Critique : The Prodigies

Stéphane Argentin | 12 mai 2011
Stéphane Argentin | 12 mai 2011

Tandis que les américains nous abreuvent à longueur d'année avec leurs longs-métrages d'animation (3D pour la plupart), il est suffisamment rare d'en voir débarquer un made in France pour ne pas y prêter une attention toute particulière. Dans l'Hexagone, ce type de production se scinde globalement en deux parties : celles destinées aux tous petits (la trilogie Arthur de Luc Besson, Chasseur de dragons) et celles destinées aux seuls adultes (L'Illusionniste, Persepolis). Entre les deux (comprendre par là : combinant le grand spectacle, le fun et/ou le sérieux), les exemples se comptent sur les doigts d'une main. De mémoire, au cours de ces dernières années, exception faite du délirant Lascars et de l'excellent Renaissance, on cherche encore.

Ça tombe bien puisque Onyx Films, le studio à l'origine du diamant noir Renaissance, se trouve être également responsable de The Prodigies, adaptation (en animation 3D donc) du roman La Nuit des enfants rois de Bernard Lenteric. Un gage de qualité que cette présence en coulisses ? Il faut croire puisque les premières bandes annonces (que les américains eux-mêmes nous envient) laissent apparaître une animation très stylisée (à base de MOCAP : la MOtion CAPture, procédé qui consiste à filmer de vrais acteurs pour servir ensuite de base à l'animation proprement dite des personnages) à grands renforts d'effets bullet-time (les fameux ralentis « à la Matrix ») où tout voltige dans tous les sens à l'écran. Une approche confirmée par la présence à la réalisation d'un spécialiste des séquences cinématiques de jeux vidéo : Antoine Charreyron.

Venu présenté son film en avant-première mondiale à Cannes, cet ancien de Supinfocom (les connaisseurs apprécieront) annonçait la couleur d'entrée de jeu : The Prodigies est un film fait par un geek pour les geeks et destiné avant tout aux ados. Tout ceci est bien beau mais le concept atteint bien vite ses limites, tant sur le fond que sur la forme. Sur le fond, les personnages (des sortes de X-Men, marginaux sociaux dotés de super pouvoirs psychiques leur permettant de contrôler quiconque telle une marionnette, sentiment renforcé par une séquence à la Maison Blanche qui ne sera pas sans rappeler la scène d'ouverture de X-Men 2) sont aussi peu approfondis que dans le roman de Lenteric dont le scénario reprend les grandes lignes. Sur la forme car, si les bandes annonces précitées envoient méchamment le bois, leur intensité retombe hélas bien vite comme un soufflet. Dans l'univers vidéoludique, de telles séquences servent généralement à mettre le joueur dans l'ambiance avant que celui-ci ne prenne la manette en mains, mais dans le cas d'une position plus attentiste tel un long-métrage, une telle situation ne fonctionne plus et l'action se doit d'aller jusqu'au bout et non se retrouver systématiquement coupée dans son élan, comme dans le cas présent.

En définitive, The Prodigies ressemble donc davantage à une succession de cinématiques certes fort réussies visuellement et de surcroit assez matures (bien que stylisée, l'approche très « graphique » de certaines séquences n'est pas à mettre devant tous les yeux) mais inabouties dans leur intensité, au service d'une intrigue sans grande profondeur. In fine, le cinéma d'animation français attend toujours sa deuxième Renaissance...

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