Critique : Another year

Stéphane Argentin | 16 mai 2010
Stéphane Argentin | 16 mai 2010

Après Naked (1993), Secrets et mensonges (Palme d'Or en 1996) et All or Nothing (2002), Mike Leigh est de retour sur la Croisette en 2010 avec ce qui constitue sans l'ombre d'un doute son meilleur film à date : Another year.

Comme souvent chez le cinéaste (tout comme son compatriote Ken Loach, l'autre pourvoyeur de cinéma social britannique), le postulat de départ est d'une grande simplicité : suivre le quotidien d'une famille issue de la middle class bourgeoise (aucun signe distinctif de richesse ni de pauvreté) et de leurs proches au rythme des saisons d'une année complète. Le but de Leigh n'est nullement de philosopher sur les tenants et aboutissants de la vie avec un « V » majuscule (exit donc les grandes questions existentielles du style « To be or not to be »). Non, fidèle à ses habitudes, l'idée du cinéaste est bien plus triviale puisqu'elle consiste à nous faire découvrir des tranches de la vie quotidienne de ces personnages (naissance, décès, nouvel amour, peine de cœur), le tout dans la banalité du quotidien (autour d'un repas, d'une tasse de thé, d'un bon verre) et au fil du temps qui passe (le « Another Year » du titre, soit littéralement « une année de plus »).

Ennuyeux à mourir ? Bien au contraire. Et la séquence d'ouverture en compagnie d'Imelda Staunton est là pour donner le « la » lorsqu'elle balance avec son air de Droopy un cinglant : « Ma vie c'est de la merde, je rêverais d'en changer » ! Dès lors le ton oscille entre joie et tristesse / détresse. De cette simple phrase assénée telle une massue, le film prend illico une autre dimension. Qui, au cours de son existence, n'a jamais songé à changer de vie au gré des hauts et des bas du quotidien ? Les trivialités susnommées rencontrées au fil des saisons viendront par la suite infirmer cette entrée en matière fracassante. Dès lors, la caméra du réalisateur n'a plus qu'à s'effacer devant des comédiens (tous des habitués du cinéaste) qui jouent ces « monsieur et madame tout le monde » avec une mention toute particulière pour Lesley Manville qui, à elle seule, cristallise toute la dualité rires / larmes du film.

Non content d'être l'un des meilleurs longs-métrages de Mike Leigh, Another year constitue une photo de famille annuelle à caractère universel d'une incommensurable puissance tragicomique.

Résumé

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