Critique : Tomboy

Laure Beaudonnet | 11 avril 2011
Laure Beaudonnet | 11 avril 2011

Quelle petite fille n’a pas un jour rêvé d’être un garçon ? Se mettre dans la peau de son contraire l'espace d'une journée. C’est autre chose lorsqu’elle se prend véritablement au jeu, au point de s’inventer un nouveau prénom. Laure a 10 ans et vient d’emménager dans une nouvelle ville avec ses parents et sa petite sœur de cinq ans. En rencontrant Lisa, une habitante de l’immeuble, elle décide de se faire passer pour Michaël. Elle se fait rapidement accepter dans le groupe d’enfants du quartier, joue au football comme un garçon et séduit même sa petite voisine. Rien de bien méchant jusque là. Mais rapidement, son mensonge la rattrape et elle peine à sortir de situations inextricables. Comment crapahuter dans le lac sans être découverte ? Comment justifier de ne jamais ramener de copains à la maison ?

La trame n’est, certes, pas inédite. Elle fait terriblement écho à Boys don’t cry, de Kimberly Peirce où Hillary Swank allait jusqu’à se bander le torse pour dissimuler sa poitrine et séduire Chloë Sévigny. Mais Céline Sciamma prouve encore une fois ses dons pour dépeindre le monde des enfants, leurs ambivalences. Cette période charnière extrêmement fragile où tout est à construire. Déjà, Naissance des pieuvres fascinait pour son regard pudique sur l’émergence de la sexualité chez les jeunes adolescentes et la découverte de certains tabous sociaux. Avec Tomboy, elle s’intéresse de nouveau à ces bouleversements chez un enfant de dix ans. Les interrogations autour de la différence des sexes et les contraintes sociales associées. 

Un sujet grave traité à hauteur d’enfant. On retombe dans les jeux à la colin-maillard et autres « action ou vérité » et on se prend à rire de leurs blagues juvéniles. Céline Sciamma manie à merveille l’art de faire jouer les enfants. Pas une fausse note. Elle fait émerger leur spontanéité naïve et on plonge volontiers de cet univers. Le thème prend d’autant plus de relief qu’il n’est pas verbalisé. Jamais de mots ne sont posés : ni homosexualité, ni même travestissement. Laure est-elle traversée par une simple lubie ou son malaise est-il plus profond ? On ne pourrait le dire et, finalement, au-delà des dénominations, on suit une trajectoire singulière et émouvante.

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