Critique : Happy feet

Stéphane Argentin | 4 décembre 2006
Stéphane Argentin | 4 décembre 2006

Huit ans après Babe, le cochon dans la ville (il avait également coécrit le scénario du premier en 1995 sans toutefois le mettre en images), le réalisateur d'origine australienne George Miller, devenu mondialement célèbre grâce à sa trilogie Mad Max (en même temps qu'un certain Mel Gibson), rempile dans le monde animal mais cette fois-ci dans le domaine de l'animation 3D en compagnie de manchots et plus particulièrement l'un d'entre eux, Mumble, et ses Happy feet (littéralement « Pieds joyeux »).

Si la plupart des longs-métrages d'animation 3D se retrouve vite rangé dans la catégorie « démo technique » ou bien « histoire gentillette » (quand ce n'est pas la combinaison des deux), plus rares sont ceux qui parviennent à concilier la réussite 3D et un scénario qui tient la route d'un bout à l'autre. Et si jusqu'à aujourd'hui, un seul studio affichait un sans faute à ce niveau (on ne fera pas l'affront ici de prononcer à nouveau son nom), il faudra désormais compter avec une réussite supplémentaire. Toutefois, à la base, le pari de Miller est triplement risqué : à la croisée entre film d'animation 3D, fable écologiste et comédie musicale, son Happy feet n'émerveillera pas forcément tout le monde (premier exemple au sein même de la rédac avec Julien).

Cependant, pour peu que l'on adhère à ces différents partis pris, le charme opère alors dès les premières images et pour les 1h40 qui suivent, auxquelles s'ajoutent pratiquement dix minutes de générique de fin. Mais il faut bien cela vu la prouesse technique qui réussirait presque à supplanter le Pixar annuel, Cars. Un constat qui n'a toutefois rien de surprenant puisqu'un certain « RenderMan » apparaît au sein dudit générique, soit ni plus ni moins que le fameux logiciel maison mis au point par Pixar. Dans ces conditions, autant dire que le résultat à l'écran est une véritable claque de tous les instants et que le rendu frôle d'un bout à l'autre le photoréalisme, le tout magnifié par la mise en scène d'une fluidité sidérante de Miller qui filme le tout comme un véritable long-métrage (il faut vraiment voir pour le croire la vitesse à laquelle défilent les scènes de « grand huit »).

Mais par delà la « simple » réussite technique, le véritable point fort de Happy feet se trouve dans le périple que va devoir traverser ce manchot marginal : il n'a pas la voix d'Elvis mais il a son jeu de jambes, le personnage de Lovelace étant par ailleurs une référence directe au célèbre King tandis que la mère de Mumble, Norman Jean, est bien entendu une autre référence à la croisée entre cinéma et chanson (pour ceux qui l'ignoreraient encore, il s'agit du nom de naissance d'une certaine Marilyn Monroe). D'un côté on retrouve ainsi plusieurs aspects du docu animalier : accouplement, protection de l'œuf, recherche de nourriture, danger des prédateurs… qui ne seront d'ailleurs pas sans rappeler une certaine Marche de l'empereur. Un comparatif que Miller écarte très aisément : « Le film a été conçu bien avant La Marche de l'empereur ». Rappelons ici en effet qu'il faut en moyenne 4 à 5 ans pour qu'un long-métrage d'animation 3D ne voit le jour.

De l'autre, parfaitement combinés au sein de ce voyage initiatique, on trouve les intermèdes musicaux. Pour ce second point, Miller n'a là encore pas fait les choses à moitié en s'adjoignant les services de chorégraphes et de danseurs (en plus des spécialistes de la banquise et des manchots pour les aspects purement animaliers), ces derniers ayant par ailleurs servi de références lors des différentes sessions de motion capture. Le résultat à l'écran est alors tout bonnement digne des plus grandes comédies musicales et l'on ne pourra que fondre littéralement devant les petits petons et autres déhanchés qui se trémoussent dans tous les sens sur des titres ultra connus de tous horizons remixés pour l'occasion dans certains cas et interprétés par les doubleurs eux-mêmes.

Le casting vocal de la VO n'est plus alors que le nappage au sommet de cette immense crème glacée où l'on pourra éventuellement tout juste reprocher un message écolo un peu trop appuyé lors des 30 dernières secondes alors que le propos n'était que sous-jacent jusque là (Miller a-t-il vraiment eu le choix pour un film financé par une Major et budgétisé à quelques 100 millions de dollars ?). Un léger bémol qui n'entache toutefois en rien la réussite de l'ensemble, Happy feet étant bel et bien le meilleur film d'animation vu depuis fort longtemps et, dans tous les cas, le meilleur de 2006.

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