Miami Vice - Deux flics à Miami : Critique

Erwan Desbois | 26 juillet 2006
Erwan Desbois | 26 juillet 2006

Que ce soit par perfectionnisme ou par plaisir de retravailler les mêmes matériaux de base, une chose est sûre : Michael Mann aime revenir sur ses anciennes œuvres et les remettre au goût du jour en fonction des opportunités qui s'offrent à lui. 

Après avoir ainsi pu transformer un honnête téléfilm à suspense (L.A. Takedown) en polar épique doublé d'un duel mythique (Heat), le voilà qui s'attaque à l'adaptation au cinéma de la série télé sur laquelle il a travaillé pendant six ans en tant que producteur exécutif, Miami Vice – Deux flics à Miami dans la version française. Budget poids lourd, casting de luxe, censure plus lâche (le film est interdit aux moins de 17 ans aux États-Unis, là où la série devait se plier aux impératifs du passage en prime-time) et surtout la caméra numérique HD, nouveau jouet de Mann, sont au programme de cette transposition du petit au grand écran.

 

 

Si l'on met avant tout l'accent sur la technique, c'est que dès la première scène (une mission de surveillance dans une boîte de nuit) la filiation est évidente avec Collateral, le précédent film de Mann, et son tournage entièrement nocturne en numérique. Bien que Miami ne soit pas un personnage central du récit comme pouvait l'être Los Angeles, l'effet de la haute définition sur la rétine du spectateur est bel et bien présent. Cette technique se marie en effet à la perfection avec le style unique du cinéaste, qui vise à l'immersion complète du spectateur dans l'environnement des héros et au plus près de ceux-ci, pour créer une ambiance unique, envoûtante et qui se distingue à chaque plan (de la grande fusillade finale au moindre trajet en hors-bord) du tout-venant cinématographique.

 

 

Visuellement, Miami Vice est donc bluffant, et rien que cet aspect vaut largement le prix du billet. Le scénario est quant à lui solidement construit et, après une mise en place un poil laborieuse, trouve rapidement une vitesse de croisière élevée. Le souci du détail du réalisateur-scénariste donne une efficacité brute et documentaire à la description de chaque rouage de cette économie parallèle (drogues, armes et autres) qu'infiltrent les deux agents Ricardo (Jamie Foxx) et Sonny (Colin Farrell). La plongée de ces derniers de l'autre côté du miroir y gagne en intensité, d'autant plus que Mann prend un malin plaisir à dédoubler certaines scènes pour montrer que la frontière n'est pas si simple à tracer entre, par exemple, les méthodes utilisées par les good guys et les bad guys pour faire pression sur des intermédiaires, ou entre le couple légitime formé par Ricardo et sa collègue Trudy (Naomie Harris) et la relation sulfureuse de Sonny avec la trafiquante Isabella (Gong Li). Ces quatre acteurs, ainsi que tous les seconds rôles auxquels Michael Mann assure comme toujours une scène, une réplique ou un plan mémorable, fournissent des performances irréprochables et pleines d'énergie. On ne peut s'empêcher d'avoir une petite préférence pour Gong Li, qui bénéficie il est vrai du rôle le plus fouillé.

 

 

Sur un terrain plus léger, les deux couples ont également chacun un beau quota de scènes de sexe sensuelles – c'est l'avantage d'avoir des héros deux fois plus jeunes que dans Heat. Si on y ajoute des séquences d'action à la violence décomplexée (les années 80 ne sont vraiment pas loin pour le coup), le clinquant propre à la ville de Miami et des virées dans des coins exotiques comme le Paraguay ou la ville de La Havane, on a là un parfait polar estival, bien au-dessus de la moyenne et extrêmement soigné dans sa forme. Mais auquel il manque au bout du compte une certaine profondeur (en attendant la probable director's cut ?), si on le compare aux derniers longs-métrages de Mann et à leurs multiples niveaux de lecture qui les rendaient si spéciaux. C'est qu'on est devenu exigeant, face au fabuleux talent du bonhomme !

 

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