Critique : Uma História de Amor e Fúria

Nicolas Thys | 7 juillet 2013
Nicolas Thys | 7 juillet 2013

Depuis la Sinfonia Amazônica d'Anelio Latini sorti en 1953, premier long-métrage brésilien d'animation, le pays n'a guère brillé que par son absence sur le devant de la scène internationale, les quelques films produits depuis 60 ans n'étant guère à la hauteur. C'est donc avec une certaine joie qu'on découvrait au festival d'Annecy 2013, Uma história de amor e fúria qui a, par ailleurs, remporté le cristal du meilleur long grâce à un scénario exemplaire.

Le réalisateur, Luiz Bolognesi, était déjà connu mais en tant que scénariste et documentariste, très loin apparemment du cinéma d'animation. Il avait écrit La Terre des hommes rouges de Marco Bechis, sorti voici cinq ans déjà chez nous, sur la rébellion d'un groupe d'indiens amazoniens contre des entrepreneurs industriels. Juste avant, le scénario de Tourbillons, dont il a laissé la réalisation à Lais Bodanzsky, une des productrices de son film d'animation, parlait de personnes âgées qui se remémorent leur passé, vivent leur présent et se posent des questions sur leur futur incertain, tentant par dessus tout de vivre.

Le scénario de Uma história... c'est un peu ça : une histoire de passé, présent et futur, une épopée sur 600 ans au cœur du Brésil et de plusieurs de ses révolutions les plus importantes. C'est aussi une magnifique histoire d'amour, d'abandon et de retrouvailles entre un homme qui ne meurt jamais et la même femme qu'il rencontre à plusieurs reprises. Allier histoire d'un pays et de ses traditions et légendes avec une histoire digne d'un film comme The Fountain ou Cloud Atlas, en faisant tenir l'ensemble sur moins d'une heure et demi était une vraie gageure. C'est devenue une réussite tant tout y est direct et clair.

Certains lui reprocheront sa linéarité, pourtant agréable, la simplicité de ce qui se dégage, ou son animation un peu bancale à l'image d'une dernière séquence qui détonne un peu par rapport à une première partie magnifique, colorée et très homogène quoiqu'un peu trop statique. Qu'importe, ce film marque une date dans l'histoire de l'animation brésilienne : c'est le premier vrai bon dessin animé qui sort des studios et il égale amplement certaines productions 2D des studios Disney. De plus, il prouve que les frontières entre documentaire, animation ou fiction traditionnelle sont poreuses, les gens travaillant sur les uns pouvant se retrouver sur les seconds sans grand problème. On attend désormais de voir la suite...

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