Critique : Albator, Corsaire de l'espace

La Rédaction | 25 novembre 2013
La Rédaction | 25 novembre 2013

En période de fêtes, les films d'animation 3D débarquent sans crier gare, espèrent capitaliser sur les vacances et la tentation des parents de faire taire les plus jeunes. D'où le débarquement de pléthores de petits d'œuvres qui méritent souvent à peine ce qualificatif, opportunistes et réalisées à la va-vite. Le spectateur averti verra donc l'arrivée de cet Albator sorti un peu de nulle part comme un potentiel mauvais présage et craindra que le programme culte de sa jeunesse ne soit honteusement dévoyé sur l'autel du dieu dollar (ou yen en l'occurrence). Pour une fois le spectateur moyen aura tort, tant il sera bien inspiré d'abandonner sa famille pour se ruer dans les salles.

Pourtant, tout n'est pas parfait, loin de là. La réalisation correcte de l'ensemble peine parfois à se démarquer de ce que le jeu vidéo nous offre d'excellent depuis maintenant de nombreuses années, certaines sous-intrigues sont greffées puis expédiées avec une vitesse qui frise le je-m'en-foutisme, alors que d'autres se traînent en bavardise. Pas évident non plus de naviguer au sein du principal arc du récit, confus et handicapé par des répétitions qui le plombent et le rendent très chaotique.

Voilà pour les quelques griefs adressés à cet Albator. Hormis ces problèmes bien réels, force est de constater que le reste, c'est du tout bon. Si l'on mentionnait les carences techniques, la direction artistique, elle, est particulièrement classieuse. Référentielle, inspirée et d'une belle variété elle nous en met plein les yeux, à coups de décors grandioses et de costumes impressionnants. Malgré l'emphase typiquement nippone, les séquences d'action sont d'une belle vélocité et envoient constamment le feu car elles parviennent à conjuguer de concert les invraisemblables poses des héros, la classe spatiale des vaisseaux avec des chorégraphies complexes violentes et raffinées.

La grande réussite du film, c'est Albator lui-même. Beaucoup plus torturé que dans les séries originales, il n'est plus un « simple » corsaire élégant et taiseux, mais un leader torturé et secret dont le charisme plane sur tout le film même s'il est relégué au second plan par le scénario. Une très bonne idée, qui surprendra (dans le bon sens) les fans et permettra aux nouveaux venus de découvrir petit à petit ce héros, qu'ils mourront d'envie de retrouver sitôt les lumières de retour dans la salle.

On pourrait finalement ne voir dans cet Albator qu'un épisode surgonflé de la série animée. On n'aura pas forcément tort, il convient de préciser toutefois qu'il s'agit là d'un compliment. En effet, on pourra être reconnaissant à l'œuvre de ne jamais tricher pour faire du pied au public occidental mais d'essayer avec générosité de le sensibiliser à sa cause, sans en atténuer les outrances ou les folies. Nous voici donc face à un très grand spectacle, dont la grandiloquence et les exagérations tiendront lieu de véritable madeleine de Proust. Et si l'univers développé par ce reboot est clairement indépendant des sagas originales, nombreux seront ceux qui espéreront en découvrir rapidement une suite.

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