Président : Critique

Erwan Desbois | 18 septembre 2006
Erwan Desbois | 18 septembre 2006

L'attente d'un film politique français sérieux et crédible est une arlésienne presque aussi chimérique qu'un nouveau titre de champion de France de football pour le PSG. Ceux qui veulent encore y croire attendaient donc avec impatience ce Président, d'autant plus que le choix d'Albert Dupontel pour incarner un chef de l'Etat tour à tour charismatique et machiavélique, exalté et aux abois, semblait idéal. La trame du scénario, bâtie autour d'un thème classique mais à fort potentiel (le drame de la corruption du pouvoir et de l'appât du gain), promettait également, surtout placée dans les arcanes de la Vè République.

Peine perdue : le film est un ratage total, confondant d'amateurisme et de médiocrité. L'erreur première est de vouloir, dans la « tradition française », psychanalyser absolument chaque protagoniste, au lieu de faire le choix – judicieux dans le cas d'un thriller politique – de l'efficacité américaine qui privilégie l'action à l'introspection. En conséquence, le récit avance à la vitesse d'un escargot, au rythme de dialogues qui veulent tellement faire passer un message qu'ils en deviennent affligeants de platitude et d'étirement. Face à un tel texte, les acteurs se retrouvent en roue libre. Les expérimentés (Rich, Berroyer) cabotinent sans vergogne, tandis que les jeunes (Rénier, Doutey) font tapisserie. Même Dupontel n'échappe pas au naufrage : il donne l'impression à chaque scène de jouer un nouveau personnage, sans fil directeur. Il est vrai qu'il n'est pas aidé par les multiples emprunts faits aux différents présidents de la Vè République, sous forme de clins d'œil lourdement appuyés qui tuent dans l'œuf toute cohérence interne du Président Dupontel.

 

 

Le précédent film de Lionel Delplanque, Promenons-nous dans les bois, était un petit slasher de bas niveau ; le changement d'échelle opéré pour ce nouveau projet n'a pas entraîné de changement équivalent dans la qualité du résultat final à l'écran. Ainsi, la pauvreté de la mise en scène de ce script aux insuffisances criantes n'arrange rien. L'unique dessein de la réalisation de Delplanque est d'effectuer de jolis travellings à la steadycam, et le montage, dénué de toute inventivité, privilégie les effets chocs et éphémères à un véritable développement sur la durée d'un récit ou de personnages. Ces carences artistiques culminent dans le dénouement du film, aussi factice qu'absurde, et qui ne nous laisse comme seule perspective que d'attendre le prochain titre du PSG.

 

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