Dream House : Critique

Simon Riaux | 23 septembre 2011
Simon Riaux | 23 septembre 2011

Il est des films dont on est bien en mal de comprendre ce qui a provoqué leur mise en chantier. 

Peu importe le nombre d'oeuvres visionnées, de chefs d'oeuvres portés aux nues ou de nanars étrillés, certaines créations demeurent intrinsèquement énigmatiques, tant rien ne semble justifier leur existence, ni aucune excuse venir absoudre leurs auteurs. Le critique honnête, désireux de faire son boulot plutôt que d'accrocher une nouvelle carcasse filmique à son tableau de chasse, est alors pris d'un dangereux vertige face à l'abîme d'interrogations qui se révèle sous ses pas. Dream House est de ces films dont strictement aucun élément ne s'accorde, dont chaque partie vient contredire bêtement les précédentes, où les talents des intervenants semblent agir comme autant de puissances soustractives.

 

 

On se demande tout d'abord de quoi parle l'histoire qui nous est contée. Pas de chance, cette dernière est parfaitement incohérente. Daniel Craig essaie de nous faire croire à son personnage de schizophrène revenu sur les lieux de son crime, qui découvre petit à petit la réalité sur son identité, mais le pauvre paraît rapidement aussi ahuri que le spectateur par les directions qu'emprunte le script. Il n'est pas aidé par Rachel Weisz, qui pince pourtant les lèvres avec talent, ni par Naomi Watts, plus déprimante qu'un répondeur de banquier. Tout ce petit monde joue faiblement et sans direction aucune, au gré des bouleversements du scénario, tantôt thriller, parfois fantastique, drame psychologique à ses heures, voire vaudeville déviant.

 

 

 

Le long-métrage finit par laisser littéralement pantois, tant chacun de ses composants va contre le bon sens. Qu'il s'agisse des costumes (le combo veston de cuir + chemise de pasteur devrait rester dans les anales du mauvais goût), de la lumière, voire du découpage absurde de certaines séquences (tous les jeux de miroir tombent tristement à plat), l'ampleur du ratage est colossale. À tel point qu'on a finalement le sentiment que les auteurs du long-métrage ne sont tout bonnement jamais allés au cinéma, tant ils vont d'outrances embarrassantes en clichés affadis. À ce titre, il y a de quoi rester scié par le rebondissement final, asséné avec un sérieux malvenu, quand il ferait un très bon gag chez les frères Coen.

Au final, Dream House rappelle les glorieuses heures du Tourist, un autre estomaquant ratage. 

 

Résumé

On se demande comment Jim Sheridan (Au nom du père), son équipe, et ses comédiens ont pu de leurs talents conjugués aboutir à pareil naufrage.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(4.5)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire