Critique : La Fille du puisatier

Sandy Gillet | 19 avril 2011
Sandy Gillet | 19 avril 2011

Retrouver pour la première fois Daniel Auteuil derrière la caméra n'est pas si surprenant que cela et encore moins devant dans un rôle issu du grand répertoire de Marcel Pagnol. Il est en terrain connu et le bougre s'en sort au final pas trop mal. On dira qu'il faut se lever de bonne heure pour saloper du Pagnol. Mais quand on regarde avec plus d'attention cette production de « qualité française » (certains diront pétainiste... on les laissera macérer dans leur connerie) qui jalonne malheureusement notre cinéma (en vrac et en ne remontant que de quelques années en arrière, on pense à Jacquou le Croquant,  Le Grand Meaulnes, Arsène Lupin, Belphégor, Le Bossu, Le Hussard sur le toit...), il est évident que La Fille du puisatier évite pas mal d'écueils d'un « genre » il est vrai peu servi depuis la disparition de Claude BerrI et autre Yves Robert.

Pour autant, d'autres diront à quoi bon ? Pourquoi vouloir s'arcbouter sur une histoire  certes universelle mais disposant déjà d'un écrin cinématographique devenu depuis un classique ? Mais peuchère, et pourquoi pas ? Et si Auteuil n'avait qu'une envie, celle de revenir dans sa Provence natale afin de se faire plaisir sans pour autant dénaturer ce qui fait partie de notre patrimoine ? Et si cela pouvait permettre à la « jeunesse » de découvrir un cinéma, des textes, des dialogues, une région... pour lesquels ils ne feraient peut-être pas l'effort à cause du N&B et d'une bande son d'un autre temps (les cons) ? Ce ne serait déjà pas si mal d'autant que le résultat est donc loin d'être inintéressant allant même jusqu'à « moderniser » d'une façon intelligente la mise en scène plus statique (théâtrale diront d'autres) de Pagnol. Une gageure d'autant plus compliquée que le casting se devait d'être exemplaire. Si ici le pari ne pouvait à l'évidence soutenir ne serait-ce que la comparaison, il faut tout de même saluer la prestation de la jeune Astrid Berges-Frisbey (que l'on reverra en sirène létale dans Pirates des Caraïbes 4) bien plus convaincante que Josette Day (la belle de La Belle et la bête de Cocteau) à l'interprétation bien trop précieuse même pour les canons de l'époque. Quant à Kad Merad, certes il ne peut faire oublier Fernadel, mais il arrive malgré tout à donner à son personnage une très belle humanité alors qu'Auteuil, en étant fidèle à lui-même, permet au père que Raimu habitait de toute son âme, d'exister tout simplement. Le seul vrai point noir finalement est Nicolas Duvauchelle peu à l'aise en fils de petit bourgeois et pilote militaire, censé faire craquer la pucelle de puisatière. Mais comme on ne le voit pas tant que cela...

Auteuil réussit donc son entreprise qui pouvait paraître présomptueuse sur le papier dans la mesure où le tout dégage une belle sincérité capable d'émouvoir et d'entretenir avec humilité la flamme du cinéma de Pagnol. D'autant qu'il a décidé de se concentrer sur le texte et les dialogues sans jamais vraiment s'appesantir sur la période historique (la défaite de la France en 1940). Et si derrière on en profite pour (re)découvrir les films de Pagnol, nous on dit alors merci Monsieur !

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