Avatar - critique na'vi

La Rédaction | 20 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 20 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

TerminatorAliens - Le retourAbyssTrue LiesTitanic : chaque nouveau film de James Cameron est un évènement. Au cours d'une filmographie courte mais étalée sur le temps et riche de plusieurs chefs d'œuvre, le cinéaste sera parvenu à redéfinir toujours un peu plus la manière de concevoir ou d'appréhender le cinéma. Attendu comme le saint Graal, censé révolutionner le cinéma (hollywoodien) au moins d'un point de vue technologique, Avatar n'aura pas failli à la règle : avec 2,7 milliard récoltés en salles, le film porté par Sam WorthingtonZoe Saldana et Sigourney Weaver est immédiatement entré dans l'Histoire.

FUTUREMAN

Quiconque avait encore des doutes sur les promesses et les possibilités de James Cameron, se devra, après avoir découvert Avatar, de faire son mea culpa. Il est ce cinéaste visionnaire, un prophète technologique, dont la nouvelle profession de foi est - comme Terminator 2, le jugement dernier l'avait été en son temps - la clé de voute d'un nouveau cinéma. Si les évidentes avancées technologiques permettaient d'enrichir considérablement les désirs des artistes, les utilisations mêlées des différentes techniques sont ici les passeports idéaux pour de nouveaux univers dont seule l'imagination en est la limite. Cameron a d'ailleurs une telle confiance et croyance dans son univers qu'il lui suffit de quelques minutes, une poignée de plans et une voix off pour que le spectateur s'y croit, s'y perde, s'y sente.

 

photo, Sam Worthington

 

Rarement une mise en place aura été aussi rapide, directe, mais à peine le héros a-t-il le temps de rappeler que tout ceci n'est qu'un rêve qu'il est devenu un avatar et que le spectateur aussi. Il est sur Pandora. Pour de vrai. Bien plus présente que tout ce qui a été donné d'apprécier jusqu'alors, Pandora, sa faune, sa flore, ses ethnies existent quasi physiquement. Bien plus encore que la construction quasi scientifique de tout ce microcosme (on n'avait pas vu de bestiaire et d'univers aussi riches, fouillés et puissants depuis Star Wars), c'est la manière d'amener le film au spectateur qui a changé.

Grâce à une 3D stéréoscopique magistrale et à la performance capture dite « The Volume », il prend part au conflit, prend corps à la chose. Avatar ne peut être vu et vécu qu'en 3D, les lunettes 3D Dolby sur le nez. 2h40 plus tard, le film établit un record de temps et de santé. En effet, les yeux ne saignent pas et sont toujours émerveillés et le cerveau ne s'est pas fait un nœud tout seul, il gambade toujours dans le cosmos.

 

Photo

 

CLASSIQUE CHIC

James Cameron est tout à fait conscient de la difficulté et de la complexité de ce nouveau rapport aux images et aux sens, l'entrée dans ce monde ludique pouvant se faire au détriment de l'histoire. C'est pourquoi il table sur une intrigue simple et classique, déjà racontée ailleurs (Pocahontas, Danse avec les loups, Call Me Joe, Les Schtroumpfs ?). Prétexte, cliché, naïve, pourront dire certains.

Sauf que James le conteur ne fait que dégraisser, épurer tous les récits d'aventure et toutes les histoires de cinéma pour se retrouver avec l'essence, l'essentiel. C'est bête à dire, et écrire, mais la différence est tout à la mise en scène, à ce renversement rêve-réalité et à cette croyance qui s'insinue, grandit, se déploie. Avatar est le chaînon manquant entre le futur conjugué au passé (la SF des années 50) et le présent conjugué au futur (l'avenir du cinéma ?), où les Na'vi, ces personnages synthétiques, se révèlent plus séduisants et humains que les acteurs et humains eux-mêmes. Comme si Scrooge était plus réel et crédible que Jim Carrey.

 

Photo

 

MONSTRES & CIE

Mais, et ô bonheur, James Cameron ne se refait pas, son amour pour les séries B d'antan et ses figures mythiques s'incarnant dans un seul et unique personnage, le colonel Quaritch. Habité avec folie et respect par Stephen Lang, il est un G.I. Joe à la grandiloquence martiale et au caractère détestable donc jouissif, une enflure finie qui intègre avec génie les rangs des brutes charmantes croisées au détour de Aliens, Terminator, Abyss... Un personnage qui rappelle à quel point on se sent bien chez Cameron.

Car entre les deux grands axes de l'histoire (la sauvegarde de l'environnement et la relation entre le héros Jake Sully et la belle indigène Neytiri), Cameron ne sacrifie jamais à l'envie d'aller à l'essentiel et de se faire redoutable dans l'art de mettre en images. Magistral lorsqu'il souhaite nous émerveiller. Impitoyable quand il décrit des batailles titanesques. Inattendu lorsqu'il sublime certaines relations. James Cameron peut enfin, et pour la première fois, s'émanciper de son statut de « King of the world » pour incarner le dieu de sa propre création. Contrôlant la matière et la pensée, le concret et l'abstrait, le dit et le sous-entendu.

 

photo

 

Alors que Sigourney Weaver s'impose à nouveau comme la seule vraie femme forte, que la belle Zoe Saldana est un cri sensuel, sensible et libertaire, le réalisateur trouve et touche du doigt une figure qui illustre à lui seul le style Cameron : Sam Worthington. Découvert dans Solitaire puis Terminator 4, l'acteur est intelligence, virilité et émotion, un héros parfait dans sa mélancolie à la Kyle Reese (Terminator), sa puissance messianique à la John Connor (Terminator 2), son innocence de Bud Brigman (Abyss), son humour à la Harry Tasker (True Lies) ou encore son espérance inconsciente de Jack dans Titanic. Il devient d'ailleurs autre dans le film, se révélant alors même qu'il abandonne ses attributs les plus humains. Une idée forte et folle.

Malgré quelques coupes flagrantes dans la version cinéma, qui réduisent l'intensité de certains personnages (dont ceux de Michelle Rodriguez et Giovanni Ribisi), Avatar est finalement plus que ce que l'on pouvait attendre de lui. Si c'est possible. 

Florent Kretz et Vincent Julé

 

Affiche française

Résumé

Avatar est une expérience, un voyage sensoriel, un rite initiatique. Avatar va à l'essentiel et est l'essentiel.

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Lecteurs

(3.5)

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commentaires
oldskool
01/05/2020 à 08:48

Sans être régressif non plus et encore moins Vegan : un film c'est avant tout une histoire, une histoire et une histoire... Après tant mieux si la technologie s'en mêle pour bonifier les contours. Quand l'histoire est inexistante, 1000 fois vue ou tiens sur un post it, on peut se palucher sur la magnificence de la technologie mais à ce moment là faut bosser à la NASA ce que Cameron fais désfois si je ne me trompe. Ben fais le plus souvent James...

Nyl
25/05/2018 à 08:47

Un grand film, peu importe ce que dise les détracteurs. Le film est toujours aussi somptueux et immersif aujourd'hui malgré ses années et a un univers aussi riche que Star Wars.
On aime bien critiquer et abaisser de nos jours. Mais il n'a pas à rougir face aux films récents. Loin de là !

Glaudioman
21/05/2018 à 11:28

Pas d'accord non plus. Comme souvent chez Cameron, c’est techniquement abouti, voire novateur, mais pour un propos et une écriture complètent archaïque et régressive.

Cameron est quand même le fer de lance du cinéma d'action décérébré des années 80 (la plume de Rambo 2, c’est lui ne l'oublions pas !) et nous mets des personnages caricaturaux, manichéens... comme très souvent chez lui.

Un film à voir d'un oeil distrait avec un pop de pop porn, mais certainement pas le chef d'oeuvre révolutionnaire qu'on nous a sur-vendu (et j'en veux pour preuve que près de 10 ans après, il n'a filialement pas bouleversé a face du cinéma, comme ont pu le faire star wars, matrix, T2, la trilogie bourne...)

Asteropa
21/05/2018 à 10:36

Un arc narratif cohérent, un écosystème savamment agencé (proximité d'une géante gazeuse corrélant les forces de gravité et la faune associée), une bande originale qui s'inspire de phrasés wagnériens (tétralogie / "die walküre" + "Siegfried")...... Franchement, on a connu pire comme film. Bien pire.

Thierry
21/05/2018 à 07:45

Choc esthétique, je ne savais pas jusqu'alors que l'on pouvait porter tant de beauté à l'écran. "Avatar" s'est installé (pour moi) au sommet du cinéma juste à côté du Peter Jackson du "Retour du Roi", autre film qui délivre au spectateur un spectacle total, l'écran là encore semblant déborder de données toutes plus éclatantes, émouvantes, intelligentes et inspirantes les unes que les autres.

Et puis en troisième position il y a "Kill Bill".... :))

corleone
21/05/2018 à 00:18

L'une des pires arnaques de l'histoire du cinéma et le pire film de James Cameron tout court(aussi bien techniquement qu'artistiquement).

Grunt
20/05/2018 à 21:41

Bon, je pense qu'il va être temps de regarder du vrai cinéma. J'ai "La Couleur de la Grenade" à voir ce soir.

Faboloss
20/05/2018 à 20:11

Du grand art !!! Je ne m'en lasserai jamais.

Grrr
20/05/2018 à 19:25

Masterpiece !

Blop
20/05/2018 à 18:41

Ce film de mon point de vue n'a absolument rien révolutionner.
De l'esbroufe.
C'est juste le plus mauvais film de james.
Quand tu vois Aliens, Terminator 2, Titanic, true lies et surtout abyss ce film fais vraiment tâche. Scénario copier coller de pohcantas et jeux d'acteurs vraiment faibles. Visuellement il est réussi mais voilà... une belle façade mais un cœur fragile.

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