The Tree of Life : Critique

Simon Riaux | 20 mai 2011
Simon Riaux | 20 mai 2011

Attendu l'an dernier sur la Croisette, achevé trop tard pour rejoindre la compétition, The Tree of life de Terrence Malick est depuis plus d'un an le totem adulé, craint, défié ou maudit par les cinéphiles du monde entier. 

Sa présentation le 16 mai 2011 au festival de Cannes était logiquement un événement majeur de cette édition, comme en témoigna la foire d'empoigne pour pénétrer dans la salle, ainsi que les réactions contrastées d'un public au mieux désarçonné, au pire profondément irrité. Rien que de bien normal pour cette oeuvre simplement magnifique et magnifiquement simple.

 

 

Mais qu'a bien voulu raconter le réalisateur avec cette histoire en apparence limpide (conflits familiaux et interrogation de la transmission) ? À vrai dire, pas grand chose, voire rien, et absolument tout. Car The Tree of life n'a pour ainsi dire aucune prétention narrative, ce n'est pas à proprement parler un récit, c'est une prière. Il faut comprendre cette dernière dans son sens le plus pur, à savoir un dialogue avec le Divin, où la Grâce s'exprimera sans paroles, en irriguant littéralement chaque plan du film. De l'interrogation, en passant par le doute, l'incompréhension, la colère, puis l'acceptation et enfin la transcendance, Terrence Malick incarne ces différents stades du cheminement spirituel par une série de personnages dont les voix, regards et subjectivités se suivent, se croisent et s'entrechoquent pour finalement se retrouver dans une communion finale bouleversante.

 

 

 

Nul discours théologique ou religieux ici, mais un questionnement sincère mêlé d'émerveillement, qui pousse le réalisateur à chercher le sublime dans chaque image filmée. En résulte une mise en scène grandiose dans tout ses aspects, photographie, découpage, composition, gestion de l'espace, et montage. L'auteur n'est jamais en position de hauteur, au contraire, il adopte une attitude encore bien plus humble que celle du spectateur, puisqu'il donne le meilleur de lui-même pour mener à bien le cheminement qui est le sien. Jamais donneur de leçon, il accomplit un acte d'une générosité rare, à savoir révéler et partager son propre ravissement, sans jamais s'autoriser de raccourcis, ou de facilités.

 

 

Long, le film l'est assurément, mais c'est à ce prix seulement qu'il nous permet d'entrevoir sa richesse, sa conscience aiguë du monde (ouais carrément). Pour cela, nul besoin de dispositifs complexes ou abscons, Malick ausculte les souvenirs et les doutes d'un homme, à l'heure du deuil, qui prend brutalement conscience que son histoire contient non seulement les interrogations d'une vie, mais le sens et la destination de toute chose. Cette évidence irradie jusqu'au jeu des comédiens, en apesanteur, Brad Pitt, Jessica Chastain et leur fils formant une trinité magistrale d'évidence, subitement incarnée en Sean Penn, aussi peu présent à l'écran qu’iridescent.

 

Résumé

Oeuvre totale, qui peut légitimement laisser une partie du public de marbre, The Tree of life n'est pas le pensum théologico-religieux que certains décrieront. Ceux-là oublient sciemment l'humilité absolue de Malick, et méprisent le sincère émerveillement qu'il entend simplement partager. Choc esthétique, aboutissement spirituel, ou oeuvre inaccessible, à vous de choisir, sachez simplement que l'artiste nous propose un moment rare pour ne pas dire unique au cinéma, fait d'abandon et de lumière.

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