Invincible : le tome 7 du comics qui a inspiré le cartoon ravagé d'Amazon

La Rédaction | 31 août 2022 - MAJ : 31/08/2022 10:07
La Rédaction | 31 août 2022 - MAJ : 31/08/2022 10:07

Voici le 7e tome de l’intégrale Invincible publiée par Delcourt. L’occasion de revenir sur un des meilleurs comics super-héroïques contemporains. 

Le scénariste et producteur Robert Kirkman est le plus souvent connu et célébré pour Walking Dead, best-seller du début des années 2000, qui fit énormément pour la sous-culture horrifique en démocratisant à l’extrême la figure du zombie. Jusqu’à ce que celle-ci soit adaptée en série, et que la production éponyme contamine à son tour des millions de spectateurs, à coups d’innombrables saisons et spin-off. Ce succès planétaire ne doit pourtant pas éclipser une autre réussite de l’artiste, peut-être encore plus impressionnante et imprévisible.

 

Invincible : photoLes ressources humaines, un vaste problème

 

TEENAGER STRANGE 

C’est en 2002 que paraît le premier volume d’Invincible, dont les prémices pourraient sembler classiques. Mark est le fils adolescent d’Omni-Man, l’être le plus puissant de la planète Terre. Quand il commence à développer les mêmes dons que son paternel, le jeune garçon se réjouit, tant il se voit déjà rejoindre les rangs de tous les surhommes qui protègent la liberté. Mais il apprend bientôt que son pôpa, non content d’être invincible, est aussi un émissaire de Viltrumites, qui l’ont envoyé dans le but d’asservir la Terre. 

Pour bien comprendre le positionnement singulier de ce récit, qui parviendra au gré de ses grands mouvements narratifs à revisiter à peu près tous les aspects du genre super-héroïque, il faut se souvenir que l’auteur qui l’entame est alors un tout jeune narrateur, qui sort tout juste d’un projet semi-professionnel que les années rendront progressivement culte. En effet, Robert Kirkland aura fait ses armes professionnelles avec Battle Pope, un comics assez franchement parodique et publié en mode guérilla. 

 

Invincible : photoTout feu, tout flamme

 

Invincible a beau dérouler un récit qui s’apprécie au premier degré, on sent à tous les niveaux que l’esprit qui l’imagine est mû au moins autant par la passion que par l’impertinence. En effet, jamais l’œuvre ne moque ses prédécesseurs, mais elle ne cesse d’en questionner le sens, d’en détourner certains archétypes, tout en embrassant leur goût pour la démesure, ou l’ampleur de scénarios cosmiques. Cette volonté se remarque jusque dans l’écriture des personnages, qui réécriront bien des arcs de bien des classiques du genre, mais en imprimant leurs conséquences sur les protagonistes. 

Ainsi, Mark, Eve, Nolan et quantité de couteaux pas toujours affûtés mais rarement secondaires vont être durement éprouvés par les épreuves qui les attendent. Mieux, on les suivra à l’occasion de moments charnière, de l’adolescence, jusqu’à l’âge adulte, et face aux questions de transmission liées à la parentalité. Car contrairement aux héros Marvel ou DC, perpétuellement maintenus dans une stase sans âge, où le temps n’est parfois plus qu’une vague abstraction, les héros d’Invincible sentent son passage sur leurs épaules. Progresser au gré de cette odyssée galactique, c’est aussi accompagner une galerie de fous furieux, que les évènements changent, jusqu’à nous devenir d’une infinie proximité.

 

Invincible : photoUne vie toute dure

 

STAR FIST WARS 

Ces qualités se retrouvent très efficacement condensées dans le 7e tome de l’intégrale proposée par Delcourt. Alors que la guerre avec les Viltrumites prend véritablement son essor à la faveur d’une baston, la première partie de ce volume fait la part belle aux bastons ultra-violentes qui émaillent la BD depuis ses débuts. Celles-ci prennent pour le coup des proportions inédites, alors que défilent les double-pages au cours desquelles les poings démantibulent d’innocentes colonnes vertébrales, quand de gros moustachus synchronisés font péter des planètes à qui mieux-mieux. 

Ces doubles planches aux proportions herculéennes sont comme d’habitude l’œuvre de Ryan Ottley, qui ne donne jamais mieux la mesure de son talent que lors de ces morceaux de bravoure où les boyaux lardent les cases telles des guirlandes sur un sapin. Et quand l’action lève le pied dans la seconde moitié du recueil, que le spectacle s’avère légèrement en retrait, c’est l’occasion pour Kirkman de reprendre la main, et de montrer avec quelle désarmante malice il use de la jeunesse de ses héros pour leur faire traverser toutes les calamités.

 

Invincible : photoUne nouvelle illustration du fameux théorème "Dinosaure = trop cool"

 

Ainsi, ce n'est pas sur un ventre mou que le combat contre Thragg se conclut, mais sur cette tension sourde qui jaillit toujours après les grands bouleversements, quand la poussière retombe et que tout un chacun compte ses abattis. La bataille est rude, et les traumas qu'elle engendre le seront tout autant. Notamment parce que le duo de créateurs a choisi d'assumer ce vieux tropisme issus des comics héroïques, qui veut que la mort ne soit jamais ou presque définitive (notamment en ce qui concerne les héros). Et si on aura tort de craindre pour l'existence même des protagonistes, le coût moral et psychologique de spectaculaires sutures, de corps presque intégralement rebâtis, s'avère, lui, tragiquement palpable.

Et alors que le conflit existentiel entre tous les belligérants se dirige vers une paix temporaire, qui fera de la Terre à la fois un havre préservé autant qu’un champ de bataille en devenir, Invincible rappelle combien la saga aura su prendre de l’altitude à chacun de ses nouveaux chapitres, sans jamais prendre le spectateur de haut. 

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ? 

 

Invincible : photo

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commentaires
Flo
16/12/2022 à 13:05

Toujours le côté obscur de Image Comics, à savoir du Porn Destruction et des tas de gerbes de sang. Malgré tout, le fait de se fader encore des affrontements peu de temps après la Guerre des Invincibles et l'attaque de Conquest puis des Kalmars (qui ont bien bouffé du temps quotidien à Mark et Eve, avec pour but de fragiliser la psyché du héros) n'empêche pas le récit d'apparaître mieux maîtrisé ici.
Car la Guerre des Viltrumites, même en n'étant répartie que sur 8 numéros et demi qui passent très vite, est assez prenante et bien épique... même en flirtant beaucoup avec du Dragon Ball Z. Et il s'y ménage surtout beaucoup de plages de tranquilité, où les personnages pensent à se poser suffisamment. Pour laisser retomber la pression, ou bien réfléchir à leurs actes.
Avec une conclusion très maligne, qu'on peut deviner à l'avance plutôt facilement.
Il était temps que cette série retrouve un peu de son intelligence d'écriture.

Mais, dans la deuxième partie de l'Intégrale...
Après le déchaînement de violence, les manipulations honteuses (la couverture avec le gamin de dos et une Eve mince) et autres prises de conscience qui tombent pile au bon moment.
C'est encore trop calculé pour être honnête, et toujours grossier jusqu'à se contredire d'un épisode à l'autre - ça va, on voit qu'ils font en sorte de créer du suspense pour chaque fin de tome.
Le chaud et le froid.

MatGuy
15/09/2022 à 08:00

Peut être ma série super héroïque préférée. J’ai adoré invincible de bout en bout (bon il y a peut être un arc un peu meta qui est en dessous du reste mais rien de choquant).
Je n’ai pas dépassé le premier épisode de la série animé, partiellement parce que je ne voyais pas ce qu’elle apporterait mais aussi parce que la production et l’animation était assez faibles.

James storr
01/09/2022 à 19:47

Moi je suis content que la série s'éloigne du scénario de base.
J'ai déjà lu le comics, j'ai envie de voir un truc différent, être surpris.
Si c'est pour voir strictement la même chose. Autant relire le comics.

Tesla Kusturica
01/09/2022 à 15:10

Je n'imaginais même pas qu'on puisse écrire une histoire de super-héros aussi intéressante. Là où Watchmen donne une nouvelle vision des SH, sombre et mélancolique, Invincible garde la logique du matériel de base inventé par Marvel et DC mais en fait un récit à la fois héroïque et cosmique mais également tellement humaine. Une incroyable réussite de bout en bout même si je n'ai pas encore lu les derniers tomes.

Loozap
01/09/2022 à 02:19

C'est un pur delice

Ixelle
01/09/2022 à 00:36

Une merveille absolue, au scénario jusqu'au-boutiste et d'une richesse incroyable. L'attachement aux personnages n'a jamais été aussi fort dans un comic-book super-héroique. Comme le relève pertinemment l'article, le passage du temps et le poids des conséquences de leurs actes sur les personnages sont inégalés chez Marvel et DC.
Quel dommage que la série s'éloigne du scénario original et fasse preuve d'une telle faiblesse dans l'animation.

Zedd
31/08/2022 à 12:44

J'aime ces comics SI FORT