Critique : Halal, police d'Etat

Plus encore que sur scène avec leurs spectacles ou à la télévision avec H et Moot-Moot, Eric et Ramzy sont uniques en leur genre au cinéma. C'est là que leur humour y est le plus théorique. De La Tour Montparnasse infernale à Seuls Two, ils ont fait du grand écran leur bac à sable, cassant un jouet toujours plus gros, passant d'un gratte-ciel à la ville de Paris tout entière. Avec au passage quelques dizaines de millions de budget. Halal police d'Etat est leur troisième scénario à deux, mais surtout leur première mise en pratique, leur première ré-création. Pas de théorie fumeuse, de « plus c'est nul, plus c'est génial », le duo a juste fait n'importe quoi, pété les plombs, pris toutes les libertés. De quoi faire rire un peu, beaucoup, le public, et, pour ce qui nous intéresse, de tester les limites de leurs fans. Car pour les amoureux d'Eric et Ramzy, le film est un challenge de tous les instants.

Avec sa parodie de polars américains, Halal police d'Etat semble se situer au niveau de La cité de la peur des Nuls et Mais qui a tué Pamela Rose ? de Kad et O, mais c'est pour mieux terminer avec La soupe aux choux et L'extraterrestre. Ne vous inquiétez pas, rien de grave, et surtout, rien de plus normal. De l'écriture au tournage, ils ne semblent s'être rien interdit, ni même refusé. Mais, de fait, leurs cerveaux n'ont pas digéré, à peine mâché, juste vomi à l'écran. C'est donc mal torché, parfois improvisé, souvent hilarant et toujours sidérant. Comme s'il s'agissait de l'adaptation cinématographique de leur spectacle jusqu'au-boutiste ÉrickéRamzy, d'un épisode raté de H, d'une session d'écriture ou de doublage de Moot-Moot. Bah merde quoi, ça passe d'Avatar à Lorànt Deutsch puis un Furby ! Il ne faut pas le voir pour le croire, mais juste pour rire.