Critique : Les Méduses

Thomas Messias | 1 octobre 2007
Thomas Messias | 1 octobre 2007

Le problème avec les écrivains, c'est qu'arrive toujours le moment où ils ont envie de mettre leur grain de sel dans un art qui n'est pas le leur. À part quelques réussites ponctuelles, les films d'écrivains ont souvent le même défaut : un cruel déséquilibre entre fond et forme. Soit parce que les auteurs sont excessivement littéraires, soit parce qu'ils ont voulu jouer au cinéaste, oubliant de muscler le contenu). Etgar Keret et Shira Geffen appartiennent à cette dernière catégorie : leurs Méduses tentent de multiplier les audaces stylistiques, avec plus ou moins de réussite, mais avec une indéniable envie de cinéma. Tout cela est malheureusement effectué au détriment du contenu...

 
Car le scénario des Méduses pédale allègrement dans la semoule, greffant tant bien que mal de petites histoires éculées sous couvert de film choral. Objectif (trop) visible : dresser le portrait d'un monde égoïste et incapable de communiquer en entremêlant quelques destins fragiles. C'est à grands coups de métaphores foireuses que le couple Keret-Geffen nous assène des vérités bien ordinaires : ainsi donc, la vie est un bateau dans une bouteille, protégé des intempéries mais désespérément isolé. La réflexion n'ira pas plus loin, à l'image d'un film qui se lance sur mille pistes mais ne va au bout d'aucune d'entre elles.

 
Heureusement, il y a donc la forme. Si on se serait volontiers passé de certains effets un peu cheap (flous, sépia), c'est néanmoins la mise en scène qui sauve Les méduses du naufrage. Nouvelle réussite de la part du chef op Antoine Héberlé (Sous le sable, Paradise now), qui illumine certaines scènes d'une aura salutaire.

Trop peu pour ces Méduses, pourtant auréolées d'une Caméra d'Or, mais qui manquent singulièrement de piquant.

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