Batman : The Knight - critique sur les traces du Chevalier Noir

Arnold Petit | 9 mars 2023 - MAJ : 14/03/2023 05:21
Arnold Petit | 9 mars 2023 - MAJ : 14/03/2023 05:21

Avant de s'emparer de Batman dans la série régulière de DC (renommée Batman : Dark City pour l'occasion), le scénariste Chip Zdarsky (Sex Criminals, Daredevil) s'est associé au dessinateur Carmine Di Giandomenico (Flash Rebirth) pour Batman : The Knight, une histoire autour de la jeunesse de Bruce Wayne et de ses années d'entraînement avant qu'il devienne le Chevalier Noir.

BATMAN ANNÉE MOINS UN

Batman : The Knight ne raconte pas les origines de Batman ou les débuts de Bruce Wayne en tant que justicier. Batman : Année Un et Batman : l'An Zéro l'ont déjà très bien fait et Batman Begins et The Batman ont déjà très bien adapté et revisité cette histoire au cinéma.

Plutôt que de répéter le récit du garçon qui voit ses parents se faire assassiner sous ses yeux et qui dédie le reste de sa vie à combattre le crime, Batman : The Knight s'intéresse à une époque précise. Une periode qui a déjà été abordée dans quelques comics et flashbacks au fil des décennies, mais rarement explorée : celle entre la mort des parents de Bruce Wayne et ses débuts sous l’identité de Batman, quand il a quitté Gotham pour parcourir le monde et aller s'entraîner auprès de différents mentors afin de devenir le détective et le combattant le plus accompli que le monde ait connu.

 

Batman : The Knight : photoEn thérapie

 

Malgré certaines scènes qui rappellent le premier volet de la trilogie de Christopher Nolan et cette sensation familière qui se dégage du récit, Chip Zdarsky parvient à aborder l'histoire de Bruce Wayne sous un angle nouveau, en s'appuyant sur le travail des précédents auteurs pour apporter à son tour sa pierre à l'édifice consacré au Chevalier Noir.

Dans cette version définitive de l'entraînement qu'a suivi le jeune milliardaire, le scénariste livre une relecture plus torturée et plus moderne du personnage. Il aborde sa tendance naturelle pour la violence ou son statut de privilégié qu'il rejette au lieu de l'utiliser. La scène brutale où Alfred le récupère au commissariat et lui fait la leçon après avoir découvert qu'il participe à des combats clandestins face à de pauvres types prêts à tout pour s'en sortir, en est un bel exemple.

 

Batman : The Knight : photoAucune pitié

 

Hanté par la mort de ses parents, Bruce est rongé par la colère et prisonnier de ses cauchemars, qu'il tente de traiter avec des séances chez le docteur Hugo Strange. L'histoire montre que le héros avait entamé son combat contre l'injustice dès l'adolescence, en usant de méthodes parfois cruelles, et que la quête qu'il poursuit aveuglément n'est donc pas tant motivée par l'altruisme que par la vengeance.

Ainsi, plus que la formation de Bruce Wayne, l'intérêt et la force du récit se trouvent dans l'évolution du personnage. Bruce passe progressivement de bagarreur impulsif à justicier en herbe, et la narration à travers ses pensées permet d'encore mieux saisir ses motivations, ses pensées et sa transformation.

 

Batman : The Knight : photoBar Fight

 

THE DARK KNIGHT RISES

Après une introduction efficace et un premier arrêt à Paris, où Bruce apprend l'art du cambriolage auprès d'une voleuse plus âgée qui sert de clin d'oeil pas du tout subtil à Selina Kyle, le découpage de Batman : The Knight devient on ne peut plus clair : à chaque chapitre son mentor, son décor et sa sous-intrigue.

Du désert d'Arabie Saoudite aux montagnes enneigées de Corée du Nord en passant par New York, la Russie, le Canada ou la Chine, Bruce Wayne parcourt différents lieux en découvrant une technique à chaque fois (le combat, la chasse à l'homme, le tir ou encore l'espionnage). Son voyage l'amène à croiser certains personnages déjà évoqués par le passé, comme Henri Ducard ou maître Kirigi, mais aussi d'autres plus récents ou inédits.

 

Batman : The Knight : photoSur les toits de la Ville Lumière

 

Même s'il n'a pas encore son costume, Bruce se retrouve confronté à plusieurs affaires criminelles sérieuses et le scénario finit rapidement par reposer sur les mêmes ressorts que les autres, avec son lot de tueurs, de trahisons et de rebondissements. Cependant, le fait d'aborder ses premières amours, ses amitiés de jeunesse ou la mission qu'il s'impose pour honorer la promesse qu'il a faite à ses parents donne de la profondeur à cette histoire un peu trop simple.

Tandis qu'il se met à agir et à penser comme un criminel, Bruce s'interroge sur ce qu'il devient et ce qu'il devra devenir pour accomplir sa croisade, les règles qu'il devra contourner et celles qu'il refusera d'enfreindre. Le jeune homme commet des erreurs, se blesse, et sa maladresse le rend encore plus humain et attachant.

Au fur et à mesure, des éléments caractéristiques du mythe de Batman se dessinent, comme s'il suivait un chemin auquel il était prédestiné depuis cette nuit où il a perdu ses parents. Les deux auteurs font un travail admirable pour représenter la personnalité tourmentée du héros et ce qui le différencie de ceux dont il apprend.

 

Batman : The Knight : photoSaut de la foi

 

Alors que Chip Zdarksy montre que Bruce reste volontairement attaché au traumatisme de la mort de ses parents comme un masochiste, Carmine Di Giandomenico plonge régulièrement son visage dans l'ombre. Une manière d'accentuer son regard, capable d'être aussi tendre et espiègle que dur et perçant. Le dessinateur excelle dans les gros plans et son travail sur le découpage, la narration et les expressions faciales retranscrit parfaitement les émotions et les nuances de ses personnages.

Son sens du cadrage et son trait ciselé offrent des scènes d'actions dynamiques et la palette de couleurs bleues, vertes, noires et pastel d'Ivan Plascencia apporte encore plus de vie aux magnifiques paysages et décors que traverse Bruce au cours de son périple.

 

Batman : The Knight : photoJusqu'au bout du monde

 

Malheureusement, le rythme effréné des derniers chapitres et la conclusion plus que prévisible sont décevants à côté du reste. Ce parcours initiatique reste relativement classique, mais globalement plaisant au final. Chip Zdarsky et Carmine Di Giandomenico tentent de réécrire l'histoire de Bruce Wayne à leur façon, et à défaut de devenir un grand classique, Batman : The Knight peut devenir une bonne porte d'entrée au mythe de Batman à côté des autres récits sur les débuts du Chevalier Noir.

Batman : The Knight est disponible depuis le 24 février 2023 chez Urban Comics

 

Batman : The Knight : photo

Résumé

Malgré un scénario un peu trop simple et prévisible, Batman : The Knight se distingue par la modernité de son récit, la beauté de ses dessins et les nuances qu'il apporte au personnage de Bruce Wayne, qui paraît encore plus humain et attachant alors qu'il évolue du jeune homme au justicier. 

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commentaires
Match Malone
10/03/2023 à 00:46

@Akitrash : Déso mais ça n a rien a voir, Year One se passe a gotham avec le comissaire Gordon , Sélina Kyle , et ... suspense Batman.
La on parle de l entrainement de Bruce Wayne. Je sais pas si tu capte la différence

Pavel.Lupin
09/03/2023 à 22:33

Franchement le bouquin est très correct.
Certes il ne réinvente pas la poudre mais au moins il ne nous prends pas pour des benêts en nous sur-expliquant 15 fois ce que l'on voit déjà en image. Le récit s'intéresse à ses personnages et les met en scène autrement que comme des trucs bad-ass (et vide) et il n'est pas question de menace cosmique ou de fin du monde (et c'est très reposant).
Rien que pour ça la lecture vaut le coup. En plus Carmine Di Giandomenico a un style bien à lui et assez élégant (même si il dessine les mains toujours un peu trop petites).
J'espère que Zdarsky tiendra le bon cap, je croise les doigts pour qu'il s'attaque à la question des privilèges de Batman et à son rôle de gardien du statut-quo (ce qu'il avait pas trop mal réussi sur Daredevil).

Merci pour cet article.

Oblivion
09/03/2023 à 19:55

Il y a l’excellent « the Batman rise and fall » qui retrace sa formation et qui arrive à renouveler l’histoire.
Il y’a déjà 10 tome sur 12 qui sont sortis avec un compte à rebours jusqu’à ce qu’il devienne Batman

Akitrash
09/03/2023 à 19:38

@Match Malone
Bah Year One déjà...

Match Malone
09/03/2023 à 18:24

@ Zakmack : tu as des exemples de comics qui racontent les histoires de ce comics ? Parceque la je vois pas

ZakmacK
09/03/2023 à 14:05

Je pense que la jeunesse de Bruce Wayne a été trop racontée, tout simplement. Quelque soient les variations, ça tourne un peu en rond. Difficile d'apporter du neuf dans un univers surexploité depuis 80 ans.

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