Gantz:E : la saga revient avec un spin-off très médiéval

Flavien Appavou | 3 septembre 2021 - MAJ : 06/09/2021 19:33
Flavien Appavou | 3 septembre 2021 - MAJ : 06/09/2021 19:33

Dans la famille Gantz, nous voudrions le petit dernier qui vient de paraître chez Delcourt/Tonkam. Dans la lignée de ses grands frères, cette dernière parution est toujours aussi tranchante, surtout quand l'histoire est pendant la période d'Edo. Petit point sur le dernier-né. 

La saga Gantz, créée par Hiroya Oku, a débuté en 2000. Et depuis, c'est 21 millions de ventes au Japon pour les 37 volumes de la série originale, une série TV d'animation de 24 épisodes (Gantz), deux films live au cinéma et un autre produit par Netflix, des romans, des jeux vidéo, une expo et aussi des spins-off dont le dernier-né Gantz:E.

Le manga original décrit une chasse à l'homme hargneuse et sanguinaire, où la mort est omniprésente. Rester vivant ou mourir, c'est dans ces conditions que le sang coule à flots pour des scènes mélangeant action, science-fiction et gore. Gantz:E est la prolongation de cette saga, mais située à l’époque d'Edo !

 

Planche 2, Hiroya Oku, KAGETSU JinBonjour l'accueil

GANTZ:E © 2020 by Hiroya Oku, Jin Kagetsu / SHUEISHA Inc

 

Une histoire totalement barge

Pour rappel, la série suit l'histoire de personnage ayant eu un accident ou en proie au suicide. Ceux-ci se retrouvent dans une salle quasi vide avec une étrange sphère noire au milieu : Le Gantz. Lorsqu'une musique retentit, un message est diffusé leur demandant de tuer quelqu'un. Chaque personne qui se trouve dans cette salle se retrouve projetée dans notre monde, sauf que celui-ci est peuplé de monstres ou d'extraterrestres. Le but de chaque personne est d'anéantir le plus de monstres pour rester en vie le plus longtemps possible. Comme dans un jeu vidéo, une fois qu'ils ont atteint le score maximal, ils sont libres de partir et de revenir dans la "vraie vie".

Enfin presque, puisqu'ils doivent faire un choix : celui de revenir dans la vie ou de ressusciter quelqu'un et donc de continuer à risquer leur vie afin d'atteindre à nouveau le maximum de point souhaité pour sortir. Un dilemme moral qui met souvent en difficulté les protagonistes, être égoïste ou altruiste. Telle est la question. Pour Gantz:E, l'histoire se situe non pas à notre époque, mais à celle d’Edo. Pour ceux qui ne connaissent pas l'univers de Gantz, c'est aussi un bon moyen de comprendre l'univers, en suivant de nouveaux personnages dans la quête ultime de la renaissance. 

 

Planche 7, Hiroya Oku, KAGETSU JinEt non, par contre, vous allez mourir.

GANTZ:E © 2020 by Hiroya Oku, Jin Kagetsu / SHUEISHA Inc

 

Ce qui fascine autant dans cette histoire, c'est le mystère entretenu tout le long sur la sphère Gantz, d'où vient-elle ? À quoi sert-elle ? Rien n'est dit, tout est suggéré pour que le lecteur se fasse sa propre opinion sur le sujet. Les missions données par la sphère changent aussi le cours de l'Histoire et quand les protagonistes s'en aperçoivent, il est souvent trop tard. Entre science-fiction, gore et Histoire, Hiroya Oku arrive toujours à nous surprendre dans son écriture. C'est normal, vu qu'il n'écrit pas les scénarios à l'avance et qu'il avance au fur et à mesure de ses idées. Plus il est surpris par lui-même, plus il les décline dans ses œuvres.

À noter aussi que les moments ecchi (coquins) sont aussi la patte de l'auteur. Ce qui veut dire que les mises en scène où les femmes et hommes sont exposés de façon non conventionnelle, sont assez courante dans tous les mangas de l'auteur, et Gantz:E continue aussi dans cette lancée. On ne change pas une recette qui fonctionne. Malgré cela, le scénario tient toujours en haleine le lecteur et les phases de combats sont toujours aussi bien maitrisées, avec des doubles planches assez sublimes. D'ailleurs, Gantz est aussi connu pour être un ovni graphique.

 

Planche 9, Hiroya Oku, KAGETSU JinUn découpage maitrisé

GANTZ:E © 2020 by Hiroya Oku, Jin Kagetsu / SHUEISHA Inc

 

Le numérique au service du manga

La série Gantz a toujours intrigué grâce à son histoire et par la manière de concevoir le récit aussi bien narrativement que graphiquement. En mélangeant dessin numérique et une grosse utilisation de la 3D, Hiroya Oku s'est fait un nom parmi les mangakas en devenant un pionnier dans ce domaine. Il fut l'un des premiers à créer un manga entièrement en numérique. Cette technique fut aussi utilisée, entre autres, par Ken Akamatsu (Love Hina), mais il faut dire qu'Oku sensei pousse chaque fois les limites de son art numérique. Cela peut paraître incongru maintenant, car la plupart des artistes utilisent des tablettes, mais à l'époque ce n'était absolument pas le cas ! 

Les trames se calquaient, les planches étaient encrées à la main, puis scannées (ce qui se fait aussi maintenant pour certains artistes, mais ils sont beaucoup moins nombreux). Par la série Gantz, Hiroya Oku démocratise le numérique au service du manga et dévoile ainsi un nouveau chemin pour les futures générations. Cela lui permet de créer des compositions maitrisées et très détaillées. En rajoutant de la 3D, pour la boule du Gantz, pour les phases de combat ou juste dans des plans de décor, il arrive à homogénéiser l'espace de la planche, sans que ce soit un collage ou que ça rende faux. 

 

Planche 8, Hiroya Oku, KAGETSU JinIncrustation de la 3D 

GANTZ:E © 2020 by Hiroya Oku, Jin Kagetsu / SHUEISHA Inc

 

Après avoir rendu un name (le story-board rapidement griffonné), les assistants travaillent d'arrache-pied pour créer entièrement les décors à partir de photos, c'est ce qu'on appelle le photo-réalisme. Hiroya Oku met son histoire dans notre vie, comme s’il voulait calquer ses personnages dans notre quotidien. Ce fut aussi l'un des premiers à concevoir entièrement ses mangas de cette façon. Les armes et tous éléments autres que les personnages sont créés en 3D pour rendre le manga visuellement attractif. Et il faut dire qu'aussi bien sur la série principale que sur les séries spin-off, les rendus graphiques sont très travaillés pour une qualité irréprochable. 

Les déclinaisons fonctionnent très bien, le système est rodé pour créer d'autres mangas dans la même veine. Dans tous les cas, c'est Oku sensei qui orchestre le manga, même si sur les spin-off, l'aspect graphique est donné à d'autres auteurs, comme sur Gantz:E avec KAGETSU Jin.

 

Planche 11, Hiroya Oku, KAGETSU JinÇa craque sous la peau

GANTZ:E © 2020 by Hiroya Oku, Jin Kagetsu / SHUEISHA Inc

 

Symbolisme narratif

Comme sur Gantz:G (l'autre spin-off), l'accent est vraiment mis sur la composition graphique du manga. Le dessinateur maitrise son art et compose des scènes de combats où il y a très peu de dialogue, comme dans les films de samouraï. On prend le temps de montrer ce qu'il se passe sans rajouter des paroles. Tout est dit dans l'image, on comprend l'enjeu et le jeu. L'ancrage dans l'époque d'Edo permet de rajouter une dimension encore plus mystique à l'histoire et les deux auteurs savent pertinemment que cela rajoute encore plus d'ampleur à leur scénario.

L'auteur aime toujours mettre des personnes qui n'ont rien à voir entre elles dans son manga, montrant la diversité des convictions, mais aussi des habitudes de vie. Surtout qu'à cette époque, c’était encore plus flagrant que maintenant. Chaque protagoniste devient symbole d'un type de classification (pour reprendre les termes de jeu vidéo) et on suit leur évolution dans ce jeu de la mort. 

 

Planche 5, Hiroya Oku, KAGETSU JinQu'il y a une femme allongée par terre

GANTZ:E © 2020 by Hiroya Oku, Jin Kagetsu / SHUEISHA Inc

 

Avec ce premier tome, Gantz:E nous permet de découvrir ce nouvel univers ancré dans l'Histoire japonaise, mais qui ici, devient monstrueuse. Cela se rapproche un peu des mythes et des légendes sur cette époque et l'auteur le sait très bien. En jouant aussi bien sur l'imaginaire collectif que sur sa maitrise de la composition, il parvient encore une fois à nous surprendre. La saga Gantz continue donc son chemin chez Delcourt/Tonkam avec un nouveau manga qui s'insère parfaitement dans cette collection hors norme. 

 

Couverture tome 1, Hiroya Oku, KAGETSU JinLe retour de Gantz

 

Gantz Perfect Edition, c'est 18 tomes, Gantz:G, c'est 3 volumes et maintenant Gantz:E, le nouveau volume qui ouvre un autre chapitre, actuellement disponible chez Delcourt/Tonkam, et vous pouvez vous le procurer par là !

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
le fric
10/09/2021 à 15:19

waohhhhhh trop bien j'adore

Arnaud (Le vrai)
03/09/2021 à 20:18

Mon dieu que j'ai ete decu par la fin de Gantz. Rushé a mort, aucun sens, une telle attente pour pas grand chose
Pareil avec GantzG qui lui pour le coup n'avait meme pas de reelle fin

Et c'est dommage parce que le pitch de base est dement, les dessins sont magnifiques, les emotions suscitées sont mises a rude epreuve et j'ai pris un pied immense a la lecture des differents tomes
Je vais me laisser tenter par ce Gantz nouveau cru, en esperant aimer sa conclusion cette fois

GarlickJr
03/09/2021 à 17:32

Ça me fait penser à l’edition collector des Gantz Osaka en 3 tomes et son armée de Yokai. Juste magnifique

Zapan
03/09/2021 à 14:20

Toujours aussi fan de cet oeuvre. Même si Gantz G était assez moyen, la version Edo est amusante. Vivement la suite.