The Legend of Zelda : Skyward Sword HD - test sur le chemin de la rédemption

Antoine Desrues | 30 juillet 2021
Antoine Desrues | 30 juillet 2021

Alors que le monde entier attend impatiemment Breath of the Wild 2, Nintendo a voulu la jouer taquin en proposant en guise d'amuse-bouche le remaster de The Legend of Zelda: Skyward Sword, soit l'un des épisodes les plus clivants de la franchise. Une idée a priori suicidaire, mais qui propose au final une relecture nécessaire pour un jeu un peu trop en avance sur son temps...

Son nom, il le signe à la pointe de l'épée...

Si la prédominance des remakes et autres remasters de jeux fleure bon la fainéantise d'une industrie prenant de moins en moins de risques, il faut néanmoins reconnaître qu'elle permet d'offrir un socle idéal à des jeux qui en ont parfois besoin. Après tout, les plus grands chefs-d’œuvre du dixième art ne sont-ils pas ceux qui, en cherchant à sortir des sentiers battus, ont poussé dans leurs retranchements les capacités techniques de leur support ?

Par exemple, si la poésie de Shadow of the Colossus frappe encore en plein cœur, c'est en partie grâce à l'ambition de son level design ouvert, qui a néanmoins coûté au jeu sa tenue assez précaire sur une PS2 prête à cracher ses circuits. Aujourd'hui, difficile de s'imaginer replonger dans l'aventure mythique de Fumito Ueda avec son framerate à la ramasse, quand on peut profiter de son génie dans de bien meilleures conditions avec le remake conçu par Bluepoint.

 

photoEn avant les histoires !

 

Dès lors, au moment où Nintendo a annoncé la ressortie de The Legend of Zelda : Skyward Sword dans une version augmentée et repensée pour la Switch, il semblait évident que l'éditeur allait offrir à cet opus bâtard et mal-aimé un second souffle bien mérité. Sorti en 2011 sur une Wii en fin de vie, ce volet particulier des aventures de Link a clairement affiché une quête de renouveau, le plus explicitement symbolisé par un gameplay faisant appel au motion-control de la Wiimote.

Problème, face aux capacités très limitées de la console familiale de Nintendo, Skyward Sword n'a cessé de faire des allers-retours et des concessions dans son processus, résultant en une progression à la fois linéaire et segmentée, souvent plombée par un rythme en dents de scie et une jouabilité pas toujours intuitive.

Pour autant, derrière ses travers évidents, qui l'ont amené à devenir l'un des épisodes les plus controversés de la saga, Skyward Sword possède les traces d'un grand jeu, à commencer du côté de sa sublime direction artistique, jouant avec malice de ses limitations techniques au travers de textures pastel tout droit sorties d'une toile impressionniste. Une bien belle manière de camoufler au mieux l'aliasing persistant du titre, tout en s’accordant à merveille avec un récit prenant place loin d'une terre envahie par le Mal, sur des îlots perdus au-dessus des nuages dont le sublime désarmant n'aurait pas été renié par Caspar David Friedrich.

 

photoCe rêve rouge vermeil

 

… d'un Z qui veut dire Zelda !

Or, dès les premières minutes, il est évident que la version Switch et sa caution haute définition apportent une plus-value à cette démarche. Avec ses lignes plus définies et ses jeux d'ombre et de lumière plus contrastés, Skyward Sword révèle le plein potentiel de ses visuels, tout en conférant à l'ensemble une clarté bienvenue dans des cadres semblant moins fouillis. Cette bonne surprise s'accompagne d'ailleurs d'un gameplay refaçonné et bien plus permissif. Si le motion-control efficace des Joy-Con donne rapidement l'impression grisante de contrôler les mouvements de Link avec son épée, cette nouvelle mouture a enfin l'occasion de corriger les manquements de sa grande sœur, comme l'impossibilité de contrôler la caméra à cause de l'absence de joystick sur la Wiimote.

Mais surtout, les équipes de Nintendo ont fait des choix plutôt convaincants pour s'adapter aux différentes jouabilités de la Switch. Le passage du mode docké à portable se fait sans trop de soucis, quand bien même ce dernier se révèle finalement moins plaisant que les grands gestes ridicules requis avec les Joy-Con. D'un côté, on saluera l'envie du jeu de ne pas trahir son ambition originelle dans les combats par une simple pression de touche. De l'autre, la gestion de la Mastersword par le joystick droit tend à se montrer confuse, puisque c'est avec ce même joystick que le joueur manipule la caméra.

 

photoPar le pouvoir de l'érection !

 

Ces quelques imperfections d'ergonomie, si elles ne sont pas des plus gênantes, reflètent néanmoins la nature engoncée de Skyward Sword, dont la richesse (le trop-plein ?) du gameplay a tendance à faire partir le titre dans tous les sens. Un paradoxe quand on sait à quel point le jeu a longtemps été critiqué pour la fermeture de ses niveaux, vaguement reliés par un hub central à la manière de The Wind Waker. Cette fois, Link troque la mer et son fidèle bateau pour une monture volante (le célestrier) lui permettant de passer du magnifique village de Célesbourg à des portails vers la terre ferme.

À vrai dire, malgré l'artificialité vite redondante de ces phases de vol, Skyward Sword amène grâce à elles des envolées lyriques dans lesquelles on se plaît à se perdre, surtout lorsqu'elles sont scandées par la musique angélique de Koji Kondo et Hajime Wakai. Au final, après une introduction quelque peu laborieuse, le jeu éclot pour dévoiler toute la précision de son level-design, et surtout l'inventivité de ses donjons, qui exploitent au mieux l'interactivité du motion-control et les nombreux objets à la disposition de Link.

 

photoDes donjons souvent bien pensés

 

Du coup, Skyward Sword HD est-il la réinvention tant espérée d'un jeu incompris ? Oui et non. En réalité, si cette version se révèle bien plus agréable à prendre en main que son aînée, elle s'impose surtout comme une expérience rétro fascinante, condensant à la fois les acquis de sa franchise et les promesses de son avenir. Ainsi, cet épisode à part trouve dans cette relecture sa véritable place. Pas celle d'un chef-d’œuvre maudit, mais de brouillon nécessaire pour marquer la transition vers la révolution Breath of the Wild.

Avec son déroulé bien plus fluide que sur Wii (notamment grâce aux interventions moins invasives de Fay, l'esprit qui épaulera Link dans son aventure en servant de tutoriel ambulant), ce remaster dévoile des rêves de grands espaces, ainsi qu'un gameplay débrouillard et en constante évolution. Si sa principale tête pensante, Hidemaro Fujibayashi, a eu l'occasion de transcender ces idées dans l'opus mythique de 2017, Skyward Sword est déjà émaillé de propositions fondatrices pour le futur de la saga, à commencer du côté de son récit profondément mélancolique.

Bien qu'il n'ait pas autant de panoramas remplis d'histoire comme Breath of the Wild, le jeu a la merveilleuse idée de présenter Link et Zelda comme des amis d'enfance, de jeunes élus voués à sacrifier leur bonheur ensemble pour la survie du monde. Un parti-pris touchant, éminemment en accord avec une œuvre définie par sa tendre fragilité.

 

photo

Résumé

Plus beau et plus fluide, The Legend of Zelda : Skyward Sword HD est bien le remaster idéal pour (re)découvrir un épisode mésestimé de la saga d'aventure. Certes, le titre souffre toujours d'un certain déséquilibre rythmique et de sa nature segmentée, mais il gagne désormais à être perçu comme un prélude aussi touchant qu'imparfait à Breath of the Wild. Un joli moment d'histoire vidéoludique !

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Lecteurs

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commentaires
Micropoint
05/08/2021 à 22:12

Bande de petits caca, vous n'auriez même pas le droit de tester un Zelda selon moi

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