Warrior Saison 1 : critique bourre-pif pour série coup de poing

Simon Riaux | 30 juin 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 30 juin 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

L’été débarque, et avec lui, la possibilité de rattraper films et séries loupés quelques mois plus tôt. On en profite par conséquent pour vous recommander Warrior. Créée par un des papas de BansheeWarrior est une des dernières productions de Cinemax, diffusée sous nos latitudes par OCS. Le showrunner Jonathan Tropper y développe un concept imaginé jadis par Bruce Lee et exhumé par sa fille Shannon Lee, afin de proposer un divertissement d’action éminemment aventureux et ambitieux.

DANS LES VIEUX POTS

Pour la faire simple ? Les amoureux de Banshee demeurés orphelins après 4 saisons de bourre-pifs épiques et d’action aveuglante vont probablement prendre leur pied comme jamais. Dès les premiers instants de Warrior, on retrouve quantité des effets de style, tics d’écriture et notes d’intention des précédents travaux de Tropper.

Héros bravache, endurant, solitaire, prêt à jouer sa vie constamment, mû par un mélange de romantisme échevelé, de priapisme qui tâche et de sens inné de la justice. Un destin ordonné par une mission venue du passé, la volonté de sauver un proche et soi-même. Des camps criminels opposés, comme autant d’emblèmes de différents jeux de valeurs, redéfinissant toujours le terrain sur lequel évolue notre héros et pourvoyeurs d’innombrables scènes musclées, quelques épisodes concepts, presque décorrélés du récit central et pensés comme des hommages à de grands classiques du cinéma…

 

photoAh Sahm (Andrew Koji)

 

Pas de doute, on est en territoire connu. Et si la recette nous est désormais familière, force est de constater qu’elle s’avère remarquablement maîtrisée. Ici, presque chaque épisode s’avère une merveille d’équilibre, pourvoyant la dose idéale de pose, de dialogues badass, ou de bastons homériques. Il convient d’ailleurs de s’arrêter un instant sur ces affrontements : variés, élégants, extrêmement brutaux, ils poussent la logique spectaculaire de Banshee bien plus loin qu’elle n’avait jamais osé s’aventurer.

On sent que Warrior veut clairement faire de l’œil à The Raid, qui n’a pas fini d’inspirer le divertissement anglo-saxon, mais il semble très clair aussi que le show cherche aussi à marquer à la culotte des productions telles que Bad Lands, qui ont repoussé la limite du spectacle martial télévisé. Au-delà du soin maniaque apporté aux chorégraphies et de la jubilation générée par les innombrables fights, la volonté d’inscrire ceux-ci dans un environnement stimulant est extrêmement appréciable.

En effet, la direction artistique est extrêmement luxueuse, les décors variés, et au fur à mesure des chapitres on s’étonne de noter le faste de tel plan séquence, la profondeur de telle zone, l’exploitation ludique de telle autre. À bien des égards, Warrior s’assume comme un pur terrain de jeu pour grands gamins amateurs de castagnes cosmiques.

 

photoAmis ou ennemis ?

 

À PIED PAR LA CHINE

Mais la série est bien loin de se limiter à un gros jeu de bourrins. En choisissant comme contexte l’immigration chinoise à San Francisco, l’avènement de Chinatown, l’intrigue s’oblige à aborder les problématiques de la diversité américaine, de son histoire contrariée, tout en embrassant une distribution presque exclusivement asiatique, laquelle pousse le récit dans des directions insoupçonnées.

On notera, dès le pilote, un très bel hommage à John McTiernan pour justifier l’usage de l’anglais, comme pour mieux indiquer que Warrior sait précisément où il va et entend aborder son récit enduit de codes d’honneur et de kung-fu avec autant d’enthousiasme que de respect pour la période et les hommes qu’il retranscrit à l’écran.

 

photoLes fans de Banshee seront bien entourés

 

Tout simplement, le scénario prend grand soin d’interroger en permanence le point de vue qu’il adopte, afin de déplacer les clichés, de retourner quantité de stéréotypes, mais aussi de mettre le spectateur occidental dans une position qu’il n’est pas accoutumé à endosser. En témoigne l’épisode « western » qui nous fait coller aux basques de deux des personnages principaux, encerclés d’Américains caucasiens, convaincus que ces deux hommes originaires de Chine ne parlent évidemment pas anglais. Ou comment confronter le public occidental au cliché de l’Asiatique taiseux, véhiculé par des décennies de films et par les stéréotypes persistants du racisme ordinaire.

Entre deux twists efficaces, une paire de bastons chorégraphiées avec une précision euphorisante et une petite scène de fion avec plein de sueur dedans, l’intrigue étonne donc, parvenant avec une facilité déconcertante à hybrider les genres et les héritages esthétiques.

 


Un magnifique générique

 

FRACTURE DE FATIGUE

Malheureusement, pour orgasmique que soit Warrior, on sent parfois Jonathan Tropper trop gourmand pour son propre bien. Car non contente d’être extrêmement ambitieuse quant à son récit de guerre des gangs, la série veut également embrasser quantité de thématiques et sous-intrigues satellites.

Dès son deuxième épisode, le script s’essaie à la réflexion politique, à l’intrigue de chambre bourgeoise, tout en ménageant à son héros une amourette inattendue.

 

photoLa surprenante Mai-Ling

 

Ce dernier justement, souffre un peu de cet amoncellement narratif. Personnage initialement arrogant et plein de morgue, il reste trop longtemps énigmatique pour le spectateur, qui risque de se désintéresser (un peu) des motivations mystérieuses de ce personnage pourtant passionnant et interprété par le follement charismatique Andrew Koji. Même constat avec l’arc scénaristique qui autopsie le racisme institutionnel des institutions de San Francisco. Pour passionnant qu’il soit, il arrive bien trop tôt, alors que l’histoire n’a pas encore eu le temps de s’installer suffisamment pour que ses ramifications se multiplient.

Autre exemple, la liaison entre Penelope Blake (Joanna Vanderham) et Ah Sahm. Intéressante, mise en lumière grâce au jeu magnétique des interprètes, elle se voit réduite à une dimension très satellite de l’intrigue, la faute à la surcharge narrative, si bien qu’on s’étonne presque de réaliser combien ces deux personnages tiennent l’un à l’autre. Bref, le plus gros défaut de Warrior a, avouons-le des airs de qualité, tant on a souvent le sentiment que le show, pour nous assommer de bonheur, veut faire tenir deux saisons en une.

Le résultat a beau être imparfait, il est si généreux, ludique à regarder, intense, et techniquement abouti qu’on en redemande sitôt le dernier épisode achevé.

 

La saison 1 de Warrior est disponible en intégralité sur OCS en France

 

photoJuste avant la tempête...

Résumé

Un peu trop touffue narrativement, Warrior se transforme progressivement en épopée martiale, aventureuse et gargantuesque, qui se plaît à transcender l'héritage de Banshee.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.8)

Votre note ?

commentaires
Léo89
01/07/2019 à 09:05

Une petite critique d'Into the Badland ne serait pas de refus, histoire de rendre justice à cette série trop méconnue.

Andarioch
30/06/2019 à 19:14

Banshee comme bonne fée, hype.
J'adorais cette série.

Thibault
30/06/2019 à 19:13

J'ai adoré banshee mais là pour pas accroché.

Flash
30/06/2019 à 17:54

J'avais commencé à suivre cette série, mais j'ai décroché au bout du troisième épisode, trop de personnages, intrigue peu intéressante.
Quand au scènes de castagnes, en effet elles sont plutôt réussies, mais personnellement je préfère Banshee.

Kolby
30/06/2019 à 15:50

@la rédaction
Tout est dit sur les trace de into thé badlands mais le nombre d'épisode n'est aucunement retranscrit dans votre critique. Seul bémol...
En cas merci

cobrakaï
30/06/2019 à 12:23

***** SPOILERS SPOILERS SPOILERS SPOILERS SPOILERS *****

D'après les écrits de Bruce Lee retrouvé par sa fille Shannon. Par contre, j'ai rien trouvé sur le net sur le % de la participation de Bruce Lee. Des infos ?

C'est que la 1ère saison, ça ressemble à Banshee, mais je trouve ça moins violent, et moins cru pour les scènes de sexe. Le côté politique est un peu chiant.

Très déçu par la mort de Bolo. Super acteur, une machine de guerre dans les combats. Perdre un tel atout si rapidement c'est fort regrettable.

Dans le dernier épisode lors du combat dans le chantier, c'était un hommage à Big Boss lors du fight dans la fabrique de glace (contexte, haut blanc, pose, entouré d'adversaires).

Les chorés des combats en plus d'être bien filmées sont d'une qualité à tomber. On est loin des bastons d'alcooliques d'Iron Fist, et dans la pénombre sans imagination des Defenders / Punisher.

La série a été rapidement renouvelée pour une saison 2, ce qui devrait leur donner plus de confiance, et j'espère d'audace.

Flemmard
30/06/2019 à 10:37

J'ai dévoré la série. Un pur plaisir coupable. Ceux qui ont aimé Banshee seront aux anges, les autres jetez vous dessus. Une série de ce genre qui nous prend pas pour des débiles il y en a pas une tripotéee malheureusement.
Série très généreuse voire trop. La série part dans beaucoup de directions et encore, j'ai l'impression que les scénaristes se retiennent.
En revanche, j'ai du mal avec le "follement charismatique" Andrew Koji alors que tous les persos du show sont jubilatoires. Est-ce qu'il est le héros du show lol ?
J'attends la deuxième saison avec impatience, qu'ils corrigent ou non les quelques défauts de la première, pas grave. S'ils les corrigent alors là ...XD

votre commentaire