toute les sauces ... Dans Glee c'était important pour l'ouverture d'esprit il parlait du fait que ce soit dur d'être différents dans l'adolescence et même a l'âge adulte mais la c'est pousser le bouchon a toute les sauces ça soule le mecs c'est clairement sont fond de commerce
28/09/2019 à 04:34
Babar77, tu me fais rire. T'es vraiment trop drôle. Dis le si tu te lances dans le stand up. Promis, je serais dans la salle.
28/09/2019 à 02:04
Vu deux épisodes. Vraiment nul, artficiel et inutile. Une pure perte de temps.
Les sauvages est vraiment bien plus aboutie même si le ton est différent.