Critique : Dans la vallée d'Elah

Après le succès de Collision (Oscars du meilleur scenario et du meilleur film en 2006), Paul Haggis revient derrière la caméra accompagné d'une kyrielle de comédiens de renom dont pas moins de trois oscarisés (Tommy Lee Jones, Susan Sarandon et Charlize Theron). Parfaitement dans la mouvance contestataire actuelle (voir le Redacted de De Palma), le cinéaste ne change pas son fusil d'épaule et s'attaque en filligrame au conflit irakien pour un drame contenu dont il connait parfaitement les ficelles.

Il y a chez Haggis ce coté énervant de l'auteur qui sait créer de l'émotion facile. En s'appuyant sur un fait divers tragique mettant en exergue les retombées dramatiques de la guerre sur de jeunes marines innocents, l'auteur marche sur des oeufs et plus d'une fois Dans la vallée d Ellah menace de plonger dans un pathos écœurant a l'image de ce dernier plan lourdingue sur la bannière étoilée. Loin d'être sauvé par une intrigue policière (le mystère sur la disparition du fils de Tommy Lee Jones et Susan Sarandon) manquant singulièrement de piquant, le film garde toutefois une fibre émotionnelle respectable par la seule présence d'un acteur d'exception. En père meurtri bien décidé à savoir comment et pourquoi son fils a disparu, Tommy Lee Jones se montre magistral et nul doute que la course aux Oscars se fera avec lui. D'ailleurs, ce dernier fait de l'ombre aux stars féminines du film, Susan Sarandon ayant du mal a convaincre en quelques scènes larmoyantes de mère traumatisée et Charlize Theron souffrant d'un personnage d'enquêtrice mal écrit la laissant avec un regard perdu comme seul moyen de faire naître l'émotion.

Malgré eux et sans oublier la partition musicale inspirée de Mark Isham et la très belle photo du chef op attitré des frères Coen, Dans la vallée d Ellah n'arrive jamais à dépasser le cadre mélodramatique classique du film engagé dénonçant les dangers de la guerre. Une petite pierre à l'édifice du genre mais pas de celle qui abatte un Goliath.