Goblin Slayer : le manga qui terrorise les petits gobelins

Flavien Appavou | 18 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Flavien Appavou | 18 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Les mangas de fantasy et d'aventures tirés de light novels pullulent sur le marché depuis quelques années, avec  des pitchs assez simples, à la réalisation sont parfois hasardeuse. Retranscrire un roman en manga et y ajouter du mouvement n'est pas chose facile. Pourtant Goblin Slayer prend le risque et remporte son pari. Retour sur ce titre qui tranche avec la concurrence. 

Le manga de Kumo Kagyu au scénario, Kousuke Kurose au dessin et Noboru Kannatuki pour le chara design des personnages, est assez atypique. Il cumule tous les attraits de la fantasy rajoutant un aspect plus barbare et beaucoup moins consensuel.

À la base, ce manga est tiré d'un light novel écrit par Kumo Kagyu, que l'auteur a réadapté avec l'aide du dessinateur Kousuke Kurose dans la transformation des romans en mangas.

L'histoire du manga est très simple : un aventurier se voue corps et âme à sa quête harassante d'extermination des gobelins. La raison est simple : quand il était enfant, son village s'est fait décimer par ces vilaines créatures. Sa sœur, prise au piège par ces petites vermines, a subi toutes sortes de sévices devant l'œil consterné, énervé et rageur de ce petit garçon. Depuis, il entretient une haine sans limites pour ces monstres sans cœur qu'il décide de rayer de la surface de la Terre. Dans sa quête vengeresse, il trouve des compagnons qui lui viendront en aide pour peut-être l'aider à s'épanouir de nouveau.

La chasse aux Gobelins est ouverte !

 

 

SANS FOI NI LOI

Tel un cowboy solitaire, Goblin Slayer arpente les sentiers à la recherche des gobelins pour les tuer sans aucune mesure. La mise en scène des premiers chapitres met vraiment l'accent sur la méchanceté et la dangerosité de ces créatures, dès les premières pages du manga. Mais c'est un peu comme dans toute les grosses séries de fantasy, les auteurs posent le décor dans son ensemble quitte à y mettre le paquet dans la violence, le sexe et l'hémoglobine.

On pourrait craindre que la série tombe dans le cliché facile, mais au fur et à mesure des pages, l'auteur échappe à cet écueil pour se focaliser sur le destin de son héros hors du commun. Laconique, peu enclin à la parole, toujours doté de son armure et de son heaume, ce singulier personnage est reconnaissable d'entre tous et est en même temps distant. Tantôt "humain" dans sa vie de tous les jours et tantôt démoniaque avec son œil droit rougeoyant lorsqu'il affronte des gobelins, le Goblin Slayer est duel. Et c'est avec ça que l'auteur joue. Pour rendre son personnage principal attachant, il accentue cette dualité et donne malgré lui un sens à son preux chevalier :  l'ultime quête d'identité.

 

Le Goblin Slayer, Kumo Kagyu, Kousuke Kurose, Goblin SlayerLe Goblin Sanglant

 

Dans ce massacre de gobelins, le "Crève-Gobelins" trouve aussi une rédemption à son humanité qui était censée être perdue à jamais. Vu qu'il ne fait preuve d'aucune empathie ni de sentiments, aussi bien quand il s'agit de défoncer ses pires ennemis, que quand il rencontre un autre aventurier ou voire même quand une demoiselle est en détresse. Rien n'a d'emprise sur lui tant il est mû par sa vengeance et sa solitude. Aussi bien le dessinateur que l'auteur s'amusent avec ce malheureux héros, en le mettant dans des situations embarrassantes, le tragi-comique est encore plus fort avec un personnage dénué d'émotion.

Ils enfoncent même le clou, pour qu'on ait du mal à s'identifier à lui, car le personnage n'a pas de nom, comme tous les autres personnages que nous croisons. Ils sont tous nommés par leur fonction ce qui est assez perturbant au début, mais qui rajoute aussi une touche d'originalité à ce manga. Tel un récit initiatique, le héros se fraye un chemin jonché de sang qui pourrait se rapprocher des films de western.

 

Le Goblin Slayer, Kumo Kagyu, Kousuke Kurose, Goblin SlayerUn héros prêt à tout

 

UN WESTERN SPAGHETTI

Kousuke Kurose, le dessinateur du manga s'aventure sur le terrain des films de Sergio Leone. Les plans des combats et leur dynamisme ressemblent à s'y méprendre à des scènes tirées des films comme Le Bon, la Brute et le Truand ou encore Il était une fois dans l'Ouest. 

Le découpage des scènes tantôt lent avec de gros plans sur le heaume et la pupille sanguinolente, peuvent nous rappeler de bonnes vieilles scènes tirées des westerns. Il en va de même pour la rapidité des séquences qui s'ensuivent. On est au plus prêt de l'action, le trait est net et fluide avec des temps de repos qui nous permettent de vivre intensément les échanges. Tout en nous délectant des plans américains et des coupures pour voir les gobelins joncher le sol. L'image ci-dessus l'illustre, on est dans la dynamique du western : le bras sur sa courte épée parée à être dégainée au moment fatidique. Entre la chevalerie, le western et la fantasy, il n'y a qu'un tumbleweed qui passe.

 

Planche 2, Kumo Kagyu, Kousuke Kurose, Goblin SlayerEt on sait, ce qu'il va prendre.

 

De plus, tout en prenant le temps de montrer la violence des coups, les dialogues dans ces phases sont lapidaires. Brutes et efficaces, elles ne laissent aucune place au doute. On assiste aussi parfois à des scènes plus légères pour atténuer les  déferlements de violence à venir, comme pour prendre en dérision l'urgence de la situation. Le découpage est millimétré, comme si une petite musique d'Enio Morricone venait s'immiscer dans nos oreilles. La tension monte gentiment, devient palpable pour aboutir à des scènes d'une effroyable beauté.

Trancher et marquer les esprits, c'est bien la marque de fabrique du Crève-Gobelins qui n'y va pas de main morte, comme son dessinateur qui met toute son âme dans ses dessins et son découpage au cordeau.

 

Planche 3, Kumo Kagyu, Kousuke Kurose, Goblin SlayerRedoutablement efficace

 

DONJON ET GOBELINS

Tout en prenant le pli dans les scènes d'action, mais aussi dans celles de tous les jours d'adopter les codes du western, Goblin Slayer va aussi plus loin. On est dans une œuvre de fantasy, qui assume cette carte et la joue à fond, et quitte à aller dans cette direction, autant s'attaquer à Donjon et Dragons, ce célèbre jeu de rôle qui a bercé notre enfance et qui continue de perdurer dans nos vies d'adultes aficionados. 

Kumo Kagyu, l'auteur de l'histoire originale dépeint tous ses personnages par rapport aux archétypes que l'on peut rencontrer dans ce jeu de rôle et les a tout simplement replacés dans sa littérature. On y retrouve la prêtresse humaine de lumière, qui est là pour soigner et assurer les arrières, tout en se multiclassant en évoluant. L'archère rôdeuse elfe, s'infiltrant partout et faisant preuve d'une dextérité à toute épreuve. Le prêtre draconique, qui peut aussi soigner, mais utiliser la nécromancie et se battre efficacement. Le Shaman Nain, qui est aussi au contact et qui utilise ses compétences pour faire des attaques à distances. Quant au Crève-Gobelins, il serait le guerrier humain, brute de force et efficace.

 

Planche 5 , Kumo Kagyu, Kousuke Kurose, Goblin SlayerL'équipe de choc

 

Cette équipe plutôt équilibrée mélangeant les races et les classes permet donc au héros de se forger une nouvelle identité. Comme chacun des protagonistes est clairement identifié, l'auteur s'amuse avec eux, les faisant évoluer tel que l'on ferait autour d'une table de D&D. D'ailleurs dans les dialogues, aussi bien dans le manga que dans le light Novel, chaque personnage a sa façon de s'exprimer, ce qui cause bien du tort au Crève-Gobelins qui n'est pas du tout habitué à ces excentricités. 

Chaque tome du manga nous permet d'être dans une aventure à temps complet, avec les temps de downtime (les moments où les personnages vaquent à leurs occupations et où on en apprend un peu plus sur leurs vies) et les temps de recherche et de combat dans les donjons infectés de Gobelins.

 

Planche tome 8, Kumo Kagyu, Kousuke Kurose, Goblin SlayerUn découpage en trois temps

 

UN TITRE QUI TRANCHE SEC

Pour l'instant en France, il n'y avait que 7 tomes de disponibles mais le 8e volume sort ce 18 juin. Il y a également cinq romans disponibles chez KuroPoP, ainsi qu'un prequel Goblin Slayer Year One, racontant la jeunesse assez rouge, du Crève-Gobelins. Le manga a aussi été adapté en animé et diffusé chez Wakanim avec une saison de 13 épisodes, la saison deux sortira soit durant l'automne 2020 ou début 2021. Et il a même un film !

 

Couverture Roman, Kumo Kagyu, Kousuke Kurose, Goblin SlayerL'illustration du Tome 1 du Light Novel

 

Malgré toutes les controverses qu'a pu susciter ce titre au moment de sa sortie, il est indéniable que l'œuvre au global a su emporter l'adhésion du public, le manga vendu à plus de 200 000 ex, puis l'animé ayant relancé le titre. Goblin Slayer est devenu une véritable franchise avec les prequels, les romans, les films et la série.

On pourrait lui reprocher de ne pas prendre de gants et être trop naïf dans les sentiments, notamment ceux protagonistes féminins, néanmoins, chaque personnage tire son épingle du jeu pour renforcer le sentiment d'unité autour du héros. Pendant qu'il avance dans un chemin d'obscurité, la lumière que lui portent ses compagnons lui permet enfin de redevenir humain, validant l'approche simple et frontale de l'ensemble.

Après un tome, où justement on voit le Crève-Gobelins dans une situation totalement normale, une fête entourée de ses compagnons et des prétendantes (oui, il est courtisé, mais ne s'en rends absolument pas compte). Le voici reparti dans un nouvel affrontement où les gobelins profitant des festivités espèrent s'attaquer aux villages, mais c'est sans compter les connaissances accrues de ce bon héros qui ne vit que pour les dézinguer.

Goblin Slayer tome 8 sort ce 18 juin 2020 et il est accompagné par le tome 4 de son prequel Goblin Slayer Year One.

 

Couverture Tome 8, Kumo Kagyu, Kousuke Kurose, Goblin SlayerLes gobelins vont pleurer
Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Sergent Hartman
19/11/2020 à 07:05

Tellement mauvais que j'ai arrêté au premier, ça emprunte à claymore, dragon quest, bastard mais c'est trop vu, cliché, bref rien de nouveau.

nasse
19/06/2020 à 07:26

J ai vu l animé et j ai bien aimé, en espérant une saison 2

Alco
19/06/2020 à 01:26

Lu les 4 premiers tomes, très sympa même si évidemment pas d’un niveau comparable aux classiques évoqués plus bas
Mais le manga ne se résume pas à berserk qui commence d’ailleurs sérieusement à tourner en rond

Taherl berolson
18/06/2020 à 22:27

Le volume 1 du light novel de Gobelin slayer est disponible en version livre audio sur ma chaîne YouTube : taherl berolson.

Akitrash
18/06/2020 à 17:57

J'ai essayé 5 tomes, mais qu'est-ce que c'est naze...
Lisez Berserk plutôt!

zetagundam
18/06/2020 à 16:37

Le 1er tome du light novel est divertissante, pas encore lu les volumes suivants, je n'ai jamais lu le manga et l'animé est une purge donc pour résumé rester sur la base c.à.d. le light novel

Simon Riaux
18/06/2020 à 15:30

@Netsplit

Bonjour,

Il ne s'agit aucunement de publi-rédactionnel. Le terme désigne des articles qui sont publiés par un média mais pas rédigés par lui (ce que les anglo-saxons appellent du "brand content" ou "native advertising").

Dans le cas présent et comme indiqué, il s'agit d'une oeuvre qui nous a plu, et dont nous sommes partenaires. A vous de voir si notre position vous semble ou non crédible, mais comme l'ensemble des médias culturels, nous sommes régulièrement partenaires des films/séries/BD/mangas que nous aimons. Tout est clairement expliqué dans le lien en bas d'article, pour comprendre le fonctionnement : notre avis dicte les partenariats, pas le contraire.

Quant à vous informer en début d'article, non, rien ne nous y oblige dans l'article de loi en question. Du reste, si ces questions vous intéressent, et c'est plus que légitime, il n'a pas dû vous échapper que quantité de médias passent purement et simplement outre cette disposition, ce qui n'est pas notre cas.

Shadow the Hedgehog
18/06/2020 à 15:24

@Netsplit
Vous avez raison, j'ai été informé de ce partenariat après avoir lu l'article, je souffre désormais d'un cancer.
Faites attention à ce que vous lisez sur Internet, les éléments de langage peuvent être dangereux.
Au revoir.

Netsplit
18/06/2020 à 15:16

" Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. "
C'est en fait un article publi redactionnel . De la pub donc . Et vous devez legalement en informer les lecteurs au debut de l'article .
Et non pas essayer de noyer le poisson en fin d'article avec des elements de langages .

" Quant aux opérations de native advertising menées sur Internet, elles sont encadrées par l'article 20 de la Loi de 2004 «pour la confiance dans l'économie numérique» (dite LCEN) précisant là encore que toute publicité «doit pouvoir être clairement identifiée comme telle» et «rendre clairement identifiable» l'annonceur. "

Black Walker
18/06/2020 à 14:57

Je recherchais un truc dans le genre, neuf, j'ai vu le 1er épisode de la série, j'ai abandonné à partir de là, j'aime pas les trucs pour gosses, mais l'opposé avec des viols gratuits sur des persos féminins ayant l'air d'avoir 12 ans, avec pleins de détails sadiques, non merci. Le Japon m'a habitué à ce genre de chose mais à ce niveau-là.... c'était trop.