The Host : Critique

Vincent Julé | 29 mai 2006
Vincent Julé | 29 mai 2006

Après le surprenant et définitif Memories of Murder, le réalisateur coréen Joon-ho Bong était attendu comme le messie, surtout par les fanboys, puisque son prochain projet était un film de monstres. 

Après avoir chamboulé, si ce n’est pas révolutionné, les règles du polar, en serait-il de même pour un sous-genre si codifié ? Confirmation que le bonhomme ne peut rien faire comme tout le monde, puisque si la bande-annonce jouait sur le hors champ et que l’héritage de Ring pèse encore lourd sur la production d’horreur asiatique et maintenant américaine, Joon-ho Bong prend les attentes à contre-pied, les unes après les autres.

 

 

Ainsi, au bout d’un quart d’heure, un attroupement fixe un pont : « qu’est-ce qui est accroché ? Un engin de chantier ? Ça a bougé ? ». Le spectateur, lui, n’a pas le droit de voir. Et puis, si, un gros sac d’effets numériques dégoulinants, grossiers, tombe dans l’eau. Qu’est-ce que c’est que ça ? À peine a-t-il eu le temps de se poser la question, que le monstre en question, sorte de poisson à pattes, se jette sur les passants. Sans un pixel de travers. La bête est à découvert, la traque peut alors commencé, et le metteur scène de faire preuve d’un sens du rythme et de la narration déconcertant.

 



Encore une fois, il ne dynamite pas purement et simplement des codes imposés et/ou éprouvés, il jongle surtout aussi magistralement que subtilement avec les genres, n’en néglige aucun, les fait se rencontrer, se contaminer, s’affronter, et parvient à un dosage si parfait qu’il en devient presque gênant pour les autres films du même… ou plutôt des mêmes genres. En un plan, la scène de panique la plus impressionnante et la plus jouissive peut basculer dans le drame familial juste et touchant, avant qu’un humour noir et potache ne dérègle et dynamise encore le « bon » déroulement des évènements. La générosité semble alors être le seul moteur du film, et alors que le spectateur se sent logiquement à l’abri, Joon-ho Bong en profite pour lui asséner un shoot d’adrénaline dans la jugulaire ou de longues secondes le souffle coupé de peur. Le traître… qu’il recommence quand il veut.

Résumé

Film de monstre, drame social, portrait de groupe, comédie irrévérencieuse, charge politique, The Host est tout ça, et donc bien plus. Une expérience de cinéma ludique, intense, rare et donc vitale.

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