Test Call of Duty : Modern Warfare II - mission accomplie pour le nouveau jeu d'Activision ?

LA GUERRE DES CARTELS

Parce qu'il est la suite d'un titre ayant redonné ses lettres de noblesse à la licence et parce qu'il reprend le nom d'un opus considéré par beaucoup comme un des meilleurs de la série, Call of Duty : Modern Warfare II était doublement attendu. Avec ce nouveau jeu, Activision annonçait vouloir faire entrer Call of Duty dans une "nouvelle ère", aussi bien graphiquement qu'au niveau de la narration ou du multijoueur, qui serviront de bases aux futurs projets.

Toutefois, s'il est prenant et novateur sous plusieurs aspects, ce nouveau Call of Duty : Modern Warfare II n'est ni à la hauteur de son prédécesseur de 2019 ni de son illustre homonyme de 2009, et se contente (pour l'instant) du minimum. En l'état, la promesse n'est qu'à moitié tenue, à commencer par la campagne, qui se déroule trois ans après les événements du premier volet et qui génère une première frustration.

Ghost, encore plus charismatique qu'avant

Tandis que le capitaine Price, Ghost, Gaz et Soap reprennent du service pour empêcher une nouvelle catastrophe mondiale, le joueur ou la joueuse voyage à travers le Mexique, l'Espagne ou Chicago dans une histoire impliquant un terroriste iranien, des missiles américains volés, un cartel de drogue et une société militaire privée.

Par rapport à Call of Duty : Modern Warfare, qui étonnait par sa noirceur et son réalisme, le scénario de cette suite est affreusement classique et prévisible. En s'intéressant aux liens entre les membres de la Task Force 141, le récit se veut plus intimiste, mais la campagne est incapable de caractériser ses personnages ou d'avoir seulement des dialogues crédibles.

Plutôt que d'approfondir les questions morales que le volet précédent posait, le jeu préfère revisiter le passé et miser sur le fan-service : Soutien aérien est une nouvelle version de La mort vient du ciel, Eaux placides reprend la scène du cargo d'Équipage sans importance (mais avec les conteneurs qui bougent cette fois), Reconnaissance clandestine est un triste hommage à Camouflage et plusieurs opérations d'infiltration et d'élimination en vision nocturne sont calquées sur Coupure et Grand Nettoyage.

Déjà vu

TRAVAIL D'ÉQUIPE

Call of Duty : Modern Warfare II fait pourtant plusieurs efforts pour innover. Certains passages offrent plus de liberté avec l'environnement en permettant aux joueurs et aux joueuses de nager ou de choisir entre une approche discrète ou brutale grâce aux objets qui se trouvent dans leur sac à dos. D'autres s'inspirent même d'autres jeux, avec une mission sous couverture ressemblant à Hitman, une course-poursuite hallucinante à la troisième personne qui pourrait être tirée d'Uncharted et un aspect survivaliste semblable à The Last of Us dans lequel il faut fabriquer des armes de fortune à partir de matériaux et d'outils.

Malheureusement, s'ils renouvellent le gameplay et amènent de la diversité sur le plan du level design ou des déplacements, avec la possibilité d'escalader les murs ou de plonger en pleine course comme dans Call of Duty : Black Ops, ces ajouts n'interviennent que dans une ou deux séquences et certains finissent par casser le rythme. L'intelligence artificielle a été légèrement améliorée, mais les ennemis qui tentent d'être plus malins en contournant les obstacles sont rares à côté de ceux qui tirent mécaniquement en restant statiques. Par conséquent, le récit avance sur un rythme bancal, avec 17 missions différentes qui s'enchaînent sans trop de cohérence.

Bienvenue aux États-Unis !

En revanche, s'il ne sait pas quoi raconter, Call of Duty : Modern Warfare II est époustouflant d'un point de vue technique. Les cinématiques en motion-capture sont encore plus réalistes, le travail sur les textures, l'éclairage et les ombres est impressionnant, notamment pendant les missions de nuit, et la mise en scène continue de puiser dans l'action hollywoodienne pour concevoir des scènes toujours aussi spectaculaires. Les armes sont aussi précises que percutantes, de la modélisation au bruit en passant par le recul (qui se ressent encore mieux sur la manette DualSense de la PS5 avec son retour haptique et ses gâchettes adaptatives).

Chaque décor possède un niveau de détail ahurissant et une courte phase d'espionnage dans les rues d'Amsterdam illustre toute la beauté et la puissance du nouveau moteur graphique développé par Infinity Ward, Treyarch et Sledgehammer Games. À défaut de proposer un scénario mythique ou captivant en six heures, Call of Duty : Modern Warfare II est sans doute un des FPS les plus immersifs et les plus aboutis visuellement, et avec ses trois missions, le mode coopération prolonge agréablement l'expérience avant de se frotter au multijoueur.

Amsterdam, encore mieux qu'en photo

COMME AU BON VIEUX TEMPS

Le multijoueur reste le nerf de la guerre de chaque Call of Duty, et Call of Duty : Modern Warfare II marque aussi un renouveau à ce niveau, puisque pour la première fois depuis 2005 et la sortie de Call of Duty 2, la licence rompra avec sa tradition de sortir un jeu chaque année en 2023 et ne pourra plus compter que sur cet opus et Call of Duty : Warzone 2.0 pour occuper les fans pendant deux ans.

À première vue, le multijoueur de Call of Duty : Modern Warfaire II ressemble à une version améliorée de son prédécesseur, mais avec quelques différences notables. Si les sensations sont aussi stimulantes que sur n'importe quel Modern Warfare, les mouvements sont plus lourds, plus lents, ce qui rend le gameplay moins frénétique que dans les derniers jeux, mais pas moins nerveux pour autant.

La glissade dure moins longtemps et ne permet plus de viser en même temps. Le plongeon, la nage et l'escalade apportent du dynamisme et de nouvelles mécaniques de jeux dans les modes à objectifs, qui sont plus portées sur la stratégie, mais les défauts de la campagne se retrouvent dans le multijoueur.

Comme un air de 13 Hours

Les 12 cartes disponibles au lancement du jeu n'exploitent quasiment jamais ces nouveaux éléments, hormis Zaqwa Hydroelectric et ses tunnels sous-marins. La plupart d'entre elles sont conçues sur le même modèle et certaines ressemblent même à d'anciennes cartes des premiers Modern Warfare : Al Baghra Fortress évoque clairement Showdown, Mercado Las Almas est un nouveau Favela et Farm18 peut être vu comme un mélange entre Vacant et Shipment (qui s'ajoutera aux autres avec Shoot House lors de la première saison). Et même si elles sont holies, aucune n'est aussi mémorable que Crash, Strike ou Terminal.

Malgré quelques bugs pendant le chargement des lobbies, le matchmaking est extrêmement efficace. Si bien que les parties s'enchaînent souvent trop rapidement pour laisser le temps de souffler ou de modifier sa classe avant le prochain match.

Le controversé SBMM (Skill Based Matchmaking, qui regroupe les joueurs et les joueuses d'un même niveau dans une partie) est encore présent et permet d'apporter un équilibre entre les débutants et les plus expérimentés, mais implique aussi que celles et ceux qui ont plus de maîtrise peuvent être frustrés d'être obligés de maintenir un niveau de jeu élevé à chaque partie. 

Seulement deux atouts en jeu et l'atout "bonus" et "ultime" s'activent ensuite

Concernant la création de classe, au-delà du fait que les menus et la navigation sont absolument infâmes, il y a évidemment quelques nouveautés parmi les équipements mortels, tactiques et les séries d'éliminations, mais les atouts ne fonctionnent plus de la même façon, même s'ils restent les mêmes : au lieu d'en avoir trois ou quatre d'emblée, seulement deux atouts sont disponibles en début de partie, tandis que les deux autres se déverrouillent en cours de jeu (et encore plus vite en tuant des ennemis ou en gagnant des points). De quoi encore un peu plus équilibrer les chances et inciter les joueurs et les joueuses à jouer l'objectif.

L'autre changement majeur se trouve du côté de l'armurerie et de la personnalisation de l'arsenal : des armes et des accessoires continuent d'être débloqués au fur et à mesure, mais chaque arme appartient désormais à un arbre qui permet d'en déverrouiller d'autres et les accessoires et les camouflages gagnés sur l'une d'entre elles s'adaptent aussi sur les autres maintenant.

Par exemple, il faut jouer avec la M4 pour débloquer la 556 Icarus et la monter jusqu'au niveau 13 afin d'accéder à la M16, qui aura d'office les accessoires et les camouflages obtenus sur la M4 ou la 556 Icarus. Certains trouveront ce nouveau système contraignant quand d'autres estimeront qu'il amène de la diversité et un challenge supplémentaire en encourageant les joueurs et les joueuses à utiliser des armes dont ils n'ont pas forcément l'habitude ou qu'ils n'auraient jamais essayé.

Les menus de Call of Duty : Modern Warfare II, une certaine idée de l'Enfer

NIVEAU 1

Aux traditionnels Match à Mort par Équipe, Recherche & Destruction, Domination, Point Stratégique, Élimination confirmée et Guerre Terrestre s'ajoutent plusieurs nouveaux modes de jeux : Libération de Prisonniers, dans lequel une équipe doit libérer des otages comme dans Counter Strike ; Moshpit à la troisième personne, qui réunit différents modes de jeux dans des affrontements à la troisième personne ; K.O., un mode sans réanimation où le but est de tuer tous les adversaires ou de garder un sac d'argent en main pendant une minute sans mourir ; et enfin Invasion, un affrontement à grande échelle semblable à la Guerre Terrestre, mais sans points à sécuriser et avec des bots en plus des autres joueurs.

Dans l'ensemble, ces nouvelles propositions sont intéressantes, mais ne sont jamais aussi amusantes ou convaincantes que la Démolition ou le Jeu d'Armes de l'époque et finissent par lasser à côté des modes plus classiques, toujours aussi plaisants (selon l'état de sa connexion et la propension des adversaires à camper). Le mode hardcore, renommé "niveau 1", n'est disponible qu'en partie privée pour le moment, mais fait parti des nouveautés annoncées et impatiemment attendues pour le 16 novembre avec la première saison et le lancement de Call of Duty : Warzone 2.0.

Chaud devant !

C'est d'ailleurs le reproche principal qui peut être fait au multijoueur : le manque de contenu. Les prestiges n'étant disponibles qu'à partir de la mise à jour du 16 novembre, la progression s'arrête au niveau 55 et le seul défi posé par le jeu est de débloquer le reste des camouflages, des armes et des accessoires. Une récompense que certains iront chercher dans une "Ruée vers l'or" (un challenge personnel qui consiste à débloquer tous les camouflages en or sur toutes les armes), mais qui ne concerne qu'une certaine partie des joueurs et des joueuses.

En définitive, le multijoueur de Call of Duty : Modern Warfare II est plus que satisfaisant et possède un réel potentiel qui va continuer de se révéler avec Call of Duty : Warzone 2.0, mais le jeu doit corriger ses bugs, s'étoffer et se forger une identité au lieu de se reposer sur ses acquis ou de ressasser le passé. Ça tombe bien, Activision et Infinity Ward ont deux ans devant eux pour trouver de nouvelles idées et l'améliorer.

Ce test a été réalisé sur PlayStation 5 à partir d'un code fourni par l'éditeur. Call of Duty : Modern Warfare II est disponible depuis le 28 octobre 2022 sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series.