Critique : Le Nom des gens

Sandy Gillet | 16 mai 2010
Sandy Gillet | 16 mai 2010

Comédie sociale et politiquement engagée, Le nom des gens est le genre de film qui ne court plus trop les rues du cinéma français. Et pour cause. Michel Leclerc, dont c'est le deuxième long en tant que scénariste / réalisateur, reprend à son compte le débat nauséeux actuel sur l'identité nationale pour en donner une interprétation militante, rassurante et rafraîchissante.

Militante puisqu'abordée d'une manière frontale et sans rien cacher sous la moquette de la mosquée du coin. Le prétexte ? Une jeune femme extravertie au nom à consonance arabe (aux parents mixtes) n'hésite pas à utiliser ses charmes naturels pour convertir à sa cause socialiste et humaniste, tous les fachos qui pourraient lui tourner autour (entendre par là tous ceux qui votent à droite). Et si la croisade est ambitieuse au vu du nombre, les convertis son réels. Jusqu'au jour où elle tombe sur Arthur Martin (Jacques Gamblin irrésistible) qui avec un tel patronyme forcément pas très catholique à ses yeux constitue la prochaine victime idéale. Le problème c'est que les apparences sont trompeuses...

Rassurante car la démonstration tend à prouver que la réflexion peut encore voir le jour chez nous quand elle est à l'abri des contingences de l'actualité et du dogme sécuritaire. On s'en étonne d'ailleurs tant la chose est devenue une denrée rare même et surtout au cinéma. Sous couvert d'une comédie finement scénarisée et au dialogues qui font mouches au détour de quasiment tous les plans, Michel Leclerc poursuit sa réflexion entamée avec J'invente rien qui passe par le constat d'une société de plus en plus réactionnaire vis-à-vis de son passé et de toutes ses minorités.

Rafraîchissante grâce au pouvoir de séduction retrouvée d'une Sarah Forestier que l'on avait plus vu aussi à l'aise devant une caméra depuis... L'esquive, son premier film. Leclerc ne se prive pas de la filmer sous tous les angles et Forestier ne se gêne pas pour tout lui donner. C'est bien elle qui donne à son film une identité charnelle incontestable propre à faire basculer les plus récalcitrants.

Sous le charme du discours et de son actrice on ne regrettera finalement que la petite frustration de fin qui passe par une retenue qui prend un peu au dépourvu et par un happy-end forcément réducteur mais que l'on ne peut critiquer plus que cela puisque propre au genre.

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