Jack Wolfgang : le Loup fait une entrée remarquée

Jean-Luc Hassaique | 28 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jean-Luc Hassaique | 28 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Depuis un certain Blacksad, la bande-dessinée « animale » effectue un grand retour, rappelant aux lecteurs que Disney n’a pas le monopole de l’anthropomorphisme. Et Jack Wolfgang arrive à point nommé pour achever de dépoussiérer un genre et nous rappeler ses lettres de noblesses.

 

REGNE ANIMAL

La bande-dessinée a souvent réinventé les grands genres et codes narratifs, sous la bannière de la métaphore animale, mais l’œuvre qui nous intéresse trace dans ce monde stylisé un sillon à part et éminemment séduisant. En effet, dans le monde de Jack Wolfgang, on n’a pas remplacé les humanoïdes par des bébêtes bipèdes pour le plaisir ou la beauté du geste, non, point de métaphore un peu facile ici.

Dans cet univers, humains et animaux ont progressivement appris à communiquer et co-exister depuis le moyen-âge. C’est la découverte, puis la commercialisation du Super Mega Tofu qui a permis aux prédateurs d’hier de se côtoyer pacifiquement, avant que les différentes espèces ne puissent véritablement vivre main dans la patte.

 

Jack Wolfgang

 

Evidemment, les choses sont loin d’être aussi simples, et la fabrication, tout comme l’exploitation de ce produit miracle vont se retrouver au cœur de l’intrigue du premier tome des aventures de Jack Wolfgang, intitulée L’Entrée du Loup, et ce de bien des manières. Car notre héros est un critique gastronomique de renom, dont les papiers, recommandations et recettes dans le Times et le New Yorker, sont célèbres dans le monde entier. Une position qui l’amène à juger des possibilités offertes par cet étonnant produit, mais pas seulement.

Comme tout critique qui se respecte, Jack Wolfgang est également un agent secret travaillant pour la CIA, usant de ses critiques comme autant de couvertures idéales. Il va donc mener une enquête à travers le monde, riche en retournement de situations et séquences d’action, que n’auraient pas renié Ian Flemming.

 

Jack Wolfgang

 

PAS BETE

La bande-dessinée que voici signe le retour de Stephen Desberg et Henri Reculé, tous deux particulièrement en forme. On notera la grande cohérence artistique qui règne tout le long du récit, d’un point de vue technique comme narratif.

Tandis que l’intrigue s’ouvre sur ce qui ressemble à une trame très classique, on est frappé par l’apparente candeur du trait. Mais ces deux particularités vont progressivement évoluer, jusqu’à composer une étonnante aventure référentielle, particulièrement aboutie.

 

Jack Wolfgang

 

Ainsi, on est souvent admiratif de la capacité du scénario à jongler avec quantité de passages obligés des récits d’espionnages et autres thrillers paranos, en les renouvelant avec malice. On alterne ainsi entre la mécanique confortable de l’enquête internationale, pour plonger dans l’action brute, avant d’apprécier le talent de séducteur de notre héros et de ses créateurs.

Grâce à un travail graphique qui semble toujours privilégier l’énergie originale du crayonné, même les planches les plus posées conservent une vie indéniable, tandis que le travail de Kattrin sur les couleurs confèrent à l’ensemble une réelle élégance.

Enfin, Jack Wolfgang, grâce à son monde où se croisent humains et animaux parvient par endroits à distiller une atmosphère tout à fait inclassable et troublante, où l’animalité interroge la nature des personnages humains, et réciproquement. Vous l’aurez compris, on est tombés sous le charme de cette création, dont on attend très prochainement un deuxième tome.

 

Jack Wolfgang

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