Critique : Gigola

Laurent Pécha | 19 janvier 2011
Laurent Pécha | 19 janvier 2011

Des films du calibre de Gigola, il y en a peu dans l'Histoire du cinéma. Et souvent, rien ne vous prépare, même une bande-annonce totalement moisie, à ce que vous allez vivre durant presque deux heures. Bien accompagné (merci Caro), vous pouvez alors passer un moment délicieux et inoubliable les yeux écarquillés, en vous demandant comment ils ont pu faire « ça ».

Et ce « ça » dans Gigola, cela consiste à vous plonger dans une réminiscence d'un porno soft allemand (oui, oui, celui que vous matez en zappant sur RTL9) sublimé par la musique de chambre du mari de Chantal Goya (mister Debout qui pour le coup mérite vraiment qu'on se lève pour avoir créé un tel score) où des acteurs respectés font n'importe quoi sans réaliser qu'ils peuvent flinguer une carrière avec de telles images.  Comme celle de voir l'une des muses d'Almodovar, Marisa Paredes, se faire prendre le cul par la canne de Lou Doillon en poussant des râles de plaisir tout en ayant le droit à de grossiers inserts fesses - celles que la comédienne avait... il y a 20 ans ! L'autre Marisa du film (Berenson) n'est pas en reste : l'ex Madame Barry Lyndon continue après Cinéman sa descente aux enfers cinématographique et il serait temps que quelqu'un dans sa famille ait la présence d'esprit ou la décence de lui demander d'arrêter le massacre. Les amoureux de Pedro seront aussi ravis de découvrir que Rossy de Palma sucre désormais les fraises en rendant un pathétique hommage au Joel Grey de Cabaret.

Côté mâles, c'est à l'avenant avec un Thierry Lhermitte venu nous rappeler que depuis Le Loup-garou de Paris, il ne craignait plus rien dans le ridicule. Et puis, il y a Eduardo Noriega, acteur espagnol, interprétant le plus sérieusement du monde en français un mafieux corse d'origine italienne !!! Est-il utile de préciser que chacune de ses apparitions et répliques frise l'anthologie du burlesque !

Sous la caméra inexpérimentée de Laure Charpentier - ah ce plan de Paris des années 60 avec son logo Hôtel Kyriad mal caché -  qui nous rappelle que la France est peut être le seul pays où n'importe qui peut devenir réalisateur en prétextant une quelconque légitimité (ici, elle a écrit le livre dont s'inspire le film), Gigola multiplie les indigences effarantes rappelant les fantômes d'un certain Antonio Vivaldi, un prince à Venise. Sommet de vulgarité, affabulée de dialogues que même un nanar n'oserait proposer, l'œuvre a toutefois un grand mérite : réussir l'exploit d'épargner Lou Doillon. La comédienne, pourtant constamment au cœur du récit, parvient à sortir presque indemne du naufrage. Une sacrée performance !

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