Critique : The King of pigs

Simon Riaux | 24 mai 2012
Simon Riaux | 24 mai 2012
The King of pigs de Shang-ho Yeon était l'un des candidats idéaux au buzz intempestif cannois. Petit film d'animation coréen annoncé comme particulièrement retors, violent et inspiré de l'œuvre de Park Chan-wook, il était l'un des principaux candidats au titre du film venu d'Asie poutrant copieusement sa maman. Hélas, de bonnes intention et une évidente volonté de bien faire ne suffisent pas toujours à rattraper de lourdes carences narratives et techniques.

Il y a avait pourtant de quoi faire avec le récit croisé des mésaventures de deux boucs émissaires maltraités par leur camarades collégiens, et leur retrouvailles quelques quinze années plus tard. D'autant plus que le scénario suit une orientation des plus sombres, beaucoup plus pessimiste et subversive qu'un simple ride vengeur transposé dans le monde adolescent. En effet, les deux héros de dessin animé vont découvrir à leur dépens que tenter de se rebeller contre les cadors de leur classe de cinquième ne leur apportera ni répit, ni salut, mais les enfermera dans une implacable spirale de violence physique et morale. Un point de vue radical, à la limite du désespoir, qui interpelle le spectateur, et ne manquera pas de faire rejaillir chez chacun quelques douloureux souvenirs associés à une époque qu'on a tort de qualifier d'insouciante.

C'est hélas le seul véritable point du fort du film. Car si le découpage sait se montrer incisif et dynamique, voire inspiré, on oublie souvent qualité devant la laideur générale de l'ensemble. On a beau savoir qu'il s'agit là d'une œuvre modeste, les difficultés techniques et/ou budgétaires rencontrées en cours de route pèsent bien peu de chose face au désagrément de se coltiner une animation indigne d'un anime eighties, des proportions qui nous fileraient la nausée même sous LSD, et un trait au mieux grossier. Une esthétique déficiente dont il devient très dur de faire abstraction, puisque le film s'étire sur près d'une heure quarante, en multipliant les flash-back à un rythme qui alourdit inutilement la narration, et n'en rend les retournements et twists que plus prévisibles.

The King of pigs devait être une petite bombe énervée et dépaysante, mais s'avère un dessin animé quelconque, dont la lourdeur confine parfois à l'hystérie, et que l'on se plaît à imaginer transposé en live, où son impact se retrouverait démultiplié. Mieux vaudra revoir ou relire Sa Majesté des mouches, dont la puissance est toujours intacte, et le propos beaucoup plus fouillé.

Résumé

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