Kaboom : critique

Thomas Messias | 18 mai 2010 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Thomas Messias | 18 mai 2010 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Il y a actuellement chez Gregg Araki une véritable envie, plus forte que jamais, de s'amuser avec les genres et les drogues. Kaboom fait suite à Smiley face, stoner movie avec Anna Faris qui peinait malheureusement à sortir de l'ordinaire en jouant la carte du délire mesuré, calculé, conscient de ses effets. Le cinéaste canadien a visiblement tiré quelques enseignements de son échec passé, puisque son dernier film part extrêmement loin dans le délire mais offre un résultat autrement plus jouissif et euphorisant. Cette fois, Araki s'est lâché et bien lâché, son scénario finissant par ressembler à de l'écriture automatique sous psychotropes, les effets de la drogue se faisant d'abord discrets pour ensuite ravager les personnages et les situations.

 

photo, Thomas Dekker


Tout commence comme un film de campus classique - ou presque - avec ce jeune homme à l'identité sexuelle plutôt trouble, refusant les étiquettes d'homo ou d'hétéro, qui se débat entre son con de coloc surfeur, sa meilleure amie taciturne, un paquet de fantasmes et tout un tas de cauchemars paranoïaques qui peuvent provenir de l'ingestion de substances illicites mais paraissent surtout, ô effroi, bien ancrées sans son crâne et dans son coeur, indépendamment de toute médication. Kaboom pourrait ressembler à Eh mec ! elle est où ma caisse ? 2 ou à une suite de Smiley face s'il n'y avait pour le transcender l'incroyable mise en scène 90's d'un Araki adepte des couleurs criardes et des effets dépassés. La direction d'acteurs est à l'unisson, parfaitement dans l'excès, jamais dans la tiédeur : chacun s'acquitte de son rôle à merveille, d'un Thomas Dekker idéal en petit minet à une Juno Temple aussi élégante que chiennasse.

 

photo, Juno Temple


D'un point de départ "réaliste" - tout est relatif chez le réalisateur -, Araki finit par tirer un bad trip absolument imprévisible, aussi désopilant que déprimant, qui ne manquera pas de faire penser aux meilleures oeuvres de Bret Easton Ellis. Comme dans Lunar Park, on sent s'opérer un glissement assez vertigineux où la raison, les conventions narratives et une certaine quête morale finissent par voler en éclats au gré d'une plongée schizo et toxico dans un univers parallèle qui pourrait sembler aberrant s'il était vu au premier degré. La fin, qui donne du sens à son titre assez explosif, montre qu'Araki n'attend rien de la vie si ce n'est une bonne louche de baise, de montées de sève et de fin du monde. Voilà un artiste qui n'a pas fini de nous surprendre.

 

Affiche officielle

 

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