Critique : Reality

Sandy Gillet | 18 mai 2012
Sandy Gillet | 18 mai 2012

On avait laissé Matteo Garrone il y a quatre ans nantis d'un Grand prix du jury à Cannes pour Gomorra, on le retrouve à nouveau aujourd'hui sur la croisette et le 22 août dans les salles avec ce film dépeignant les effets pervers de la télé-réalité sur des citoyens ordinaires. Luciano (Aniello Arena, candidat au prix d'interprétation et accessoirement purgeant une peine de prison depuis 1993) habite au cœur de Naples avec toute sa fratrie. Poissonnier de son état il arrondit ses fins de moi avec des petites arnaques qu'il a montées avec sa femme. Personnage haut en couleur et aux boniments faciles, il participe au casting d'une émission de télé-réalité pour faire plaisir à ses enfants. Se prenant littéralement au jeu, sa vie bascule alors dans une sorte de quatrième dimension où plus rien ne compte sinon de pouvoir effectivement faire partie de la prochaine saison.

À la différence de Garrone qui semble rester à la surface de son sujet préférant plutôt porter son attention à la composition de ses plans et le clinquant de sa mise en scène animée par une caméra toujours en mouvement. À l'image de la séquence aérienne d'ouverture d'une inspiration toute fellinienne (on pense fortement à l'intro de 8 1/2) qui donne le LA de ce qui va suivre jusqu'au dernier plan élégiaque. Pour autant Garrone s'attache par petites touches à bien rendre compte de tous les signes avant-coureurs de la folie galopante de son personnage. Bien aidé par son comédien qui dégage un vrai charisme, il arrive ici mais seulement ici à illustrer son propos à charge renvoyant  à nouveau à Fellini et un peu à Mastroianni dans Intervista.

Au-delà, la volonté du cinéaste était évidente : montrer toute la perversité de ce désir obsessionnelle à vouloir participer à ce Loft Story italien alors que tous évoluent au quotidien dans une sorte de Truman Show. L'intention pouvait paraitre louable sur le papier mais se crashe en vol à l'écran car la micro société dépeinte n'est que la caricature d'une Italie du sud que l'on donne en représentation aux touristes. Toute la limite de cette imagerie fellinienne décrite plus haut finalement. Reste donc un film qui veut recoller un tantinet avec l'âge d'or de son cinéma à l'instar de ce plan qui découvre de façon progressive et ample les Studios de la Cinecitta dévolus dorénavant aux castings et autres plateaux d'émissions de la télé réalité. Toute l'ambition malheureusement contrite et frustrante du film tient dans ce seul plan.

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