The Old Guard : un premier tome à feu et à sang pour Glénat

La Rédaction | 7 janvier 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 7 janvier 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Nouveauté en provenance des éditions Glénat, sur le papier, The Old Guard réunit des ingrédients aussi réjouissants que connus, où s’entrechoquent guerres intemporelles, guerriers immortels et un sens du tragique remodelé par l’urgence typique des comics.

Depuis des siècles, Andromache de Scythie – « Andy » pour les intimes – et sa bande de guerriers immortels œuvrent dans l’ombre, proposant leurs services à ceux et qui peuvent se les offrir. Mais à l’ère d’internet où l’information circule tous azimuts, l’immortalité devient un secret difficile à garder. Et la routine immémoriale d’Andy et des siens bascule le jour où ils rencontrent une de leur semblable servant dans les Marines et que la vérité à propos de leur identité risque d’être révélée.

 

photoL'immortalité, cette tannée

 

Bien sûr, dès la lecture du synopsis, le cinéphile pense, non sans délice, à la saga Highlander. Toutefois, c’est à une toute autre sauce que messieurs Greg Ruka et Leandro Fernandez ont assaisonné leur récit. Mais avant de revenir aux qualités de ces deux artistes, il convient de s’attarder sur le formidable travail de coloriste de Daniela Miwa, qui confère à The Old Guard beaucoup de sa saveur.

Tout en contrastes forts et en teintes pastel étonnamment chaudes, la bande-dessinée étonne souvent par l’aisance avec laquelle elle alterne des cases plus posées, contemplatives, où la psyché torturée de nos immortels guerriers semble se répandre à même l’image, avec des séquences où le mouvement claque, la brutalité surgissant de toutes parts, sans jamais limiter la lisibilité où la force de planches composées autour d’aplats noirs très structurés.

 

photoLa mort, sa vie, son oeuvre

 

Bref, visuellement, The Old Guard arrache gentiment le squeele. Il faut dire que ces explosions et gerbes de couleurs doivent énormément au trait de Leandro Fernandez, qui devrait ici surprendre les lecteurs de la Discipline. Son soin des cadres demeurent identiques, son goût pour le découpage des silhouettes signe clairement un style passablement cinématographique, mais le travail des visages et des dynamiques qui composent l’image étonne souvent, preuve que l’artiste n’a pas fini de se renouveler.

Pour autant on aurait tort d’appréhender seulement The Old Guard par l’angle de la réussite visuelle. Pour splendide que soient de nombreux dessins, c’est aussi le sens du rythme de Ruka qui leur confère leur impact. À plusieurs niveaux, le scénariste fait montre d’une rare maîtrise. Si nous pénétrons dans ce récit de mercenaires immortels via les yeux de Nile, nouvelle recrue et élément perturbateur, c’est pour le moment Andy qui nous intéresse.

 

photoUn impitoyable sens de la (dé)composition

 

Increvable combattante, à l’existence émaillés d’autant de massacre que d’amours périmées, la guerrière maudit et chérit une mémoire qui conserve ses traumatismes pour mieux laisser s’effilocher de rares sources de réconfort. Comment choisir lesquels oublier, comment chérir ce que le temps ne peut que gâter ?

Malgré un texte forcément envahissant devant la quantité de background à traiter, Ruka fait preuve d’un art consommé de la synthèse, évoquant ici les traumas, ici les rares traces de réconfort, avec une rigueur qui confère à l’ensemble une grande fluidité. Cette harmonie est d’autant plus remarquable que le récit file à vive allure, multipliant les décors, temporalité et séquences.

 

photo Andy ne fait pas systématiquement dans la dentelle

 

L’autre idée plaisante de ce récit, c’est sa volonté évidente de dépoussiérer la figure de l’immortel, menacé non pas par ses semblables, ou quelques mythes fumeux, mais bien par un monde moderne qui vide tous les concepts de leur substance, toutes les icones de leur saveur. Voilà un point de départ riche, et particulièrement stimulant.

The Old Guard propose donc un point de départ foisonnant et prometteur, dont on espère qu’il préfigure le développement d’une mythologie déjà prometteuse. Et gageons que c'est justement la puissance de cette promesse qui a poussé Skyline (Mission : Impossible - Fallout) à mettre en chantier une adaptation cinématographique du comics.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

 

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commentaires
Number6
08/01/2019 à 12:17

C'est que j'étais quand le plus grand des magiciens qui vous a interpellé la dessous, mais effectivement, si vous êtes impartial, c'est à votre honneur. Pour le prouver, donnez une note chez glénat à power rangers, witch... Je charrie.
Merci aussi pour la critique. Et je préfère avoir une critique sur un glénat que sur urban et panini. Qui eux, à quelques variantes indépendantes prêtes, comme vertigo ou indies chez urban ou quelques Millar chez panini, ne capitalisent que sur dc ou Marvel, un peu comme delcourt avec star wars, même si ils ont je crois hellboy (merci dark horses).
Donc oui, merci pour glénat qui livre souvent des pépites et qui méritent d'être connu. Un peu comme Milady, ankama. Ouaip, le comics c'est pas que des superslip

Constantine
08/01/2019 à 00:33

Merci d’avoir pris le temps de vous expliquer, en effet vous préciser vos partenariats mais si ce que vous dites sur le milieu est vrai c’est plutôt déplorable d’apprendre que des sites pro acceptent des partenariats sans prévenir le lecteur ! C’est extrêmement malhonnête car même si l’avis d’un critique est tjrs subjectif et personne a un bon « goût absolu «  Vôtre travail est d’informer et conseiller le lecteur ( en fonction de vôtre bagage culturel supposé supérieur à monsieur tout le monde. )

Geoffrey Crété - Rédaction
07/01/2019 à 23:50

@ Constantine

Absolument aucun problème éthique. La transparence est de mise ici. Vos questions sont légitimes, c'est pour cela qu'on a créé une page qui explique tout clairement et sans détour.

Lien mis dans chaque article concerné, le revoici :
https://www.ecranlarge.com/partenariats

Notre crédibilité, notre éthique, vont bien. Car notre avis n'est pas acheté, comme expliqué dans le lien. Les partenariats sont vitaux pour le fonctionnement d'un site auquel le lecteur accède gratuitement, surtout à l'heure où les revenus liés à la pub sont si complexes. Cela n'a rien à voir avec une quelconque hiérarchie de "sérieux" - ou alors, il faudrait regarder du côté des cas de partenariats non annoncés et assumés, ce qui est malheureusement courant, jeu auquel on refuse de jouer.

Donc pour continuer de survivre, nous mettons en place ces partenariats, et l'expliquons clairement au lecteur.

Que le lecteur doute, s'interroge, c'est légitime. C'est même sain, actuellement. Nous sommes les premiers à constamment pousser le lecteur à réfléchir et penser par lui-même.

Nous ne pourrons pas lui prouver que personne n'achète notre avis. Mais puisqu'on rappelle constamment que notre avis est subjectif, ne relève jamais d'une vérité, ne vaut pas mieux que celui du voisin ; qu'on est souvent accusés d'être trop méchants ; et qu'on discute ouvertement des partenariats et avons mis en place une vraie dynamique d'échange avec nos lecteurs, sur le fond comme sur la forme : tout est en place pour la transparence et le dialogue.

Constantine
07/01/2019 à 21:14

Ne pensez vous pas qu’un « partenariat « n’est qu’une pub déguisée en critique ? D’un point de vue éthique journalistique cela ne vous dérange t’il pas ? Votre crédibilité de critique en prend un coup malheureusement ! Vous n’êtes pas un blog amateur ou un vlog sur Youtube donc ce genre de pratique est difficilement défendable ! Qu’est ce qui prouve que vos critiques sont dans d’autres cas complètement libres et indépendants sans influence extérieure ? Et quand un film /comics / manga est démonté c’est parce que l’edi ne vous paye pas ? La question peut paraître stupide mais elle est désormais légitime.