50 / 50 : Critique

Laure Beaudonnet | 6 octobre 2011
Laure Beaudonnet | 6 octobre 2011

Sans aller jusqu'à dire que 50/50 donne envie d'avoir un cancer, rares sont les films qui traitent de la maladie avec autant d'humour et de justesse. 

Adam - a.k.a Joseph Gordon-Levitt -, jeune journaliste de 27 ans, en couple avec Rachael, une sacrée punaise égocentrique, découvre avec stupeur qu'un cancer lui ronge la colonne vertébrale lors d'une visite de routine pour des simples maux de dos. 50/50 : quitte ou double. 50% de chances d'y rester, en somme. Un bien bel ingrédient pour concocter une comédie légère, dira-t-on. Adam avance sur le chemin de la chimiothérapie qu'on pourrait aussi appeler "descente aux enfers", accompagné de son meilleur ami, Seth Rogen (Kyle dans le film), un rustre un peu maladroit qui s'efforce de voir le positif partout, même devant le pire. "50% de chances, au Casino, tu fais un carton !", rassure-t-il son pote à l'orée de la mort. Une recette inattendue qui slalome à la perfection dans des registres variés. 

 

 

Jamais le film ne tombe dans le pathos, ni dans la caricature. 50/50 est une comédie atypique qui aborde des questions difficiles avec une finesse étourdissante. Adam passe par chaque étape de la pathologie: de la perte des cheveux, aux vomissements, en passant par l'impuissance sexuelle, la fatigue, l'irascibilité et l'hystérie. Comment garder espoir quand on découvre son compagnon de chimio tirer sa révérence sans prévenir? Comment esquisser un sourire lorsque la faucheuse guette à chaque instant ? 50/50 montre surtout que toute situation - même tragique - possède un capital comique extraordinaire, encore faut-il le percevoir ou vouloir s'y faire tirer. D'ailleurs, le réalisme du film n'a rien d'un hasard puisque le scénariste, Will Reiser, a lui-même fait l'expérience de la maladie.

 



Le binôme Adam/Kyle fonctionne à merveille. Ils se répondent en permanence : alors qu'Adam se dévoile fragile et introverti, Kyle est exubérant, brasse du vent pour étouffer la réalité. La confrontation de ces deux figures antinomiques crée des séquences à convulser de rire. 

Au-delà de la sensation de solitude ressentie par Adam, le film révèle un point essentiel inhérent à ces charnières de l'existence: la réaction d'autrui. Les masques tombent. Certains déçoivent, d'autres, au contraire, surprennent. L'adversité fait le ménage qu'on le veuille ou non. Dans une atmosphère intimiste dont le ton s'alourdit au fil de l'intrigue, on s'incline devant la précision du propos. 

Résumé

50/50 tire profit du caractère dramatique des événements pour servir un objet cinématographique inqualifiable. Beau.

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