DCeased : critique hors-ligne

Elliot Amor | 29 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Elliot Amor | 29 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Dans les années 2000, Robert Kirkman écrit Marvel Zombies. La série eut un énorme succès et des récits dérivés continuent de faire surface chez Marvel. En 2010, la Divine Concurrence répond avec Blackest Night, signé Geoff Johns et Ivan Reis, un des meilleurs crossovers DC. La guerre du zombie dans l'industrie des comics fait rage depuis cette époque, on vous parle aujourd'hui de l'une des plus récentes batailles : DCeased, par Tom Taylor et Trevor Hairsine.

DARKSEID OF THE MOON

DCeased reproduit le schéma de Marvel Zombies, il s'agit d'un univers parallèle quasi identique à l'univers régulier. Alors que Blackest Night déchaînait les morts sur New Earth. Si les maisons d'édition s'y prennent ainsi, c'est pour qu'on soit tristes de voir nos héros s'effondrer face à un virus ou un maléfice. Est-ce que ça marche ? Eh bien quand on sait qu'il s'agit d'un univers parallèle, pas vraiment. Il y a aussi la raison pratique, les éditeurs ont envie de voir les héros affronter des zombies, mais ils n'ont pas envie d'entamer une procédure de reboot. De plus, rien ne dit aux lecteurs et lectrices que les personnages "zombifiés" sont totalement perdus, n'importe quel twist peut faire en sorte que tout revienne à la normale.

Dans DCeased, les menaces ne sont pas des zombies à proprement parler, il s'agit précisément de « l'équation d'anti-vie », une force née sous la plume de Jack Kirby dans les années 1970. Tout d'abord, les habitants de la Terre doivent ce cadeau à ce cher Darkseid qui a capturé Victor Stone, alias Cyborg, pour effectuer quelques expériences sur le pauvre bougre. Le seigneur d'Apokolips parvient à ses fins, il injecte l'équation d'anti-vie à Cyborg, faisant de lui le patient zéro, et le renvoie sur Terre. Arrivé à Metropolis, il se connecte automatiquement à Internet et infecte le réseau mondial.

 

photoLe Snyder Cut, tel qu'on essaie de nous le vendre.

 

Le scénariste Tom Taylor ne cherche pas vraiment à justifier la façon que le virus a de se propager. Toute personne qui regarde l'écran d'un smartphone, d'un ordinateur ou d'un téléviseur peut aller sur la chaîne YouTube d'Ecran Large devient un zombie qui ne cherche qu'à propager la mort. Personne n'échappe à cette règle, pas même les super-héros. Libre à vous d'y voir une critique de la société accro aux écrans et dépendante de la technologie. Nous, on préfère y voir un simple prétexte pour intégrer des zombies au multivers DC.

Toute la promo de la run est basée là-dessus, on n'a donc pas peur de vous dire que le trio légendaire Batman, Superman et Wonder Woman sera tôt ou tard sous l'emprise de l'équation. La fin du premier chapitre ose infecter l'un des trois et il faut avouer qu'on se sent mal de voir un des meilleurs éléments de la Justice League sombrer dans les ténèbres. Surtout quand on se dit que la tragédie était facilement évitable.

 

photoC'est donc ça, la génération Y.

 

BATMORT, SUPERMORT ET WONDER MORTE

N'ayez crainte, les zombies de DCeased ne sont pas comme dans les films de George A. Romero, ils sont aussi vifs que les vivants et vous sautent dessus au moment opportun. N'oublions pas qu'ils sont contrôlés par une équation d'anti-vie dont l'objectif n'est pas de se nourrir, mais de détruire toute forme de vie pensante dans la galaxie. On peut faire le lien avec l'Œil de Futures End, mais on peut surtout se réjouir de ne pas avoir affaire à des zombies qui déambulent bêtement et courent vers le moindre bout de chair humaine. Ici, les morts-vivants agissent de façon réfléchie et s'écartent parfois des combats pour mieux préparer leur attaque.

Cela mène évidemment à un véritable Armageddon durant lequel les forces en présence ne se contentent pas d'assommer leurs adversaires. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, le chapitre final n'est pas le seul à être spectaculaire. L'ensemble du récit ne se dirige pas beaucoup vers le survival horrifique, et à vrai dire, c'est plutôt logique et beaucoup plus plaisant à lire. Il y a en revanche un chapitre dont le protagoniste est John Constantine. Ce chapitre ressemble plus à une comédie (qui ne nous fait pas pour autant oublier la situation désespérée), mais surtout, il nous tease une suite ou un spin-off qui tournera autour de Constantine, Dr. Fate et Zatanna.

 

Release the KrakenL'armée des Aquamorts

 

A CURE FOR ANTI-LIFE

Sans forcément être fan des dessins de Trevor Hairsine, il faut avouer que son style se prête très bien au récit. Le côté irréaliste du dessin crée une vraie notion de tourment chez les personnages qui se transforment contre leur gré en marionnettes de l'équation.

En effet, au moment de l'infection, la victime essaie de s'arracher le virus de son crâne avec ses ongles. C'est gore, c'est triste, et bizarrement, on aime. Et ce style tourmenté s'accorde aussi très bien avec les versions zombifiées de certains personnages, notamment un membre des Green Lantern Corps ainsi que le dernier représentant d'une espèce extraterrestre qu'on ne citera pas. Le gros bémol avec le crayon de Trevor Hairsine, ce sont les gros plans sur les visages, en particulier dans certaines planches pleines d'émotions.

 

photoTrou de mémoire

 

Le style de Hairsine est également à la hauteur lorsque les héros, zombies ou non, utilisent leurs pouvoirs à pleine puissance. Et ça arrive souvent, car Tom Taylor n'a pas envie de nous ennuyer. Il pense à ajouter de nombreux moments amusants comme celui où Harley Quinn part faire sa vie avec Poison Ivy. Ces dernières créent une forteresse végétale à l'abri des zombies dans Gotham (parce que pourquoi pas ?), on a aussi une nouvelle Green Lantern qui exploite son nouveau pouvoir à merveille.

Sans oublier que la narratrice de DCeased est Lois Lane, une des meilleures journalistes du Daily Planet. Cela explique notamment pourquoi l'intrigue tourne beaucoup autour de Superman. Elle construit un récit qui essaie de donner de l'espoir à son fils Jon et à son meilleur ami Damian, le fils de Batman. Quoi qu'il en soit, lorsqu'on termine DCeased, on sait qu'on en veut encore, on espère grandement un lien avec l'univers régulier de DC Comics. Pour nous faire patienter, on peut se plonger dans DCeased: Unkillables dont le premier numéro est sorti en VO.

 

Cover VF

Résumé

Si vous souhaitez lire un comics plus intéressant que Marvel Zombies mais moins bien que Blackest Night, si vous aimez le désespoir, la mort et les punchlines de Green Arrow, DCeased est fait pour vous. Vous pourrez trouver cette œuvre zombiesque aussi drôle que déchirante. Mais tout de même, ce n'est pas la run qu'on vous conseille si vous voulez faire découvrir les comics à votre enfant de sept ans.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
commentaires
Flo
07/03/2020 à 11:02

...j'aurais pu croire que l'Équation Anti-Vie serait plus synonyme de servitude docile et sans aucune personnalité, plutôt que de zombisme agressif.
Un truc à la "Invasion des Profanateurs", avec peu d'action mais plus de discours flippants, ça aurait eu plus de gueule, non ?

UrameshiJonathan
29/02/2020 à 21:02

Bonsoir,dès la sortie du tome 0,j ai lu du début à la fin à la fois passionné et surtout triste à la dernière page.
L histoire est vraiment bien.
De voir les membres de la ligue vulnérables face à ce fléau.
J ai coulé une larme.

Green arrow
29/02/2020 à 14:04

Une bonne surprise que ce Dceased de Tom Taylor qui revisite le thème de l'infection zombie. L'auteur, comme Kirkman dans Marvel zombie, ne s'attarde pas trop sur les causes de cette pandémie. Nous savons juste que c'est par Cyborg que le virus a contacté internet et les réseaux sociaux... D'un point de vue scientifique, je ne vois pas comment un tel virus peut se propager à l'échelle planétaire, simplement en regardant son portable ou un écran d'ordinateur. Mais ce n'est pas le vraisemblable qui intéresse Taylor, mais les relations entre les personnages, notamment les familles de Superman et Batman, confrontés à ce virus. Sur le plan métaphorique, Taylor dénonce les dérives des réseaux sociaux (cf. l'affaire Milla) qui peuvent embraser les cœurs et enflammer les débats. Dans cette triste époque ou nous vivons, on est prêt à s'entretuer à cause de nos opinions ou à cause de nos désaccords. Nous n'avons guère évolué depuis le Moyen âge où l'on peut vous brûler sur un bûcher parce que vous avez un avis différents de la classe dirigeante, l'église catholique qui a créé le Tribunal de l'inquisition. Je trouve donc que le Dceased de Tom Taylor particulièrement pertinent dans notre société sur-mediatisé où des citoyens lambda sont prêts à s'entretuer à cause de leurs divergences d'opinion.Et toute cette haine a commencé sur les réseaux sociaux.

votre commentaire