Marvel : critique d'un Silver Surfer en or

Lucas Jacqui | 18 mai 2023
Lucas Jacqui | 18 mai 2023
 

Chasse gardée de Stan Lee pendant des années, héros populaire au visuel épuré et intemporel, icône de Marvel, le Surfer d’Argent a une aura unique qui dépasse celle des bandes dessinées américaines. Et grâce à Dan Slott, Mike et Laura Allred, le héraut de Galactus a droit à un comics somptueux sur tous les plans : Silver Surfer.

 
 

across the universe

Lorsque sort Silver Surfer en 2014, le run s’inscrit dans une période où Marvel veut attirer de nouveaux lecteurs (un combat constant) en lançant des séries chapeautées par des équipes créatives inédites sous le label Marvel Now!. Ainsi, le terrain est idéal pour que la vision unique d'artistes de talents puisse réimaginer des héros plus ou moins populaires. Et cette envie de fraîcheur dans une industrie calibrée s’incarne parfaitement dans le long run du scénariste Dan Slott, de l'illustrateur Mike Allred et de la coloriste Laura Allred, l'œuvre étant réunie dans un omnibus de 688 pages par Panini Comics France.

Malgré la taille du volume, tout contribue à aspirer le lecteur dans un voyage hors-norme jusqu’aux limites de l’éternité. Dans ce récit, on retrouve donc le Surfer d’Argent, ancien messager de la mort des mondes, héraut de Galactus, possesseur du pouvoir cosmique et connaisseur incollable sur le cosmos. Ce dernier va faire la rencontre de la Terrienne Dawn Greenwood, en tout point son exacte opposée. En effet, c'est une casanière affirmée, fière de connaître de la Terre uniquement la plage en face de chez elle. Pourtant, elle va permettre au Surfer d’ouvrir les yeux sur la beauté de l’univers. Commence alors pour eux un trip galactique et psychédélique.

 

Silver Surfer : comicsLe Baffreur de Planètes

 

L’amour infini

Silver Surfer profite de son récit rocambolesque pour mettre en scènes deux âmes radicalement différentes, Silver Surfer et Dawn Greenwood. Néanmoins, les deux ont en commun l’envie simple et humaine de profiter d’un espace sans frontières pour s’amuser et se découvrir. Ainsi, le comics de Slott et Allred se vit comme une déambulation candide et enthousiaste entre les astres où un amour naît, avec ses imperfections, ses secrets et ses regrets. Cette romance spatiale est une lettre passionnée au bonheur à deux à l'écho persistant après sa découverte.

Dans ce périple, on croise des êtres cosmiques aux pouvoirs incommensurables, comme Éternité, Galactus, ou des events apocalyptiques de l'univers Marvel tel que Secret Wars (celui de 2015). Cependant, malgré ces éléments de pure science-fiction super-héroïque, Slott et Allred en reviennent toujours à la complicité imparfaite, mais magique, qui soude le Surfer et Dawn contre tous les paradoxes spatio-temporels. Leur union va défier jusqu’aux limites de l’infinie et des cases de comics – dont l’un des chapitres a reçu l’Eisner Awards (les Oscars des comics) du meilleur numéro en 2016 – dans une inventivité constamment renouvelée de Mike Allred.

 

Silver Surfer : comicsUn romantique coucher de trou noir

 

Une galaxie illuminée

Mais heureusement, l’art de Mike Allred ne s’arrête pas à un refaçonnage brillant de la lecture des planches de comics, l'illustrateur a aussi pour lui un style magnifique et particulier. On peut le comparer à un Jack Kirby modernisé, dont le trait épais peut rebuter, mais ce serait s'arrêter à la couverture du livre et manquer de plonger corps et âme dans cette aventure artistique. En effet, une fois que le Silver Surfer nous tient la main, il est juste impossible de la lâcher. Chaque nouvelle page du comics vient nous immerger un peu plus dans cette fantaisie perpétuelle, superbement mise en couleur par Laura Allred, multi-récompensée pour son travail dans ce domaine.

En plus de cet esprit solaire jaillissant de chaque case, le sens du verbe de Dan Slott fait de tous les dialogues un moment touchant et drôle. Le Surfer est attendrissant dans sa naïveté (et son premier degré) d'inhabitué aux interactions humaines et gauche dans sa façon d'aimer. Quand à Dawn, son regard émerveillé et décalé sur l’inimaginable qu’elle découvre, fait d'elle un personnage rayonnant. C'est bête, mais Silver Surfer procure un bien fou. Car cette joie communicative traverse le comics du début jusqu’à sa fin, que l’on voudrait ne jamais voir arriver.

 

Silver Surfer : comics"Around the woooorld"

 

Si le traveling d’ouverture à travers la galaxie du Dune avorté d’Alejandro Jodorowsky existait, il ressemblerait à Silver Surfer. Véritable rainbow road-trip romantique, le comics de Dan Slott, Mike et Laura Allred est unique et marquant à l’image de la rencontre entre Dawn Greenwood et le Silver Surfer.

Silver Surfer par Slott & Allred est disponible depuis le 17 mai 2023 chez Panini Comics.

 

Silver Surfer : couverture officielle

 

Résumé

 

Le format omnibus peut décourager par sa taille, mais ce serait rater l'épopée folle loin des standards de Marvel qu'offre Silver Surfer, fruit des doués Dan Slott, Mike et Laura Allred.

 
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commentaires
Birdy l'inquisiteur
19/05/2023 à 12:25

Je savais pas que le surfeur plein de pognon s'était tapé la meuf de Miraculous...

Zork
19/05/2023 à 11:31

Je suis dans une totale incompréhension (ou incapacité ?) à trouver autre chose qu'un ennui abyssal à ce run. J'ai essayé, plusieurs fois, de le lire, et chaque page m'ennuie d'une force inédite. C'est plat, l'espace est claustrophobique (un comble, quand on est censé, à travers une histoire d'amour intéressante sur le papier, voir comment l'amour fait voir l'univers à travers les yeux de l'autre !).

Le dessin est faible, Mike et Laura Allred forment - semble-t-il - un couple très sympathique, et si leur démarche est intéressante (j'avais vraiment envie de rentrer dans cet univers très "lolly-pop"), je suis j'avoue, consterné par un si grand manque de profondeur (au sens propre et figuré). Dessin plat (vos choix de cases le laissent voir - essayez juste, mentalement, d'extraire les couleurs qui détournent l'attention pour voir comme c'est sans perspective !).

Je ne suis pas nostalgique à tous crins (les histoires de Buscema ou Kirby étaient bien dessinées, mais à relire... c'est souvent pénible et plein de pathos), MAIS l'infini de l'espace était tangible !!!

Pareil pour le Surfer par Stan Lee et Mœbius : le scénar était cucul (le coup du messie christique...) et Mœbius n'en était pas très fier en soi... mais le DESSIN ! My GOD !

Même en faisant plusieurs pages par jour, son Galactus avait une armure organique, changeant à chaque plan, comme une peau mouvante, et des axes de caméra (hyper gros-plan et plans hyper-larges, perspectives forcées, points de vue de fourmi face à des dieux rôdant sur Terre...

Alors oui, c'était con-con... mais on y croyait !

25 ans après, la BD des Allred ne m'évoque que les bandes dessinées que Marvel produisaient à la toute fin des années 1970, publiées en France dans Spidey : Des histoires lisses, avec des héros Marvel dessinés pour les enfants entre 7 et 10 ans : Pas de force, pas de perspective, des couleurs marronnasses (ici contrebalancées par des effets Photoshop assez dégueu et qui n'impactent JAMAIS celles des héros posés dessus comme le pain sur la table).

Vraiment, je suis désolé de me sentir en tel décalage, et dans une telle incompréhension, face à ce qui semble pourtant réellement... faire consensus.

Trop vieux pour ces conneries ?

Il faut croire que oui.

souleater34
19/05/2023 à 09:02

Vous, vous trouvez cette réinterprétation géniale, moi je trouve que c'est une purge ridicule. Pour moi, le seul Surfer valable est le Messie Cosmique de "Big"John Buscema, le personnage le plus humain du Marvel Universe.

Flo
18/05/2023 à 13:00

Un peu sous influence "Dr Who" (l'être étrange et sa compagne)... Et de Steve Ditko en ce qui concerne Allred, plus que Kirby.

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