The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros - critique qui tisse dans un violon

Simon Riaux | 7 juillet 2018 - MAJ : 19/02/2020 18:01
Simon Riaux | 7 juillet 2018 - MAJ : 19/02/2020 18:01

The Amazing Spider-Man, reboot motivé uniquement par le désir de Sony de conserver les droits du personnage, s'était avéré insignifiant mais lucratif. La poule aux œufs d'or était donc de retour avec une suite censée offrir au studio l'opportunité de créer un univers extensible à la Avengers.

ON SE FAIT UNE TOILE ?

 

La mission qui incombe ici à l'homme araignée tenait du challenge kamikaze : séduire simultanément petits et grands, embarquer les fans de Twilight, réussir une avalanche de séquences d'action tout en préparant le terrain pour les éventuels Spider-Man 3, Venom et autres Sinister Six. Voilà qui explique sans doute que le métrage s'étale sur 141 minutes, se préoccupant plus des cases qu'il doit cocher que de sa matière première : les personnages.

 

Tous sont sacrifiés sur l'autel de l'efficacité cool. Andrew Garfield est un nigaud bourré de tics, Emma Stone se prend pour Jean-Paul Sartre, tandis que Jamie Foxx rend un vibrant hommage au Robert De Niro du Fan. Seul Dane DeHaan tire mollement son épingle du jeu (du moins jusqu'à sa pathétique transformation), même s'il joue de toute évidence dans un autre film que ses petits camarades.

 

 Dane DeHaanOuuh qu'il est vilain

 

Réduits à des marionnettes pathétiques, les personnages n'ont plus qu'à s'affronter dans d'interminables joutes numériques, aussi abouties techniquement qu'irrécupérablement laides. Car si Marc Webb avait fait preuve d'une certaine retenue dans le précédent film, il ose beaucoup plus de choses dans The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros. Et le résultat n'est pas beau à voir.

 

TISSE MOI PAS DANS LES YEUX !

 

Pillage en règle de Matrix, vannes lourdingues, bad guy électrique porté sur le dubstep et toiles d'araignées transformées en outils de drague, le réalisateur compose un ahurissant catalogue de fautes de goûts. Jusque dans ses dialogues, l'inanité de l'ensemble se fait sentir et finit par handicaper lourdement le jeu des comédiens, que l'on a pourtant tous connus très bons ailleurs.

 

LOL. Non.

 

L'ensemble ne serait pas si irritant s'il offrait au spectateur un minimum d'enjeux dramatiques. Hélas ces derniers n'interviennent que dans les quinze dernières minutes du film et s'articulent autour d'un rebondissement connu de tous les lecteurs du comics. La charge dramatique de cette ultime bobine, loin de nous toucher, agace plutôt, tant les dialogues ont pris soin d'en souligner l'arrivée deux heures durant. Peut-être eut-il été plus pertinent de s'inquiéter de l'évolution de nos héros, plutôt que de les empêtrer dans un script de bleuette adolescente resucée de Twilight.

 

 

Résumé

Écrit avec un cynisme sidérant et réalisé avec un je-m'en-foutisme inédit, The Amazing Spider-Man 2 est un des plus mauvais films de super-héros jamais vu.

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Lecteurs

(3.6)

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commentaires
Spidy
07/08/2021 à 16:52

J'avais adoré à l'époque, je ne comprends pas les critiques si negatives, d'autant plus que les derniers avec Tom Holland sont 10 fois pires.

Flo
18/02/2020 à 15:16

On pourrait résumer "Amazing Spider-Man 2" facilement en disant qu’il est juste meilleur que le 1. Mais ce ne serait pas assez suffisant.

Lorsque Mark Webb annonçait revenir pour la suite, on pouvait se dire que, après le coté assez « intimiste » du premier film (coincé il est vrai, à l'époque, entre "Avengers" et "The Dark Knight Rises")... il serait presque normal qu’on ait droit à une suite à la "Aliens le Retour", un peu plus sombre mais avec plus d’action, d’humour, de vilains, de Tout.
Prière entendu, Webb a décoincé ses capacités de filmeur pour tenir la comparaison visuelle avec Sam Raimi. Quitte à faire un film ayant beaucoup de points communs avec le 3. Le retour sur la mort d’un parent, une séparation amoureuse, Electro en ennemi « élémental » à la place de l’Homme Sable, Harry en mix de la version Franco et de Venom…
Mais c’est au jeu des comparaisons que les différences entre les versions ont enfin fait jour de manière plus claire. A savoir que dans la version Raimi, les personnages sont plus guidés par le hasard, créant de nombreuses incohérences et facilités scénaristiques (le pire étant l’arrivée du symbiote sur terre), mais généralement passées sous silence par le public grâce au talent et l’énergie du réal.
La version de Webb, avec son plan à long terme pour une franchise au nombre d’épisodes quasi préétabli, reposerait alors plus sur la notion de… destinée. Comme quoi, le titre français n’était pas aussi tarte que ça, il est même assez juste.

Le destin de Peter Parker se révèle ainsi de vivre hanté par les morts inévitables de ces proches, signe des héros les plus grands, et donc les plus proches de l’immortalité. Comme « rupture » avec l’autre version, Ben Parker y est moins évoqué que George Stacy ou Richard Parker. La quête autour de son père révèle insidieusement à Peter que lui seul aurait pu hériter du fardeau de l’araignée, seul ses choix personnels en étant la clé. Au passage il récupère aussi un sympathique QG, en espérant un jour le trouver un peu plus vautré dans la création scientifique (on ne le voit pas vraiment créer son fluide, bizarre).
Andrew Garfield continue à rendre justice à l’image générale de Peter telle qu’établie dès son origine n’en déplaise à ceux qui pensent autrement, toujours farceur et iconoclaste, maladroit et un peu charmeur sans être vraiment « beau ». Un fan et un lecteur, mais souvent ça ne suffit pas. Mais un bon acteur, heureusement. Tobey Maguire aurait pu en faire autant si on l’avait laissé faire, j’en suis sûr.
Le destin de Gwen est lui inscrit et évoqué tout au long du film, de sa première à sa dernière scène. Encore ce sont ses choix personnels qui font que les choses se passent tel qu’on s’y attend, particulièrement les vieux lecteurs connaissant son histoire en long et en large pour avoir été ressassée un nombre incalculable de fois.
Emma Stone a néanmoins pour elle de la jouer plus courageuse et intelligente, son duo complice avec Garfield étant énergique et savoureux, et justifiant son développement autrement que d’un point de vue pur et innocent.
Cette version d’Electro est intéressante car elle fait référence à deux facettes du vilain. Ces débuts en ringard, Jamie Foxx renouant avec un comique qu’il n’avait pas beaucoup pratiqué depuis ses débuts, font assez référence à l’Electro « voyou », n’étant toujours qu’une menace mineure pour Spidey, le temps de trouver comment neutraliser ses pouvoirs. C’est aussi le cas lors de sa transformation, filmée de manière très violente et faisant le lien avec l’idée d’ennemi homme-animal pour l’araignée.
Mais lorsqu’il est Electro, son potentiel de destruction se rapproche plus de la version des comics actuels, tellement dangereux qu’il peut faire tomber des avions et détruire des villes. On se demande alors plusieurs fois comment faire pour arrêter un être énergétique, capable même de se dématérialiser (avec ses vêtements) ? Une menace d’un niveau cinématographique terrible.
Le personnage finit aussi par mettre en relief deux détails intéressants:
le fait que les New-Yorkais qui adulent Spidey peuvent le faire au détriment de ceux qui paraissent plus monstrueux et différents (les critiques contre l’araignée paraissent alors d’autant justifiées). Max Dillon étant lui aussi un fan, pas stable;
et le fait qu’on en n’ait un peu fini avec les "vilains malgré eux", pas toujours appropriés chez Raimi surtout.
Ainsi les Osborn y sont bel et bien et littéralement pourris jusqu’à l’os. Leur destin s’y écrit toujours dans le sang des autres, hélas, et Harry comme son père n’y coupe pas. Dane DeHaan la joue un peu comme une version gosse de riche de son personnage de "Chronicle", mais sa violence rentrée est toujours assez impressionnante. Il y aurait eu peu de chance que Peter et lui reste vraiment amis. Peut-être s’il n’y avait pas eu d’éloignement.
A noter que Norman Osborn a quand même bien droit à sa scène en « Bouffon Vert », dans un genre particulier. Et qu’il n’est pas sûr qu’on en est fini avec lui.
Au passage Oscorp et Ravencroft s’imposent un peu comme l’équivalent du SHIELD pour le potentiel"Spidey Cinématic Universe". 108 étages d’une tour et un asile rempli d’expérience dangereuses, pauvre New York !
Pauvre employés aussi, réduits à de simples fourbes peu expressifs, ou trop dans le cas d’un Kafka qu’on espère vite disparaître et être remplacé par sa femme ou une soeur nommée Ashley. Le défaut hélas jamais corrigé par tous les films "Spider-Ma"n, les personnages les plus secondaires sont sans saveurs. A part peut-être cette "mystérieuse" Félicia…
Pas le cas en vérité du Rhino, celui-ci ne reposant que sur la force brute et sans trop de reliefs scénaristique dans les comics, c’est étonnant que Raimi lui même ne l’ait jamais mis en guest dans ces films. Avec lui, ça marche bien.
Pour finir avec le cast, Sally Field se fend de plus de scènes signifiantes et émotives. Elle nous montre aussi que ce qui compte le plus dans la famille ce n’est pas de regretter les absents, mais plutôt de compter sur ceux qui sont toujours présents pour vous aimer. Gâteuse la tantine ? Jamais de la vie !

La mise en scène de Webb se montrant enfin à la hauteur de celle de Raimi, les images sont plus vives et percutantes, les scènes de voltige encore plus vertigineuses. Et le tout se marrie assez bien avec une New York filmée réaliste (et live). Jusqu’à une scène dans une horloge, hautement symbolique et énergique, que n’aurait pas renié le cinéaste d’"Evil Dead".
Et la musique de l’équipe d’Hans Zimmer se fait ici très expérimentale, avec un joli thème claironnant dans la lignée de celui de James Horner. Pas toujours percutant à l’oreille, mais pas mauvais non plus. Un peu trop la norme des musiques de films ces derniers temps quand même.

Pour finir, disons que "TASM 2" aurait pu être le meilleur des films Spider-Man, s’il n’avait pas été fragilisé par une promo beaucoup trop agressive, et des réactions exagérées à la hauteur de tout ce battage.
Reste à attendre de voir si le temps retiendra ce film comme un simple épisode de plus à gros sous. Ou bien comme un blockbuster pop et visuel cachant en son sein une vision de l’héroïsme funèbre et assez pessimiste.
A savoir que le prix à payer pour de tels héros sera toujours la solitude et la mort alentour, quel soit leur volonté. Et qu’il faut l’accepter pour continuer à faire ce qu’on sait faire le mieux: aider à protéger les gens.
La fin de l’innocence, bel hommage à Gerry Conway.

Rudy Mako
09/07/2019 à 04:53

Les Spiderman avec Garfield sont meilleurs que ceux De Tom Holland, que je trouve trop molasses

Jérôme
08/07/2019 à 12:16

En phase, ce film est une purge. Et en VF, le bad guy est simplement atroce. On retiendra tous par contre la scène du saut dans le vide.

Marc
08/07/2019 à 06:05

Quelques points de la critique qui interpellent:

"La mission qui incombe ici à l'homme araignée tenait du challenge kamikaze : séduire simultanément petits et grands [...]* réussir une avalanche de séquences d'action tout en préparant le terrain pour les éventuels Spider-Man 3..."

Attirer un large public, proposer des séquences d'actions et placer ses pions pour d'éventuelles suites, cela n'a rien d'exceptionnellement cynique pour un blockbuster hollywoodien. A ce jeu-là, TASM2 est d'ailleurs loin d'être le plus racoleur du lot.

*"[...]embarquer les fans de Twilight[...]"

Déduction personnelle ? Car le genre super-héros n'a pas vraiment attendu après Twilight pour attribuer à ses personnages des romances au minimum compliquées, avec ce que cela implique en incertitudes, ruptures, etc...

"Pillage en règle de Matrix,[...]"

L'occasion d'utiliser une technique ayant graphiquement fait ses preuves pour donner un autre point de vue sur le fonctionnement du spider-sense. (Mais dans ce cas, le premier Spider-Man pillait déjà Matrix, ce qui est encore plus problématique et cynique pour le coup).

"[...]vannes lourdingues,[...]"

Spider-Man, n'est, en effet, pas le héros à l'humour le plus subtil qui soit. De là à y voir une faute de goût, tant la tchatche et le répondant sont souvent indissociables du personnage.

-[...]toiles d'araignées transformées en outils de drague[...]

Rien d'ahurissant là non plus normalement, ce n'est pas la première fois qu'il est possible de voir un super utiliser l'un de ses pouvoirs dans un contexte plus sentimental (le vol nocturne de Superman avec Lois, Peter Parker et MJ à la belle étoile dans Spider-Man 3...). L'idée de la toile est même exploitée assez astucieusement, en prenant compte de l'architecture New-Yorkaise et renvoyant à la séquence de révélation du premier TASM, là où la toile servait à Peter pour avouer ses sentiments (et son secret) à Gwen. Avec une écriture et une réalisation plus paresseuse, un SMS aurait largement fait l'affaire. Là ils ont préféré utiliser les capacités du personnage, ce qui n'est pas l'idée la plus je-m'en-foutiste qui soit.

Gregdevil
07/07/2019 à 23:43

Et encore. Vous êtes trop généreux dans votre note.
Du niveau d'un Catwoman de Pittof.
Quel honte un traitement pareil

Greg
07/07/2019 à 23:34

En effet affreux, alors que le premier Amazing était pas désagréable.

Flash
07/07/2019 à 22:51

Encore pire que le premier, a le mérite de remporter le titre de pire Spiderman version cinéma.

Number6
07/07/2019 à 21:44

Alors pas taper pas taper hein, mais j'adore ces deux amazing spidey, et encore plus ce second. Évidemment, Sam raimi tutoie les cimes, et même un spidey 3 décrié sera toujours meilleur que la plupart des films de superslips, mais j'ai une affection pour Garfield en spider cat.

Geoffrey Crété - Rédaction
07/07/2019 à 21:40

@patman

Aucun problème à entendre votre avis, on ne prend pas ça comme un jugement mais une discussion cinéphile :)

Et on est parfaitement capables d'aimer un spectacle pour le fun. Mais sachez que lorsque c'est le cas, comme sur Thor : Ragnarok, on nous reproche alors d'être trop bon public, d'avoir des goûts douteux, d'être payés par Disney etc. Preuve que peu importe ce qu'on dit et pense, on nous collera une étiquette ;)

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