Critique : Papa

Vincent Julé | 30 mai 2005
Vincent Julé | 30 mai 2005

L'annonce d'un nouveau film réalisé par Maurice Barthélémy, moins d'un an après le four de Casablanca Driver, a été une surprise. Agréable bien sûr, car depuis sa montée sur les planches avec les Robins des bois, notre petit furet des Balkans préféré a prouvé l'étendue et l'inventivité de son talent comique. Mais l'on ne pouvait cacher une certaine inquiétude. En effet, après une légère déroute sur Canal +, le passage sur grand écran de la troupe avec RRRrrrr !!! s'était soldé par un échec relatif, tant du point de vue artistique que du public. Et si Jean-Paul Rouve et Marina Foïs s'épanouissaient dans les films des autres, Maurice avait pris le risque d'être le premier à passer derrière la caméra. Pari casse-gueule, avec un OFNI (Objet filmique non identifié), et une sanction immédiate des spectateurs.

Son retour, presque précipité, à la mise en scène avait donc de quoi laisser perplexe. Il semblait bien avoir fait le tour de son humour en quotidienne sur Comédie, et avoir même atteint le point de non-retour avec Casablanca Driver. C'est ainsi que Papa se glisse tout naturellement dans la continuité de l'Œuvre de Maurice Barthélémy, ou plutôt les frémissements d'une Œuvre. Introspection d'enfant, conte d'adulte, le film fait avant tout preuve d'une fausse maturité. Celle des enfants qui se prennent pour des adultes, et inversement – irrésistible tirade sur les biscuits du goûter.

Sa propre paternité au-dessus de la tête, telle une épée de Damoclès, le réalisateur donne corps à ses doutes et ses démons de futur père. Les blagues sont autant de tentatives de communication et les silences pas toujours des échecs. L'humour, d'une douceur infinie, devient alors le meilleur rempart (le seul ?) contre l'indicible - surtout pour un enfant -, contre la mort. Ce papa-là, pour qui on ne voit d'ailleurs personne d'autre qu'Alain Chabat, semble tout d'abord maladroit, mal à l'aise, toujours partant pour une mauvaise plaisanterie. Est-il divorcé ? En fuite ? Rien de tout ça. Au gré des petites routes, des hôtels, des numéros de clown (triste), la vérité se dessine lentement, lors d'une conversation inaudible derrière une vitre ou sous la forme d'une histoire. La réussite totale du film repose sur ce dosage parfait. Jamais un mot de travers, un plan de trop. 75 minutes suffisent ainsi à Maurice Barthélémy pour nous enchanter, nous bouleverser. Dans la salle, les (éclats de) rires se mêleront aux (petites) larmes.

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