No Zombies : l'anti-apocalypse en bande-dessinée mord un grand coup

La Rédaction | 4 novembre 2021
La Rédaction | 4 novembre 2021

Walking Dead s'est achevé, on n'est pas près de jouer à un nouvel épisode de The Last of Us et nous sommes tous en manques de vilains infectés ou de zombies putrescents. Cela tombe bien, voici venir No Zombies, récit cruel d'une fin du monde qui pourrait bien être empêchée, ou pas.

 

couvertureUn nouveau monde...

À PLEINES DENTS 

Depuis la révolution opérée sur le cinéma horrifique par George A. Romero en 1968 avec La Nuit des morts vivants, un nouveau monstre a déferlé sur la pop culture et transformé son métabolisme. Le zomblard est né, et avec lui une nouvelle idée de l’horreur, à la fois plus proche et radicalement autre, comme un décalque de l’humanité, du vide existentiel de la société occidentale, n’attendant que son pourrissement symbolique pour la dévorer. 

Six décennies plus tard, la créature a contaminé tous les supports, des séries en passant par les comics jusqu’aux jeux vidéo, et nous avons dévoré d’innombrables chroniques de l’écroulement, récit de la fin de nos mondes. Dans No Zombies, la bande-dessinée écrite par Olivier Peru, dessinée par Benoît Dellac et Evgeniy Bornyakov, c’est l’après catastrophe qui nous intéresse. Et si le miracle tant attendu de la guérison devenait l’ultime malédiction pesant sur les humains ? 

Des années après l’avènement des morts-vivants, il ne reste plus qu’une poignée d’avant-postes humains. Des survivants épars, des groupes qui s’étiolent au gré des morsures ou des pillages. Ce n’est pas le cas du groupe de survivants auquel appartient Joseph. Ce sont des No Zombies, des anciens infectés, ramenés à l’humanité par un vaccin miraculeux, qui peut être transmis par le biais de transfusions sanguines.  

 

photoUn passé qui ne passe pas

 

LA NUIT TOUS LES MORTS SONT GRIS

Ceux qui retrouvent ainsi leur condition première, s’ils n’éprouvent plus le besoin de dévorer les vivants, conservent un esprit de meute, une forme d’hostilité larvée irrépressible. Mais surtout, ils conservent parfois le souvenir de la faim qui les travaillait, ainsi que des actes qu’ils ont commis lors de leur zombification. Untel se rappellera avoir dévoré sa famille, un autre se repaît de l’ami qui le veillait, quand d’autres demeurent hantées par les réminiscences de banquets barbares infinis. 

Dans un monde où les survivants sont de plus en plus rares, retrouver la conscience et le souvenir de sa monstruosité peut tordre n’importe quel esprit, jusqu’à son point de rupture. C’est ce que No Zombies représente avec une certaine efficacité. 

En effet, dès l’introduction qui présente les grands principes du vaccin comme ses conséquences, grâce à un découpage plutôt habile, évocateur, violent et efficace, le lecteur découvre les remords d’un père, ramené à l’humanité sous les yeux incrédules de son fils. L’homme ne pourra se résoudre à lui dire ce qu’il sait des derniers instants de sa mère, et devra désormais vivre avec le souvenir de son meurtre. 

Alors que les ultimes lueurs de la civilisation sont sur le point de se fondre dans le néant, la perspective d’échapper à la nuit exacerbe paradoxalement toutes les passions, en rendant soudainement l’avenir synonyme de possibles, le vaccin se fait le lit de toutes les folies. 

 

photoLa nuit, tous les zombies sont gris

 

ON NE VIT QUE DEUX FOIS 

Le Livre de Joseph, premier tome de la saga No Zombies, travaille particulièrement bien ce motif, en suivant un jeune homme qui manipule tout le monde à commencer par lui-même. Le trait est simple, le découpage limpide, à l’image de ce que semblent être ses motivations. Mais quand une rencontre (pas si) inopinée lève le jour sur le pourquoi de son errance géographique, la narration s’accélère soudain et prend un malin plaisir à détourner nos attentes. 

S’inscrivant clairement dans une chronique post-apocalyptique qui a retenu les leçons de The Last of Us, le scénariste Olivier Peru nous met face à un îlot de paix, à savoir une ville nouvelle, en apparence gérée par un ex-milliardaire philanthrope, qui pourrait bien servir de base arrière à la propagation du vaccin et offrir un havre d’espoir à l’humanité. 

 

photoOrange is the new death

 

Mais quand tout un chacun peut désormais envisager de retrouver ses proches, ou de ne plus mourir à la première morsure venue, les ambitions explosent et les trahisons se font jour. 

Dès lors, l’intrigue, construite autour d’une structure classique de rise and fall, se plaît à nuancer chaque protagoniste, et à précipiter tout ce petit monde dans une impitoyable spirale. Quand tout semble enfin sourire aux humains, il leur faudra bien sûr affronter leurs semblables, les seuls véritables loups à régner dans une nature revenue à l’état sauvage.  

Très éloignée dans son tempo d’un Walking Dead, la bande-dessinée s’autorise ainsi à laisser dans le noir de très nombreuses interrogations (sur l’origine de son prodigieux vaccin notamment) et nous laisse plein de curiosité et de questions sur ce que réserve cet univers, aussi contagieux qu’une escarre de zomblard.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

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